Si la chenille devenant papillon quitte le nid début juillet, elle y laisse ses poils qui demeurent dangereux au moins une année (Photo: Shutterstock)

Si la chenille devenant papillon quitte le nid début juillet, elle y laisse ses poils qui demeurent dangereux au moins une année (Photo: Shutterstock)

Face à la vague de démangeaison urticante de ces derniers jours attribuée à la printanière chenille processionnaire du chêne, les pharmacies sont sous tension, mais continuent à fournir les médicaments.

«Je n’ai jamais vu cela de toute ma carrière», résume Alain de Bourcy, le président de l’association des pharmaciens luxembourgeois. «La demande de gels, sirops pour enfants et autres antihistaminiques atteint des niveaux inédits. En deux jours, j’ai vendu dans ma pharmacie ce que je vends en un mois.»

De fait, si les démangeaisons provoquées par la chenille processionnaire du chêne devenaient insupportables, il fallait s’armer de patience le week-end dernier si l’on voulait se rendre aux urgences ou aux maisons médicales puis à la pharmacie de garde. Des files d’attente de plus d’une heure ont pu être constatées.

Cependant, pas d’inquiétude à avoir selon lui: si certaines pharmacies ont pu se retrouver à court de médicaments, cette situation n’est pas générale. De fait, ce type de médicaments est traditionnellement demandé à cette période: les stocks étaient pleins.

Alain de Bourcy déplore quand même la passivité du ministère de la Santé sur cette petite épidémie. Alors que l’an dernier, une communication avait été faite sur le sujet des chenilles processionnaires, il constate, pour la déplorer, un manque de communication envers le grand public et les professionnels de santé.

Il est vrai que le ministère est très occupé avec le Covid-19.

Pas la seule responsable

Contacté, le ministère confirme ne pas avoir prévu de mesures contre la prolifération des cas d’urticaire dus aux chenilles processionnaires du chêne, qui prolifèrent en cette période. Et renvoie à une brochure publiée sur son site santé. lu, qui liste des mesures de prévention. «Ce n’est pas un problème sanitaire», résume le ministère. Qui ne voit pas non plus se profiler une pénurie de médicaments. «Nous sommes sur une demande saisonnière plus forte que d’habitude.»

Du côté de l’Administration de la nature et des forêts, on joue aussi la carte de la prévention. Et on ne lancera pas de campagnes d’envergure contre ces nuisances, «même si des technologies existent». Pourquoi? Parce que «la chenille n’est pas un problème pour la forêt». Et l’Administration estime, comme Alain de Bourcy, que les chenilles processionnaires ne sont pas les seules responsables de la vague actuelle de désagréments cutanés: il faut également se méfier des moustiques et surtout des aoûtats, ces insectes minuscules que l’on trouve dans les prairies et dont les larves sont agressives. Ce sont elles qui piquent tout ce qui passe à portée. L’Administration recommande d’éviter de se rendre dans les lieux où elles prolifèrent ou de se vêtir de façon à laisser un minimum de surface de peau accessible.

Des drones utilisés en France

Pour les chenilles, pas besoin d’entrer en contact direct ni de côtoyer de trop près un chêne. Cela est d’ailleurs fortement déconseillé. Ce sont les poils qui sont dangereux: portés par le vent et capables d’entrer sous la peau, ils contiennent une protéine qui déclenche les démangeaisons. Et lorsque la chenille devient papillon en juillet, elle laisse dans des nids tous ses poils. Poils qui restent dangereux une saison, voire deux.

La situation est la même en France. Mais de l’autre côté de la frontière, certaines communes ont lancé ou s’apprêtent à lancer des campagnes de traitement de certaines zones forestières pour prévenir la présence de ces chenilles. Ce fut le cas à Guénange (Moselle), près de Thionville, ou le traitement a débuté dès le 2 juin. Avec un recours à des drones.