Michel-Edouard Ruben, senior economist à la Fondation Idea et Serge Allegrezza, directeur du Statec. (Photo: Maison Moderne)

Michel-Edouard Ruben, senior economist à la Fondation Idea et Serge Allegrezza, directeur du Statec. (Photo: Maison Moderne)

Le PIB, indicateur économique incontournable? Michel-Edouard Ruben, senior economist à la Fondation Idea, et Serge Allegrezza, directeur du Statec, livrent leur point de vue.

«Il y a des ‘failles’ connues et les indicateurs socio-écologico-soutenables ne manquent pas», selon Michel-Edouard Ruben, senior economist à la Fondation Idea.

Ni oui, ni non, bien au contraire, quoique peut-être. C’est ma meilleure réponse à cette question. Le PIB, que certains médisants considèrent comme un produit intérieur bancal, ne mérite pas, selon moi, toutes les critiques qui lui sont régulièrement adressées.

Parce qu’on ne le dira jamais assez, je rappelle que le PIB est là avant tout pour mesurer la production effectuée sur un territoire donné. Il remplit plutôt bien cette fonction grâce à la sagacité des comptables nationaux qui, entre critiques acerbes de personnes qui ne maîtrisent pas toujours le sujet des comptes nationaux, obligation de prendre en compte des activités illégales, nécessité de considérer le renouvellement rapide sous des formes de plus en plus variées des biens et services, essor de l’économie numérique, difficultés à localiser la valeur ajoutée ou à indirectement mesurer les services d’intermédiation financière, n’ont pas un travail facile.

Mais ils arrivent quand même à renseigner le PIB, qui continue d’être un bon thermomètre et à qui on reproche régulièrement de ne pas être une boussole. Non, le PIB n’est pas une mesure du bien-être qui, soit dit en passant, n’est pas à confondre avec le bonheur. Oui, le PIB ne tient pas compte des facteurs environnementaux, du niveau d’inégalité, des dettes implicites, du niveau de santé, du travail domestique, etc. Mais il s’agit là de «failles» connues et les indicateurs socio-écologico-soutenables ne manquent pas.

Il suffit de piocher dans les objectifs de développement durable de l’Onu, qui se déclinent en pas moins de 169 cibles. Bref, vive le PIB pour ce qu’il est: un indicateur imparfait de performance économique très utile pour le diagnostic et la régulation économique, le dénominateur de référence pour d’autres grandeurs macroéconomiques, et un numérateur incontournable quand on s’intéresse au niveau de vie dans certains pays.

«Ce n’est guère un problème pour qui sait en faire bon usage», selon  Serge Allegrezza , directeur du Statec.

Le produit intérieur brut (PIB) est un indicateur essentiel, indispensable, incontournable.

Le PIB est une statistique omniprésente dans les médias dans le monde entier. Comme on n’explique que rarement son mode de calcul, le produit intérieur brut acquiert un statut magique. Le PIB est décrié par les uns comme symbole de l’hubris humaine, le «toujours plus» de la société de consommation et du spectacle; il est porté au pinacle triomphalement par les autres, comme étalon ultime de toute performance économique.

Qu’est-ce que le PIB? Simplement, il comptabilise la valeur (ajoutée) de la production dans un espace à un moment donné. Les hommes et les femmes qui travaillent dans les entreprises, associations, institutions ou administrations créent des biens et des services qui produisent de la valeur (exprimée en euros). La production donne lieu à la distribution de revenus (profit, salaire, intérêt) et à des dépenses (consommation, investissement).

Le PIB n’est que le versant productif du circuit économique, social, écologique. On entend plus rarement parler de l’évolution de l’investissement et de la consommation, du revenu des ménages et des profits des entreprises, qui sont la contrepartie du PIB. Le Statec publie un PIB élargi, le «PIBien-être», qui reflète aussi les dimensions sociales et écologiques qui marquent le développement du pays.

Certes, il y a moyen d’améliorer la qualité du signal PIB, malmené dans un petit pays dominé par des multinationales imbriquées dans des chaînes de production globalisées. D’où une volatilité certaine et d’agaçantes révisions des chiffres publiés. Ce n’est guère un problème pour qui sait en faire bon usage et prendre les statistiques avec des pincettes. À lire absolument:  sur l’utilité indiscutable du PIB.