Jacques Chahine: «Les signes ostentatoires de richesse ne m’impressionnent pas.» (Photo: Edouard Olszewski)

Jacques Chahine: «Les signes ostentatoires de richesse ne m’impressionnent pas.» (Photo: Edouard Olszewski)

Tous les mois, dans Paperjam, une personnalité influente du Grand-Duché se livre à notre interview «Argent comptant». Au tour ce mois-ci de Jacques Chahine, président de Jacques Chahine Capital.

Plus de liberté

Une devise liée à l’argent?

«‘L’argent ne fait pas le bonheur’. Il fait seulement plaisir à l’instant où on le reçoit. Mais un million en plus ou en moins, ça ne change pas la vie. Il ne faut pas être obnubilé par le désir d’argent. Moi-même, je ne travaille pas dans le but ultime de gagner un salaire à la fin du mois, mais pour le plaisir du challenge et l’émulation que me procurent des collaborateurs passionnés.

Votre premier salaire?

«Jeune cadre dynamique fraîchement diplômé, j’ai été embauché chez Nielsen, où j’ai touché 750 francs (114 euros aujourd’hui). Et c’était déjà beaucoup à l’époque!

Que vous êtes-vous offert avec?

«Je roulais alors en mobylette. Ma première récompense a été l’achat d’une petite voiture: une Isetta Velam. Dans les années 1960, posséder une voiture était loin d’être la norme. Ça m’a permis d’avoir plus de liberté et de pouvoir sortir avec des amies à l’abri des intempéries!

Juste après, j’ai acheté une Renault 4L, et maintenant je roule en BMW hybride. Je ne suis pas attiré par les grosses voitures.

Pas d’arnaque

Une dépense qui vous énerve, mais à laquelle il faut pourtant se soumettre?

«Ce qui m’agace le plus, c’est de ne pas payer les choses à leur juste valeur. Par exemple: j’ai les moyens de voyager en classe affaires, mais je veille néanmoins à ne pas me faire arnaquer. Je paie seulement quand le prix est justifié. Je peux acheter des tomates à huit euros le kilo si ce sont de ‘vraies’ tomates!

Des choses pour lesquelles vous ne regardez pas à la dépense?

«Je ne me prive de rien, mais je ne jette pas pour autant l’argent par les fenêtres. Je ne suis ni flambeur, ni ‘m’as-tu-vu’. Par contre, j’aime bien voir les gens heureux autour de moi et je n’hésite pas à les aider tant professionnellement que matériellement.

Archéologie biblique

Tour du monde ou villa en Provence?

«Les deux! Nous avons une villa en Provence, à Cotignac, avec 300 oliviers qui nous donnent une belle récolte d’huile d’olive. Mais nous aimons aussi les voyages à thème, en particulier les voyages historiques. Je ne me lasse jamais de l’Italie, en particulier Venise, quelle que soit la période. Nous voyageons aussi beaucoup en Israël, où nous avons de la famille.

Là, je peux profiter de ma passion pour l’archéologie ancienne, et notamment l’archéologie biblique. Nous faisons des excursions archéologiques avec notre ami Israël Finkelstein, auteur de La Bible dévoilée. Nous avons visité grâce à lui le site où se localise l’Arche, sous l’église Notre-Dame de l’Arche d’Alliance.

Chez les autres, à quels signes extérieurs de richesse êtes-vous attentif?

«Les signes ostentatoires de richesse ne m’impressionnent pas. Mon épouse y prête plus attention que moi. Je suis davantage frappé par la capacité de personnes fortunées à rester humainement accessibles.

Déco soignée

Un objet pour lequel vous pourriez avoir le dernier mot à une vente aux enchères?

«Je ne suis pas connaisseur d’art, donc je ne m’y risquerais pas. J’aime néanmoins avoir une belle maison avec une décoration soignée et des meubles de qualité. J’aime beaucoup les architectes designers.

Comment préparez-vous votre retraite?

«Je suis officiellement à la retraite depuis 1998! Je prépare donc davantage ma succession que ma retraite. Et je le fais dans le cadre de mon family office.

Immobilier intelligent

Des conseils d’investissement pour vos enfants?

«Dès qu’on en a la capacité, l’immobilier doit jouer un rôle important dans une stratégie d’investissement. Mais de l’immobilier ‘intelligent’! L’immobilier résidentiel n’est par exemple pas le placement le plus malin. L’immobilier de bureaux et l’hôtellerie sont plus porteurs. J’ai ainsi beaucoup investi dans la pierre au Luxembourg et à l’étranger, par exemple en construisant un hôtel à Miami Beach.

Votre meilleur investissement jusqu’à présent?

«La sicav que j’ai fondée, Digital Funds. C’est toujours une des meilleures en Europe. Sur les 20 dernières années, elle a réalisé un rendement moyen de 10% par an.

Un investissement coup de cœur?

«Le Palácio Ludovice, que j’ai acheté en 2015. Il s’agit d’un immeuble classé du 18e siècle, situé dans le centre de Lisbonne. Nous sommes d’ailleurs en train d’y effectuer des excavations archéologiques à la demande des Monuments historiques. Nous allons le transformer en palace 5 étoiles.»