De 10 à… 375 euros d’amende. La bûche de Noël risque d’avoir un goût amer pour les automobilistes inattentifs en déplacement à l’étranger à l’occasion des congés de fin d’année. Saisi «régulièrement, et depuis plusieurs années» par des résidents de retour d’Italie ou d’Espagne, alerte, ce mardi 5 décembre, quant au caractère piégeux des péages sans barrière instaurés progressivement ici et là en Europe. Plusieurs dizaines de situations sont signalées chaque année.
«En principe, l’absence de barrière de péage permet de fluidifier le trafic et de réduire les émissions de CO2», rappelle le CEC. «Mais attention, une autoroute sans péage reste une autoroute payante.» De ce fait, rien n’échappe à l’œil des caméras ayant remplacé les barrières et bornes de paiement sur ces dispositifs en «flux libre». Les appareils enregistrent la plaque d’immatriculation à chaque passage, permettant ensuite de retrouver les «mauvais payeurs» pour mieux exiger de leur part qu’ils s’acquittent de leur dû. Et pour les machines, la bonne foi n’est pas une excuse audible.
En Moselle, un péage polémique
L’initiative du CEC intervient alors qu’en France, un tronçon de péage sans barrière a été mis en fonctionnement, il y a 13 mois, sur un secteur de l’autoroute française A79 entre Digoin (département de Saône-et-Loire) et Sazeret (Allier). Dès après son inauguration, plusieurs milliers d’impayés ont été signalés.
Non loin du Luxembourg, le péage de Boulay sur l’autoroute A4, en Moselle, avait été le premier à donner aux automobilistes français la possibilité de ne plus à avoir s’arrêter. C’était en 2019. Rapidement, le dispositif porté par la Société des autoroutes du Nord et de l’Est de la France (Sanef) avait suscité la grogne et la mobilisation d’un collectif d’usagers. Ils se plaignaient d’avoir reçu à leur domicile des amendes gratinées, sans courrier de rappel préalable. Les politiques s’en étaient mêlés.
Le montant du péage, à Boulay, est à régler dans les trois jours suivant le passage en voiture. Au-delà de 15 jours, le montant de l’amende est de 10 euros, avant de grimper à 90 euros au-delà de ce délai et même à 375 euros si la situation n’a pas été régularisée dans le mois.
«On peut toujours trouver une solution à l’amiable avec les pays concernés, d’autant que l’on travaille avec le réseau européen des CEC, mais dans le cas des amendes, il faut admettre que c’est compliqué», avertit Kevin Wiseler, juriste au sein de l’organisme d’aide aux consommateurs.
Règles variables en Europe
Pour éviter les mauvaises surprises, différentes options sont disponibles: payer via un badge dédié (dans le cas de la France), s’enregistrer au préalable sur le site de l’autoroute concernée, s’acquitter du montant du péage à l’aide de bornes disséminées sur les aires d’autoroute ou payer en ligne dans les 72 heures, donc.
La vigilance est d’autant plus préconisée que la situation varie d’un pays à l’autre au sein de l’Union européenne. Sept pays disposent d’autoroutes à péage (Croatie, France, Grèce, Irlande, Italie, Pologne, Portugal) et huit d’un système à vignette (Autriche, Bulgarie, Hongrie, République tchèque, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Suisse). Ailleurs, comme en Belgique et en Allemagne, c’est la gratuité qui prévaut à de rares exceptions près. Les autoroutes françaises sont considérées comme les plus onéreuses pour les automobilistes, avec un coût moyen de 7 euros pour 100km de trajet.
Gratuité également au Luxembourg évidemment, où la dernière fois que la question (parlementaire) de l’introduction de péages a été discutée, l’exécutif a vite tiré le frein à main. «Le gouvernement n’envisage pas l’introduction d’un péage routier, notamment en raison des difficultés de faisabilité et de praticité liées à l’introduction d’une telle mesure sur un territoire aussi limité que celui de Luxembourg», avaient argumenté d’une même voix les ministres (Environnement), (Finances) et Claude Turmes (Énergie), en 2019.
Chère A31 bis…
Le sujet frontalier ne pèse pas pour rien dans ces réflexions. Toutefois, côté français, les automobilistes qui chaque jour effectuent la navette pourraient bien avoir à passer à la caisse un jour au l’autre. La future A31 bis (tout du moins si ce vieux serpent de mer finit par se concrétiser) ne sera en effet pas gratuite. Le tracé F4 ayant retenu l’attention des pouvoirs publics prévoit la création d’un tunnel sous la commune de Florange long de 2,2km. Et pour payer tout ça, il faudra, via la mise en place d’un péage, se délester de quatre euros à l’aller comme au retour.