Jean-Paul Olinger, directeur de l’UEL. (Photo: UEL)

Jean-Paul Olinger, directeur de l’UEL. (Photo: UEL)

La commission Von der Leyen prendra ses fonctions le 1er novembre prochain. Que faut-il en attendre? Quelles devraient être ses urgences et ses priorités? Cette série se termine avec la réponse de l’UEL.

L’économie européenne connaît en 2019 sa septième année de croissance consécutive. Dans l’Union européenne (UE), le taux de chômage est à son plus bas depuis l’an 2000, avec une situation de plein emploi dans certains pays, et l’endettement des États est également en diminution.

Pourtant, peut-on affirmer que tout va pour le mieux? Non, car la sortie de la crise économique et financière des années 2008-2012 reste fragile pour un certain nombre de raisons. Les risques qui pèsent sur ces perspectives positives incluent l’adoption de mesures protectionnistes à l’échelle mondiale, un Brexit qui reste sans accord ou encore les signes importants de ralentissement de l’économie de certains pays.

Dès lors, que faire?

Prosperity

Tout d’abord, il nous faut garantir un environnement favorable à l’activité économique, permettant de développer la compétitivité et l’attractivité des entreprises et de créer des emplois au sein de l’UE.

Pour ce faire, nous invitons la Commission européenne à parachever le marché intérieur: il est impératif d’éviter que les réflexes protectionnistes nous mènent à une fragmentation en 28 «mini marchés» nationaux. Il faut aussi se montrer résolu à en finir avec les charges administratives découlant d’une application territoriale du droit qui empêche les entreprises, notamment les PME, de bénéficier d’économies d’échelle dans une optique transfrontalière.

Planet

Il est par ailleurs fondamental de promouvoir l’innovation à travers le soutien des transitions digitale et environnementale à tous les niveaux de l’économie et de la société, afin de profiter du potentiel de croissance énorme qu’elles représentent. Car à l’avenir, dans un monde de ressources limitées, la compétitivité internationale passera par le numérique, l’économie du partage et l’économie circulaire.

Dans cette perspective, la priorité absolue doit être mise sur l’attractivité du marché unique et la gestion des talents et des investisseurs. Ceci nécessite une prise de conscience en faveur de la formation tout au long de la vie, d’une recherche qui soit à la pointe ainsi que d’un cadre réglementaire et fiscal propice à l’innovation et adapté au commerce transfrontalier.

People

Ensuite, il convient de souligner qu’il subsiste encore de fortes inégalités entre États membres de l’UE. Si l’on veut favoriser la convergence économique et sociale de celle-ci, la promotion d’une position équilibrée en matière de droits sociaux européens s’impose. Avant d’envisager des mesures contraignant des États qui, comme le Luxembourg, offrent déjà des prestations généreuses, nous devons travailler à réduire ces écarts.

Il est nécessaire de créer un cadre qui réponde aux défis actuels du marché du travail, notamment en favorisant la mobilité des travailleurs sur le territoire européen et en facilitant le recours au télétravail. Les mesures envisagées devront tenir compte de l’ouverture du marché du travail luxembourgeois et de son impact en matière d’emploi, de chômage et d’aide(s) à la réintégration professionnelle.

Assurer un ‘level playing field’ pour nos entreprises au niveau mondial.
Jean-Paul Olinger

Jean-Paul OlingerdirecteurUEL

Si nous voulons positionner l’Europe sur l’échiquier mondial et ne pas manquer le virage des transitions économique, environnementale et digitale, la Commission européenne ne doit pas se contenter de réguler l’intérieur de l’UE, mais également assurer un «level playing field» pour nos entreprises au niveau mondial. Gardons à l’esprit que le poids de l’Union se réduira au cours de ce siècle pour ne plus abriter que 5% de la population mondiale, et son PIB passera de 22% du PIB mondial à moins de 10% d’ici 2050.

Dans un monde en croissance, c’est l’union qui fait la force. Il revient dès lors à la Commission européenne de prendre les mesures nécessaires à la stabilité politique et économique pour éviter le (re)cloisonnement des États membres et les réflexes protectionnistes, ainsi qu’à la sécurité juridique pour faire prospérer l’économie européenne.