Pierre Cuny aimerait que les impôts des télétravailleurs servent au développement de projets frontaliers, comme un RER entre Nancy et Luxembourg, par exemple. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Pierre Cuny aimerait que les impôts des télétravailleurs servent au développement de projets frontaliers, comme un RER entre Nancy et Luxembourg, par exemple. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

En prélude au second tour des élections municipales de dimanche en France, Paperjam évoque les enjeux transfrontaliers avec les candidats en lice à Metz et Thionville. Pierre Cuny, maire sortant de Thionville, plaide pour une fiscalité partagée, plutôt qu’une rétrocession pure et dure.

Maire de Thionville depuis le décès d’Anne Grommerch en 2016, Pierre Cuny est arrivé en tête du premier tour des élections municipales le 15 mars dernier avec 32,39% des voix. Ancien membre des Républicains, il mène une liste sans étiquette de centre droit, Thionville au cœur. Le candidat, également président du Sillon lorrain, fait le point sur son programme concernant les travailleurs frontaliers, soit près de 45% des habitants.

Comment répondre au mieux aux problématiques des frontaliers?

Pierre Cuny. – «Quand j’ai pris mes fonctions, j’ai tout de suite vu le potentiel que Thionville avait, en travaillant main dans la main avec le Luxembourg. J’ai rencontré à plusieurs reprises  (Déi Gréng),  (DP),  (DP), à titre informel. Ce qui est clair, c’est qu’il faut maintenant qu’on passe à l’étape suivante, en rentrant dans une dynamique de développement harmonieux. Il faut qu’il y ait un équilibre, on ne peut pas avoir une métropole qui absorbe toute la main-d’œuvre et désertifie le territoire autour.

Est-ce que cela passe par la rétrocession fiscale?

«Ce n’est pas mon objectif. Ce que je propose, c’est une fiscalité partagée. Aujourd’hui, elle retombe dans les caisses de l’État français après le 29e jour de télétravail. Il faut étendre le télétravail à 56 jours par an, et il faut que les impôts prélevés entre le 29e et le 56e jour soient partagés entre les deux pays pour des projets frontaliers. Par exemple, je plaide pour un RER entre Nancy et Luxembourg. On pourrait aussi imaginer une fiscalité qui permette aux entreprises luxembourgeoises de venir s’installer en France.

Pourquoi ne pas généraliser cette mesure au-delà de 56 jours?

«56 jours correspondent à 25% du temps de travail. Au-delà, la fiscalité sociale est prélevée en France. Ce qui pose un problème du côté luxembourgeois: ils n’auraient plus de fiscalité pour animer leurs hôpitaux, ce n’est pas possible. De plus, je pense qu’au-delà de deux jours par semaine, il y a un risque fort de déconnexion par rapport à son entreprise.

Je suis un adepte du télétravail, mais je le conçois plus dans des centres de télétravail qu’à domicile. À Thionville, nous avons créé un centre spécifique.

Le taux d’imposition serait celui de la France ou du Luxembourg?

«Ce sont des discussions entre États.

Le télétravail pourrait aider à désengorger l’autoroute. Est-ce suffisant, ou faut-il poursuivre le projet de l’A31 bis?

«Il faut le faire, parce qu’on est dans le deuxième corridor le plus important d’Europe. Ce n’est pas parce qu’on va faire la troisième ou quatrième voie qu’on va solutionner le problème des 60.000 usagers supplémentaires dans les 10 ans. Mais il faut la faire, c’est une nécessité, et jouer sur l’amplification du TER, l’augmentation du trafic routier au travers d’une troisième voie, du télétravail et du covoiturage. Je vous parie qu’avec tout cela, dans 10 ans, ces problèmes de mobilité seront nettement atténués.

Justement, comment développer le covoiturage?

«C’est une impulsion forte à faire au niveau des entreprises. Nous travaillons à Thionville sur une application pour le développer sur le territoire.»