Pour gagner dans la révolution digitale des services financiers, mieux vaut unir les forces. C’est l’image qu’ont voulu renvoyer lundi les parties prenantes concernées par la mise en place de la première chaire publique privée dédiée à la digitalisation des services financiers.
Et la présence à Belval de deux ministres, des représentants de l’écosystème de la recherche et du CEO de Paypal en personne, Dan Schulman, laisse augurer l’ambition du Luxembourg: se positionner comme l’une des places majeures des services financiers digitalisés.
«Les fintech sont une priorité pour notre gouvernement, rappelait le ministre des Finances», (DP). «Nous sommes au début de la révolution des paiements et Luxembourg entend bien en faire partie.»
Il y aura plus de changement durant les cinq prochaines années que depuis les 30 dernières.
Le CEO de Paypal a écouté stoïquement les interventions du ministre des Finances et de son collègue de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, (DP), avant de prendre la parole. Et de donner une idée du tempo à venir.
«Il y aura plus de changement durant les cinq prochaines années dans les services financiers que ce qui s’est passé depuis les 30 dernières», pointait Dan Schulman. «Et le changement ne sera que plus rapide. Les partenariats public-privés sont essentiels dans ce contexte.»

Le multientrepreneur luxembourgeois Norbert Becker a joué un rôle important dans l’établissement de cette chaire en tant que président non exécutif du conseil de surveillance de Paypal Europe. Ici, l’homme d’affaires est aux côtés de Dan Schulman, en marge de la conférence de presse organisée lundi à la Halle des poches à fonte sur le campus de Belval. (Photo: Paperjam)
Data, 5G, crypto-monnaies, blockchain, «internet of things», informatique quantique, régulation… les éléments cités tour à tour par Dan Schulman dans sa prise de parole peuvent faire office d’agenda pour l’équipe qui travaillera autour de la chaire «Pearl» du FNR cofinancée avec Paypal et placée sous l’égide du centre interdisciplinaire de l’Uni dédié – notamment – à la recherche appliquée aux technologies: l’Interdisciplinary Centre for Security, Reliability and Trust (SnT).
Rester un «hub» en Europe
C’est le qui avait été à partir du premier janvier prochain. Cet Allemand de 40 ans a fait de la pénétration des services financiers dans différents domaines par l’intermédiaire des technologies de l’information sa spécialité. Il était jusqu’ici professeur en «information systems and sustainable IT management» à l’université de Bayreuth.
«La transformation digitale d’une entreprise peut engendrer des opportunités dans la transformation digitale d’autres entreprises», indique Gilbert Fridgen dans un communiqué de presse diffusé par le FNR lundi. «Les constructeurs automobiles qui collectent des données grâce aux capteurs créent des opportunités pour les compagnies d’assurances qui utilisent l’intelligence artificielle pour développer de nouveaux tarifs, sur base des profils de risques générés via les habitudes de conduites.»

Gilbert Fridgen est âgé de 40 ans. (Photo: Université du Luxembourg)
Avec la création d’un écosystème fintech dont la Lhoft est l’étendard, l’alignement des acteurs de la recherche, une stratégie dans l’intelligence artificielle, la participation dans un projet européen de test de voiture autonome ainsi que la mise en place – avec d’autres pays – d’un «high performance computer» pour générer des calculs nécessaires pour l’intelligence artificielle et la recherche, le Luxembourg ajoute une brique de plus à sa préparation à l’avenir avec cette chaire.
Elle sera dotée d’un budget de 5 millions d’euros sur cinq ans, apportés conjointement par le FNR et Paypal.
Donner de la confiance
Cette 9e chaire «Pearl» – pour attirer des hauts profils internationaux – est peut-être une des plus ambitieuses, rappelait la présidente du FNR, . Elle doit en effet permettre au Luxembourg de conserver un statut de «hub» pour les services financiers, ce qui avait séduit Paypal pour .
La présence du directeur général de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF), Claude Marx, était soulignée par Dan Schulman qui indiquait qu’«en tant que fintech, vous ne pouvez arriver dans un nouveau marché qu’avec une collaboration étroite avec le régulateur».
Dans un monde financier digitalisé où l’ouverture d’un compte peut se faire par simple reconnaissance faciale, des procédés de trucage vidéo («deepfake») remettent l’impérieuse question de la confiance au centre des réflexions.