Investir dans la grande transformation. (Photo: Shutterstock)

Investir dans la grande transformation. (Photo: Shutterstock)

Le gestionnaire d’actif aborde 2022 avec trois grandes convictions: le scénario d’un retour aux années 1970 va gagner du terrain, les banques centrales seront bien plus interventionnistes que n’anticipent les marchés, et le concept des marchés émergents en tant que bloc homogène est révolu.

Les prochains mois seront donc marqués par trois tendances, selon Amundi.

D’abord, un retour aux années 1970. «Cela signifie que le scénario de la stagnation séculaire appartient au passé et que celui d’un retour aux ‘années folles’ est une chimère», détaille Pascal Blanqué, directeur des gestions d’Amundi. «La croissance mondiale reviendra à son potentiel après le pic, à mesure que la relance cyclique disparaitra. L’inflation s’avérera permanente et incertaine, alimentée par les contraintes d’approvisionnement et l’extension des pénuries à tous les secteurs de l’économie. La désynchronisation des tendances de croissance et d’inflation revient en force et impactera la mondialisation.»

Deuxièmement, les banques centrales seront, «contrairement aux anticipations du marché face à l’inflation», encore plus interventionnistes dans un contexte de ralentissement de la croissance et de besoins budgétaires croissants pour financer la transition verte et juste.

Enfin, «le concept de marchés émergents en tant que bloc homogène est définitivement révolu». Pour les stratégies d’Amundi, la nouvelle ligne de partage séparera trois mondes: celui des pays avec inflation et où les banques centrales agiront pour la contrôler; celui des pays dont les banques centrales restent inactives; et la Chine. «Les investisseurs devraient privilégier les zones 1 et 3, où les devises devraient également s’apprécier par rapport au dollar américain qui portera le poids des politiques hyper-keynésiennes.»

La remontée des taux comme critère ultime de sélection de valeurs

Des tendances qui vont contraindre la construction des portefeuilles.

«En termes de construction de portefeuille, les défis à relever seront plus importants l’année prochaine qu’en 2021. Les éléments-clés à intégrer seront le rendement, le risque de liquidité et l’exposition au risque de croissance et d’inflation», détaille Amundi, pour qui les investisseurs devront d’abord démarrer avec prudence en matière d’exposition au risque et l’ajuster tout au long de l’année, en mettant l’accent sur la résilience du portefeuille face à la remontée des taux. «Dans une séquence de ralentissement de la croissance suivie de nouvelles mesures de relance, les investisseurs auront probablement une fenêtre de tir pour augmenter à nouveau l’allocation aux actifs risqués et exploiter les opportunités apportées par un prolongement du cycle.»

Amundi préconise également de privilégier les actions des zones moins tendues – les titres «value», l’Europe et les marchés émergents – qui seront moins sensibles à la remontée des taux.

«Les taux réels décideront du sort des actions dont les valorisations sont excessives. Leur remontée inévitable fragilisera les valeurs de croissance, généralement plus chères. La sélection doit se faire sur les niveaux de bénéfices et du ‘pricing power’ des entreprises, leur qualité et leur valorisation, dans un environnement de coûts et de taux plus élevés.» Amundi prédit un environnement marqué par une forte dispersion des rendements entre les actions. Un environnement qui favorise le «stock picking».

Les actions des marchés émergents devraient bénéficier, lors de prochaine phase de hausse de croissance, d’un effet de rattrapage, les allocations actuelles étant inférieures à ce que permettent les fondamentaux économiques tandis que les valorisations semblent relativement attrayantes.

Jouer la transition verte et les thèmes ESG

Enfin, l’Europe devrait être privilégiée, car portée par le Next Generation EU Fund, «avec un focus sur la transition verte».

Plus largement, Amundi préconise une exposition aux thématiques ESG, «qui auront probablement un impact significatif sur le couple rendement/risque».

«L’initiative d’émissions nettes zéro aura un impact significatif sur le marché. La lutte contre les inégalités sera probablement le prochain thème important car il s’agit d’un objectif important des gouvernements pendant la phase de reprise actuelle. Certains thèmes mixtes combinant les aspects environnementaux et sociaux pourraient émerger, tels que la transition juste pour lutter contre le changement climatique de manière équitable, un sujet de préoccupation particulier pour les économies émergentes.»