Le président chinois Xi Jinping a signé la fin de la récréation, le gouvernement multiplie les nouvelles réglementations dans le secteur économique. (Photo: Shutterstock)

Le président chinois Xi Jinping a signé la fin de la récréation, le gouvernement multiplie les nouvelles réglementations dans le secteur économique. (Photo: Shutterstock)

La reprise en main de certains pans de l’activité économique chinoise par le gouvernement provoque des turbulences en bourse. En Chine, mais également à Wall Street où environ 250 sociétés chinoises sont cotées.

Les bourses chinoises naviguent en pleines turbulences depuis le début de la semaine. En cause, de nouvelles mesures réglementaires édictées par Pékin qui visent cette fois le secteur de l’éducation. Notamment les entreprises d’éducation privées qui se sont fortement développées dans le pays et affichent un chiffre d’affaires global de 100 milliards d’euros.

Selon les dernières mesures prises par le gouvernement ce week-end, ces sociétés ne pourront plus pratiquer le soutien scolaire à but lucratif et le soutien scolaire sera interdit les week-ends, jours fériés et durant les vacances scolaires. Une mesure destinée à réduire la pression financière sur les familles et, incidemment, à rappeler le contrôle gouvernemental sur l’activité économique du pays.

Les autorités s’en sont d’ailleurs également prises aux sociétés de livraison à domicile en édictant de nouvelles mesures destinées à améliorer les conditions de travail des livreurs. Plusieurs directives ont été prises le 26 juillet dernier pour leur assurer un meilleur revenu de base, la sécurité du travail, des délais plus raisonnables pour acheminer leurs livraisons et une couverture sociale.

Résultat de ces mesures pour le moins légitimes: le champion chinois de la vente à domicile, Meituan, a perdu plus de 30% au cours des dernières séances.

La prochaine mesure?

Ce qui perturbe les investisseurs, ce sont sans doute moins les mesures elles-mêmes, qui devraient pourtant peser sur le bénéfice, que l’incertitude que fait peser le gouvernement de Pékin sur l’activité économique en édictant des règles de plus en plus strictes sur des secteurs performants et qui ont attiré les capitaux étrangers. Qui sera le suivant?

Symboliquement, la reprise en main s’est faite par . Au début du mois de novembre 2020, le fondateur du groupe de ventes en ligne Alibaba a été convoqué par les autorités de régulation chinoise.

À deux jours du lancement de l’IPO de sa fintech Ant Group, les autorités lui ont fait part de nouvelles règles qui remettaient tout en question. À 35 milliards de dollars, l’opération devait être la plus grande introduction en bourse jamais vécue au niveau mondial.

Après avoir laissé les coudées franches aux groupes technologiques pour soutenir le développement économique du pays, le président Xi Jinping veut désormais démonter leurs positions devenues dominantes et contrôler l’usage qu’elles font des données privées.

En avril dernier, Alibaba s’est ainsi vu infliger pour abus de position dominante. Un autre géant, Tencent, sous la menace d’une forte amende lui aussi depuis plusieurs mois, a été forcé, le 24 juillet dernier, par le régulateur national, de renoncer à ses droits musicaux exclusifs. Il a aussi écopé d’une amende de 65.000 euros.

Enfin, le 10 juillet, l’Administration chinoise du cyberespace (CAC) a annoncé que les plateformes de plus d’un million d’utilisateurs devraient désormais se soumettre à des contrôles de sécurité avant toute cotation à l’étranger.

Wall Street atteint

Mais «les actions chinoises doivent affronter des vents contraires des deux côtés du Pacifique», comme l’expliquent les analystes de Pictet Asset Management. Les entreprises chinoises cotées à Wall Street – il y en a environ 250 – doivent désormais signaler les risques d’intervention du gouvernement chinois dans leurs activités.  Ce qui pourrait amener à leur sortie de la Bourse de New York, observent les analystes de Pictet. «Le risque de ‘delisting’ du marché américain est réel, surtout pour les sociétés liées de près au gouvernement ou à l’armée chinoise.»

Ils restent positifs sur les technologies chinoises à long terme, mais reconnaissent «qu’il faudra être patient pour que les entreprises chinoises s’adaptent aux nouvelles réglementations». Une situation qui devrait durer, au moins, jusqu’à la fin de cette année.