Steve Ellis, Global CIO Obligations, Fidelity International  Credit : Fidelity International 

Steve Ellis, Global CIO Obligations, Fidelity International  Credit : Fidelity International 

L’assouplissement synchronisé des banques centrales pourrait se poursuivre en 2020. Compte tenu de la faiblesse des rendements des emprunts des pays développés, il faut s’attendre à de nouveaux flux vers les segments plus rémunérateurs tels que les marchés émergents.

La récession est un risque, mais elle sera évitée en 2020

Les principaux risques en 2020 sont les suivants : les politiques des Banques Centrales ne parviennent pas à générer de la croissance, les gouvernements se dérobent devant l’idée de la relance budgétaire et l’économie mondiale sombre dans la récession. Selon nous, la récession va être évitée et l’économie mondiale connaîtra un atterrissage en douceur. Toutefois, en cas de récession aux États-Unis, le risque de défaut augmenterait et la solidité des bilans deviendrait un facteur encore plus important. Même si les « spreads » s’élargissaient dans ce scénario, leur hausse devrait être compensée par l’extrême faiblesse persistante des rendements des emprunts d’État refuges. Ainsi, en termes de performance totale, avoir une exposition à la duration ou aux taux d’intérêt devrait être positif. Un autre risque majeur pour les marchés est le résultat de l’élection présidentielle aux États-Unis. Si Elizabeth Warren est choisie comme la candidate du Parti démocrate et que le processus de destitution éclipse Donald Trump, les cours des actions des entreprises américaines pourraient en être durement affectés.

Des taux négatifs montrent les limites de la politique monétaire

Nous nous attendons à ce que les taux d’intérêt restent peu élevés aux États-Unis, voire davantage négatifs en Europe, mais nous pensons nous approcher des limites de ce que la politique monétaire peut accomplir. Plus de 16 000 milliards de dollars d’obligations offrent désormais des rendements négatifs, principalement au sein de la dette souveraine européenne. En octobre, la Grèce - qui, il y a quelques années, a eu besoin du plus important sauvetage de l’histoire - a émis une obligation à trois mois avec un rendement de -0,02 %, selon des rapports . Si l’économie, en particulier en Europe, se rapproche encore un peu plus d’une récession, on verrait davantage de taux d'intérêts pourraient devenir négatifs. Le taux de la Banque Centrale Européenne est actuellement de -0,5 % et devrait encore baisser de 10 points de base d’ici la fin de l’année prochaine. Cela pourrait aider ou non la croissance à court terme, mais les économies sont peu susceptibles d’accomplir des progrès sans l’introduction de vastes mesures de relance budgétaire.

La quête de rendement favorise l’Asie, mais attention aux devises émergentes

Dans ce contexte de taux bas et négatifs, la dette émergente en devise forte, en particulier le « High Yield » asiatique, semble attractive. Même si notre scénario central selon lequel une récession est évitée s’avère erroné, il est peu probable que la contraction soit très sévère ou entrave le refinancement à l’échelle mondiale comme ce fut le cas pendant la crise financière. Selon nous, les défauts ne devraient pas fortement augmenter, mais il pourrait toutefois être judicieux de rester prudent.

Nous apprécions la dette chinoise qui offre des rendements satisfaisants. L’endettement global augmente en Chine, mais il est surmontable pour le moment. Si la guerre commerciale s’intensifie et que les conditions s’aggravent, Pékin interviendra probablement en prenant des mesures de relance budgétaire ou d’assouplissement monétaire, mais de manière ciblée comme actuellement. La Banque Centrale a réduit le ratio des réserves obligatoires et les taux au jour le jour, tandis que le déficit budgétaire de la Chine est d’environ 6,5 % du PIB. Nos indicateurs internes suggèrent que les mesures de relance actuelles ont déjà un impact.

Nous pensons également que les emprunts d’État chinois sont attractifs : les obligations à 10 ans offrent un rendement de près de 3,5 % et pourraient encore baisser. La Chine est largement financée en interne par de très importants taux d’épargne. Les niveaux de la dette extérieure sont plutôt faibles par rapport à ceux d’autres pays, mais suivent une tendance similaire à celle du Japon.

En revanche, nous nous montrons plus prudents à l’égard des devises émergentes. La classe d’actifs a pâti de la solidité du dollar en 2019 et, même si la Fed baisse ses taux, d’autres pays dans le monde assouplissent également leurs politiques monétaires, d’où une moindre chance d’une baisse du billet vert. Enfin, les devises émergentes sont également sensibles à tout ralentissement de la croissance, ce à quoi nous nous attendons en 2020 même si nous évitons une récession.

Le pessimisme à l’égard de l’inflation est exagéré

L’inflation s’est révélée inférieure à l’objectif au cours des dernières années, mais pourrait s’accélérer dans une certaine mesure à partir de 2020. Selon nous, le marché est trop pessimiste au sujet de l’inflation, les points morts d’inflation au niveau mondial présentant une décote par rapport à l’inflation sous-jacente. L’exception est le Royaume-Uni où les anticipations inflationnistes ont oscillé au rythme de l’évolution de la livre sterling et de la situation sur le plan du Brexit. Les prévisions du consensus en matière d’inflation aux États-Unis s’établissent à 2,1 % en 2020. Mais notre estimation se rapproche davantage de 2,5 %, sous l’effet des pressions salariales grandissantes, dans un contexte de chômage historiquement bas et de solides dépenses de consommation des ménages américains. La détente de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine représente l’autre possible coup de fouet qui pourrait être donné à l’inflation. Si la suppression des droits de douane pourrait réduire les pressions haussières sur les prix, cela devrait être plus que neutralisé par le rebond de la croissance qui s’ensuivrait, donnant ainsi lieu à une accélération de l’inflation. Dans la mesure où les Banques Centrales conservent des politiques monétaires accommodantes et que l’économie mondiale se stabilise, l’inflation est de plus en plus susceptible de faire son retour. Les secteurs de la consommation sont déjà à l’origine de la majeure partie de l’augmentation de l’emploi aux États-Unis, une situation qui a permis au pays d’éviter une contraction du PIB en dépit de l’extrême faiblesse persistante du secteur manufacturier. Selon nous, ce contexte offre des opportunités au sein des obligations indexées sur l’inflation à moyen terme.

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