Mike Ries est allé au bout de l’idée de sa fille. Et la ferme de 1799 est devenue un ranch, avec ses écuries, son salon et même son Western Store. Les réservations s’y arrachent. Mais pas au colt. (Photo: Paperjam)

Mike Ries est allé au bout de l’idée de sa fille. Et la ferme de 1799 est devenue un ranch, avec ses écuries, son salon et même son Western Store. Les réservations s’y arrachent. Mais pas au colt. (Photo: Paperjam)

Mike Ries a changé de vie. Et même de projet, sous l’impulsion de sa fille Emma, triple championne des Pays-Bas de monte western. À Huttange, rien ne manque à ce ranch, entre charme et nature, chevaux et style. Présentation dans le cadre de notre opération «Un été pas comme les autres».

«On ne devient pas riche avec les chevaux!» Mike Ries n’en a pas perdu sa bonne humeur pour autant. Lorsque ce fonctionnaire en congé sans solde rachète, en avril 2013, une vieille ferme de 1799 qui n’a pas vu une fourche depuis 30 ans, il est loin de se douter de ce que l’endroit, à l’entrée d’Huttange pour qui vient de Beckerich, va devenir.

Emma, sa fille, est une cavalière douée, passionnée par le cheval… et par la monte western. «L’idée est née comme ça: quand vous allez à une compétition, vous devez laisser les chevaux à 10 ou 20 kilomètres de là où vous dormez et trouver un endroit où vous ravitailler. Pourquoi ne pas imaginer tout avoir en un seul endroit? Y compris le matériel si jamais vous cassez quelque chose ou vous avez oublié un truc.»

Le «Four Oaks Bed and Breakfast», «Moll Creek Ranch», «Oak Leaf Saloon» et «Western Store» voient le jour. En 2015, deux ans après que les Ries aient vendu leur maison plus vite que prévu, obligés d’emménager dans 140 mètres de dépendance rénovés à toute vapeur, les premiers clients arrivent dans une des quatre chambres de l’endroit.

Six mois plus tard, les propriétaires mettent leurs chambres sur une plateforme de réservation bien connue. «Ça a explosé!» M. Ries est aux petits soins, quitte à devoir se changer 10 fois par jour et passer de tenue d’écurie à tenue de ville pour accueillir des invités. Les bonnes notes s’accumulent. «9,3 sur 10 en 2017, 9,4 l’année suivante, 9,4 l’an dernier. Nous avons la note la plus élevée pour la propreté et le staff. Nous avons eu des clients de partout, des Américains qui avaient envie de retrouver l’ambiance de chez eux, des Brésiliens, des Chiliens, des Argentins, des gens de toute l’Asie sauf de Corée du Nord», lâche-t-il dans un grand éclat de rire. «Même un ambassadeur du Gabon qui avait un rendez-vous au Kirchberg. Une famille japonaise, aussi, qui venait de Tokyo. Les enfants n’avaient jamais vu ni même touché de cheval.»

«Cette année, nous étions partis sur un taux de fréquentation que nous n’avions pas encore réussi à atteindre…» quand le confinement stoppe l’essor de la structure en plein vol. «Heureusement, quand l’activité d’hébergement a moins bien marché, restaient encore les cours d’équitation, puis le magasin ou la location du saloon», explique cet entrepreneur que rien ne destinait à ces horaires à rallonge, tous les jours de 6 heures à 20 heures, «avec une petite sieste après déjeuner», dit-il.

Face au Covid-19, qui voit des réservations annulées et des clients réserver au dernier moment, M. Ries avoue ne pas forcer. «Je préfère ne louer que deux des quatre chambres et que tout donne confiance. Nous nettoyons absolument tout, même les poignées de porte, les boutons du sèche-cheveux ou la télécommande. Certains passent quand ils descendent dans le sud de la France… et réservent pour leur retour. D’autres viennent passer trois ou quatre nuits, pour aller visiter le Luxembourg, la capitale, Vianden et les châteaux.»

Comme il ne cuisine pas, l’ancien fonctionnaire conseille les bonnes tables locales, comme le Moulin de Beckerich qui a fait faillite à cause du Covid-19 et que la commune a relancé aussitôt avec une ONG qui reverse tous ses bénéfices pour aider les Philippines, ou comme le relais postal de Reckange, «qui fait lui-même ses hamburgers».


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À force de se heurter aux subtilités administratives, il a fini par renoncer aux aides, que ce soit pour ses panneaux photovoltaïques – «à l’époque, Marc Gira, le bourgmestre de Beckerich, poussait pour cela» – ou pour ses deux pompes à chaleur. 18 chevaux, principalement des Quarter Horses, ces chevaux mythiques dans l’histoire américaine, vivent là à résidence, dont 14 à la famille. Ils sont entraînés par une spécialiste américaine dans le manège, ancien hangar de la ferme refait à neuf. Depuis deux des quatre chambres, les visiteurs ont une vue directe sur l’infrastructure.

L’hiver, les cavaliers gelés remontent au saloon, enlèvent leurs bottes qu’ils posent en arc de cercle devant la cheminée. Une Winchester y trône sous une tête de cerf, et des photos en noir et blanc, une copie de l’acte d’indépendance américain et les trophées d’Emma font de ce lieu un endroit à part. Dimanche, Mme Ries, enseignante, a commencé à prodiguer des cours à des vétérinaires sur le soin des chevaux et de leur dentition.

L’histoire ne dit pas si quelqu’un a tiré sur le pianiste, assis dans le coin à gauche, mais l’ordre règne dans la pièce sans que personne n’ait jamais vu un shérif.