60.000 salariés. 4.000 entreprises. Depuis 2020 et toutes les conséquences de la pandémie sur les chaînes de logistique, les coûts et les taux d’intérêt, le secteur de la construction traverse «une crise historique qui risque d’engendrer des conséquences néfastes au niveau du tissu économique et de l’emploi», alertent la Chambre des métiers et la Fédération des artisans dans un communiqué après une conférence de presse qu’ils ont tenue ce jour.
«Sur un an», disent-ils, «les ventes d’appartements neufs ont baissé de 72,5% au premier trimestre 2023 et le volume bâti autorisé de 33%, pour atteindre son plus faible niveau depuis 1987. Le secteur estime que cette réduction correspond à 1.500 logements, ce qui produira un impact massif sur le chiffre d’affaires de la filière.» La crise du bâtiment affectera aussi les finances publiques via un déchet fiscal et des dépenses supplémentaires (chômage) qu’on peut estimer à 300 millions d’euros pour l’année 2023, sans parler de la pression supplémentaire que l’affaissement de la production aura sur le marché du logement et sur l’attractivité du Luxembourg en tant que site économique, affirment les deux organisations.
Au moment où de nombreuses rumeurs circulent sur les difficultés des sous-traitants à se faire payer et sur des faillites qui pourraient en découler, les deux organisations appellent les syndicats à entrer dans une autre logique. Alors que les négociations autour de la convention collective de travail sont en cours et que des rendez-vous étaient déjà prévus la semaine prochaine, «la Fédération des entrepreneurs de construction et le Groupement des entrepreneurs ont contacté les syndicats en vue de la signature d’un plan sectoriel de maintien dans l’emploi, et ce dans l’intérêt principal des salariés du secteur au cas où la situation se dégraderait encore davantage après les congés collectifs».
L’État et les communes doivent accélérer leurs commandes
En attendant que les discussions avancent, la Fédération des artisans et la Chambre des métiers invitent à «une mise sur le marché accélérée de projets d’investissements étatiques et communaux, ainsi qu’une dynamisation des rénovations énergétiques, notamment du parc immobilier public».
«Le gouvernement doit décider au plus vite un nouveau paquet de mesures temporaires telle que l’abolition des frais d’enregistrement sur la quote-part de la construction déjà réalisée», «reconsidérer la baisse de l’amortissement accéléré», «assurer le maintien du statu quo sur le rendement maximal du capital investi dans le cadre du bail à loyer» et «rehausser le plafond actuel de 50.000 euros à 100.000 euros pour tous les investisseurs ou de réintroduire la TVA super-réduite sur la création de logements locatifs».
Des demandes qui viennent percuter le début de la campagne non officielle pour les législatives de l’automne et la perspective du congé collectif dans le secteur de la construction, cette année du vendredi 28 juillet au dimanche 20 août.
«Ce ne sont pas les promoteurs qui font les frais de cette crise, mais bien les milliers d’entreprises artisanales qui occupent en moyenne 12 salariés», concluent les organisations.