Si le Luxembourg dispose d’un système solide de sécurité sociale financé par les cotisations des travailleurs et des employeurs, le sujet de sa pérennité ne fut pas ou peu abordé par les différents partis au cours de la dernière campagne électorale. Or comme partout ailleurs en Europe, il sera sous tension au regard des changements démographiques et de façon très marquée au Luxembourg, d’une augmentation considérable du nombre de retraités résidents et frontaliers.
Par ailleurs, si le système de retraite public luxembourgeois est généreux, il ne garantit pas toujours le maintien d’un niveau de vie confortable à la retraite, en particulier pour les personnes à hauts revenus ou celles qui ont des besoins spécifiques/des circonstances particulières. Une partie des travailleurs peut également bénéficier de régimes complémentaires mis en place par les employeurs. Cependant, leur portée et leurs avantages peuvent varier en fonction de l’employeur et du secteur d’activité, ce qui peut laisser certains travailleurs avec des revenus de retraite insuffisants. De même, ces régimes, quelle que soit la flexibilité qu’ils donnent à leurs bénéficiaires, ne permettront jamais une individualisation, du «sur mesure» pour chaque employé. C’est ici que le troisième pilier entre en jeu, à savoir l’épargne individuelle.
Si le système de retraite public luxembourgeois est généreux, il ne garantit pas toujours le maintien d’un niveau de vie confortable à la retraite.
L’épargne individuelle
Il s’agit de plans de pension personnels que les individus peuvent souscrire de manière volontaire pour compléter leur revenu de retraite. Ces plans peuvent prendre la forme de contrats d’assurance vie, de comptes d’épargne retraite ou d’autres instruments financiers. Ils permettent aux individus de faire des cotisations régulières tout au long de leur vie active, accumulant ainsi un capital pour financer leur retraite. La constitution de pension personnelle complémentaire devient d’autant plus cruciale pour plusieurs raisons, à commencer par l’allongement de la durée de vie, ce qui signifie que les retraités passent plus d’années à la retraite et de manière plus active également. Avoir une pension personnelle complémentaire garantit une source de revenus régulière et stable pendant ces années.
De plus, l’inflation et les changements économiques peuvent affecter le pouvoir d’achat des retraités et une pension complémentaire peut contribuer à atténuer ces effets en offrant une protection contre l’érosion de la valeur de l’argent.
Faire du «sur-mesure»
Enfin, la flexibilité et la personnalisation des plans de pension personnels complémentaires permettent aux individus de choisir des options qui répondent à leurs besoins spécifiques et à leurs objectifs de retraite. Cela peut inclure de choisir le montant des cotisations, un contrôle plus direct sur les investissements et la gestion de l’épargne retraite, ainsi que le moment de la retraite. A ce jour, le choix d’opter pour des plans de pension individuels est principalement motivé par des considérations fiscales, ces régimes permettant une déductibilité (plafonnée) des cotisations versées.
Au-delà de ces considérations, il y a encore et toujours et en particulier à Luxembourg, une confiance dans le régime légal qui n’incite pas à cette initiative, tout comme la mobilité de plus en plus grande de la population active. Si cette mobilité a longtemps été une barrière, l’Union Européenne a récemment mis en place un cadre plus flexible avec l’introduction des produits de pension paneuropéens dont la portabilité est l’avantage numéro un, sans pour autant que les produits non sophistiqués soient inabordables (malheureusement sans pouvoir harmoniser la fiscalité de ces produits). Le vrai défi actuel reste la complexité perçue de la plupart des produits pour les épargnants, perception qui n’est pas usurpée, au vu de la difficulté qu’ont souvent les commerciaux à vulgariser un sujet qui n’est pas le plus vendeur et concret.
La souscription d’une solution de retraite personnelle est recommandée pour chaque individu mais doit se baser sur une analyse préalable des besoins et des souhaits.
Si un épargnant décide d’opter pour un régime de retraite personnel, se pose la question du bon moment pour commencer ses contributions. Et le plus tôt sera le mieux, en particulier pour lisser sur une période la plus longue possible les contributions et donc la charge financière qui en découle. Ces versements se composeront d’un montant minimum, en général au niveau de la déductibilité fiscale octroyée et de versements libres, permettant à un épargnant de réajuster ses contributions en fonction de l’évolution de ses attentes mais aussi de sa capacité financière et des aléas de la vie. Evidemment, il est toujours possible d’épargner pour compléter ses revenus de retraite à n’importe quel âge mais en fonction des sommes envisagées pour la retraite, la charge financière sera plus importante et la déductibilité fiscale des contributions sera limitée.
En résumé, la souscription d’une solution de retraite personnelle est recommandée pour chaque individu mais doit se baser sur une analyse préalable des besoins et des souhaits, une fois arrivée la retraite bien méritée.
Marc Voncken, Partner, PwC Luxembourg
Plus d’informations sur notre .