L’intention n’était pas neuve, vieille de plusieurs années déjà. Encore fallait-il qu’elle se concrétise, avec signature noir sur blanc. C’est désormais chose faite avec la fin positive du processus d’accréditation du nouveau BTS «intelligence artificielle appliquée» créé par le Lycée des arts et métiers (LAM), et validé il y a de cela quelques jours par les autorités. Tous les feux sont au vert. La première promotion d’une douzaine d’élèves est attendue le jeudi 19 septembre, à 8h du matin, pour le coup d’envoi de deux années d’étude sanctionnées d’un diplôme jusqu’alors inédit au Luxembourg.
Mécaniciens de l’IA
«Si l’on pense par exemple à la révolution de l’industrie 2.0, beaucoup de sociétés n’ont pas pu la mettre en place directement parce qu’elles n’avaient pas le know-how. Elles n’avaient simplement pas la main-d’œuvre pour le faire, cela aurait représenté un coût important. Aujourd’hui, on en est là avec l’IA», présente le professeur d’informatique et co-coordinateur du brevet, Eric Tobias.
Qui use encore de cette autre image: «Quand une nouvelle technologie est implémentée dans l’automobile, on fait en sorte que tous les mécaniciens suivent une formation continue afin de pouvoir la négocier. Avec l’intelligence artificielle, c’est la même chose, sauf que l’on n’a pas encore les mécaniciens.» C’est à eux que s’adresse le BTS bâti par le Lycée des arts et métiers.
Droit et éthique aussi
Un BTS «conçu pour préparer les étudiants à toutes les étapes du cycle de déploiement des systèmes d’IA». «À cette fin, les diplômés seront capables de travailler efficacement en équipe et de soutenir une conversation sur des sujets techniques, d’analyser les exigences et les activités essentielles de l’entreprise, tout en tenant compte des implications éthiques et juridiques. Les étudiants s’engagent dans un parcours d’apprentissage dynamique qui comprend une variété de méthodes d’enseignement telles que des cours magistraux, des travaux dirigés, des études autoguidées, des projets individuels, des projets de groupe collaboratifs, des projets interdisciplinaires, des initiatives interdisciplinaires et des séminaires. En plus de ces activités éducatives, les étudiants ont l’opportunité unique de participer à des événements privés et publics, facilitant ainsi les relations avec les professionnels de l’industrie nationale et internationale de l’IA», détaille le site de l’établissement sur sa page de présentation.
Eric Tobias complète: «On enseigne les compétences critiques pour ce domaine et on y ajoute des compétences que demande le marché.» Le droit et l’éthique, ainsi. Deux des problématiques parmi les plus sensibles dès lors qu’on aborde la question de l’IA en entreprise. «Parce qu’on ne sait pas où le voyage va nous emmener et qu’existent des peurs», résume l’enseignant.
«Très proches du marché»
«La formation que recevront les étudiants dans cinq ans ne sera pas la même que celle d’aujourd’hui», convient le coordinateur du TalentHub au LAM, Benoit Fortemps. «Mais l’un des objectifs que nous poursuivons, c’est d’être vraiment très proches du marché. Durant toute la phase d’accréditation du diplôme, on a beaucoup préparé ces connexions. On a déjà posé beaucoup de questions sur ce qui était attendu aujourd’hui en matière de talents. Si vous pensez aux cinq grosses sociétés internationales actives dans le domaine, nous avons été en contact avec trois d’entre elles. Même chose avec toutes les sociétés de la Place, et avec le secteur public aussi. Quand le dossier a été présenté, j’ai eu l’occasion de parler à plein d’entreprises. Et chaque fois l’intérêt a été là. Parfois avec des petites nuances, pour nous dire qu’il faudrait peut-être pousser un peu plus sur les données ou qu’il faudrait davantage aller dans telle ou telle direction. Mais quoi qu’il en soit, il y a un besoin énorme. Et ce besoin ne va aller qu’en s’accentuant.»
Cours en anglais
Il existe «entre 35 et 40 BTS» différents au Luxembourg. Quand un établissement en lance un nouveau, il lui appartient, son voisin ne peut pas proposer le même. Sauf à en modifier le contenu.
Au LAM, les inscriptions sont désormais ouvertes. Deux épreuves d’admission sont prévues, un test par écrit et un entretien en anglais, la langue adoptée en cours. Le BTS entend préparer à la préparation et à la gestion des données, à la maintenance et à la surveillance d’un système d’IA, à l’installation et à la configuration du matériel, à la prise en charge du développement de modèles d’IA, à l’exécution d’expériences et de tests, à l’aide à la formation des modèles, ainsi qu’aux tâches d’intégration.
«Cet ensemble de compétences convient, sans s’y limiter, aux profils tels que «data steward», «machine learning technician» et «data infrastructure technician»dépeint l’établissement.