Dès l’annonce de l’acquisition de Payconiq International et de sa disparition programmée, le CEO Guido Vermeent (notre photo) a démissionné. Ses fonctions seront reprises par son directeur opérationnel Stijn Van Brussel le temps d’assurer la transition. (Photo: Payconiq)

Dès l’annonce de l’acquisition de Payconiq International et de sa disparition programmée, le CEO Guido Vermeent (notre photo) a démissionné. Ses fonctions seront reprises par son directeur opérationnel Stijn Van Brussel le temps d’assurer la transition. (Photo: Payconiq)

L’annonce, par l’EPI Company, conglomérat de 14 banques européennes et de deux sociétés de la tech basé à Bruxelles, de la finalisation du rachat annoncé en avril de Payconiq International a été suivie de la démission de son CEO, Guido Vermeent. L’avenir de cette entité luxembourgeoise qui avait près de 93 millions de pertes reportées fin 2022 sera dans le portefeuille Wero à découvrir… bientôt.

«Je tiens personnellement à exprimer ma gratitude à toutes les parties impliquées dans ces transactions importantes. Je remercie nos actionnaires pour leur confiance continue dans la vision et la mission d’EPI ainsi que les autorités compétentes pour leur examen diligent. Par ailleurs, je souhaite chaleureusement la bienvenue aux employés d’iDEAL et de Payconiq International qui rejoindront la famille EPI. Je pense que leur expertise et leur expérience seront très précieuses pour contribuer au succès d’EPI et de sa solution de paiement Wero.»

Dans le communiqué de presse qui consacre les «fiançailles» annoncées en avril, la CEO d’EPI Company, Martina Weimert, est aussi généreuse en optimisme qu’elle est économe en véritables informations sur la finalisation de ce deal. Pas question de divulguer les informations financières de cette double acquisition, écrit sa responsable des relations publiques. 

«EPI a acheté sur une base de “debt-free and cash-free”. En ce qui concerne le caractère soi-disant déficitaire des activités actuelles de Payconiq, il est important de noter que la société va évoluer et va se transformer pour répondre à la mission de EPI, donc son modèle économique change dès maintenant. Cette acquisition permet à l’EPI d’accélérer le processus pour accéder à l’expertise dans le paiement, aux ressources humaines et à quelques actifs qui, autrement, EPI aurait dû développer et mettre en place par soi-même», font savoir les deux femmes par mail dans la soirée de jeudi, interrogées sur la reprise des pertes reportées de Payconiq International, 93 millions d’euros à fin 2022 pour un chiffre d’affaires qui avait doublé entre 2021 et 2022 à 12 millions d’euros. La survie de l’entreprise luxembourgeoise n’avait été possible que par les perfusions régulières de ses quatre actionnaires (ING Bank NV 44,51%, KBC Bank NV 42,67%, Belfius Bank NV 2,71% et Rabo Foundational Investments BV 10,10% à fin 2022), dont les trois premiers sont dans l’Initiative pour le paiement européen (EPI).

Adieu Payconiq, bonjour Wero

Autrement dit la technologie Payconiq sera intégrée au portefeuille d’EPI, Wero, et EPI n’aura plus besoin de la marque Payconiq. «En effet», indique la CEO via sa responsable des relations publiques, «Wero sera une nouvelle solution et proposition pour l’Europe. L’achat de Payconiq, comme fournisseur de technologie d’iDEAL, par exemple, va nous permettre une transition sûre et contrôlée de cette solution domestique néerlandaise vers Wero, sans risque pour les utilisateurs et les commerçants.»

Ce futur posé, Payconiq International a annoncé elle-même le départ de son CEO, Guido Vermeent. C’est Stijn Van Brussel, jusqu’ici directeur opérationnel de la société, occupe le poste de CEO depuis le 1er novembre 2023. «Grâce à son expertise considérable en matière de gestion opérationnelle et de leadership stratégique, il est le mieux placé pour mener à bien les initiatives stratégiques de l’entreprise. Ce changement organisationnel intervient suite à la récente acquisition de Payconiq International par la société EPI.»

«La famille EPI» est en soi une curieuse expression. L’EPI Company est une société européenne née en 2020 pour révolutionner les paiements en Europe… qui comptait déjà seize actionnaires à ses débuts, sauf que la majorité des banques espagnoles ont disparu du tour de table. À coups d’augmentations de capital, en trois ans, EPI a à sa disposition 329 millions d’euros, selon les derniers documents enregistrés à la Banque Carrefour des entreprises belge – puisque la société à son siège social à Molenbeek. Il n’y a pas de famille mais BFCM, BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole, Deutsche Bank, DSGV, ING, KBC, La Banque Postale, Nexi, Société Générale, Belfius, DZ Bank, ABN Amro, Rabobank et Worldline qui ont apporté des capitaux à un projet de «solution innovante basée sur un nouveau système et une nouvelle plateforme de paiement instantané unifié pour l’Europe».

Dans trois pays clés mi-2024

Fin septembre, l’EPI a indiqué que Wero donnerait «accès à une gamme complète de fonctionnalités, telles que des paiements sécurisés et rapides, des transactions de personne à personne (P2P), des capacités d’achat en ligne, des programmes de fidélité, etc.», qu’il serait «disponible via les applications des banques membres de l’EPI et sous forme d’application mobile sur les plateformes Android et iOS. Actuellement, EPI travaille activement au lancement de Wero d’ici mi-2024 en Belgique, en France et en Allemagne, puis aux Pays-Bas, et vise à s’étendre à d’autres pays dans les années à venir.»

La Belgique, la France et l’Allemagne, avait-elle expliqué plus tôt dans l’année, représentent plus de la moitié «des paiements de détail hors espèces dans la zone euro».

Il sera aussi intéressant de suivre une autre dynamique: si Wordline est elle aussi actionnaire du projet, ce n’est probablement pas pour les beaux yeux des banquiers. Fin 2021, le quatrième acteur mondial sur ce segment avait annoncé un partenariat… avec Payconiq. «Le partenariat entre Worldline et Bancontact Payconiq Company nous permet de proposer aux commerçants un mode de paiement supplémentaire et de répondre ainsi aux besoins changeants du marché. Nous investissons en permanence dans la recherche et le développement pour enrichir nos terminaux de paiement de nouvelles fonctionnalités, telles que la possibilité de lire ou d’afficher des codes QR», a dit le CEO de Worldline Belgique, Vincent Roland. Un mode de paiement supplémentaire.

Enfin, si Payconiq disparaît, quid de Payconiq (Digicash) au Luxembourg, puisque la Spuerkeess (2012), Post (2013), BIL (2014), BGL BNP Paribas (2015) et ING (2017), proposaient cette solution? Aucune des cinq n’est membre du nouveau consortium. Pour le moment.