Quels sont les dossiers prioritaires de l’Aca pour les deux années à venir?
– «D’abord, je dois dire que dans notre organisation, ce n’est pas l’identité du président qui est le plus important. Il s’efface derrière l’institution et se met à son service pour poursuivre la politique définie de manière collégiale au sein du Conseil, c’est-à-dire la préservation des intérêts des assureurs, de nos clients et de nos employés.
Cette précision apportée, quels sont les sujets que vous jugez prioritaires?
«Au niveau international, ce qui est clairement prioritaire, c’est la défense de la libre prestation de services. C’est une des bases de l’UE qui est régulièrement attaquée. Et actuellement, le pays qui attaque ce principe de la manière la plus virulente, c’est l’Italie, qui est le deuxième marché le plus important derrière la France pour nos membres.
Quels sont les griefs des Italiens contre le Luxembourg?
«Ils prétendent que la défense des intérêts des clients italiens serait mieux prise en compte par les acteurs locaux. Un argument récurrent utilisé par d’autres pays comme la Belgique et la France. Mais, en réalité, ils cherchent à défendre leurs acteurs nationaux et leurs recettes fiscales… Le risque de ces attaques répétées, c’est qu’à force elles finissent, par contagion, par remettre en cause le fondement même de la libre prestation de services.
Et quels sont les sujets qui préoccupent les assureurs au niveau national?
«Dans un contexte de sur-réglementation, il faut rappeler au gouvernement qu’il est important de transposer les directives, mais rien que les directives, et de ne pas en profiter pour glisser dans les lois des choses supplémentaires qui nous désavantagent par rapport à nos concurrents. Il ne sert à rien de se vouloir plus saint que le pape. L’autre grand sujet qui me tient personnellement à cœur, c’est le futur système de pension au Luxembourg. Nous sommes conscients qu’on ne peut continuer de la sorte. Les politiques aussi, mais personne n’a voulu s’emparer de ce sujet où il y a plus de coups à prendre que de profit à tirer. Il est illusoire de penser que le problème va disparaître de lui-même. Il faudra bien agir. C’est mathématique.
Nous sommes en période électorale. Vous sentez-vous écouté par les politiques ou pensez-vous, comme d’autres, que la place financière dans son ensemble a perdu leur oreille?
«C’est un constat que je partage. Je pense qu’au niveau du monde politique, mais aussi au niveau de la population en général, on a oublié d’où vient aujourd’hui la majeure partie de la richesse de ce pays. Le train de vie que l’on peut se permettre au Luxembourg vient en grande partie de la place financière. Et ce qui me désole le plus, c’est que non seulement nous avons perdu la fierté du secteur financier, mais qu’il est facilement mis au pilori dans un exercice d’autoflagellation rétrospectif dont je ne vois pas l’intérêt. J’espère très fortement pour le pays que l’on arrivera à trouver beaucoup de nouveaux secteurs pour diversifier l’économie. En attendant, je ne pense pas qu’il soit intelligent de scier la branche sur laquelle on est assis.»
Cet article a été rédigé pour l’édition magazine de parue le 20 juin 2023. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.
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