Sous forme de pilules, ce médicament, qui s’adresse aux personnes adultes sévèrement immunodéprimées ou présentant une pathologie à très haut risque de forme grave, est le premier qui peut être pris à domicile, et non plus seulement en milieu hospitalier. (Photo: Shutterstock)

Sous forme de pilules, ce médicament, qui s’adresse aux personnes adultes sévèrement immunodéprimées ou présentant une pathologie à très haut risque de forme grave, est le premier qui peut être pris à domicile, et non plus seulement en milieu hospitalier. (Photo: Shutterstock)

Approuvé au niveau européen, le traitement anti-Covid Paxlovid, développé par Pfizer, devrait être autorisé dans les jours qui viennent au Luxembourg. Ce traitement par pilules vise les personnes à risque et peut être pris à domicile – et donc changer la donne face au Covid.

L’autorisation du Paxlovid, un traitement anti-Covid développé par Pfizer, est désormais imminente au Luxembourg. Après approbation par l’Agence européenne des médicaments (EMA) et la Commission européenne le 28 janvier, la Division de la pharmacie et des médicaments (DPM), saisie du dossier, devrait donner son aval dans les jours qui viennent, pour une approbation effective au niveau national «au début du mois de février», informe le ministère de la Santé.

Sous forme de pilules, ce médicament, qui s’adresse aux personnes adultes sévèrement immunodéprimées ou présentant une pathologie à très haut risque de forme grave, est le premier qui peut être pris à domicile, et non plus seulement en milieu hospitalier. La posologie est de trois comprimés par jour pendant cinq jours, dès que possible après infection et dans les cinq jours au plus après le diagnostic ou l’apparition des symptômes.

Son efficacité est élevée d’après les études cliniques: lors des tests, le taux d’hospitalisation et de décès était de 0,8% pour les patients ayant reçu le Paxlovid (8 sur 1.039), contre 6,3% pour ceux ayant reçu un placebo (66 sur 1.046), ce qui correspond à une réduction du risque de 88%. En outre, aucune personne ayant reçu le traitement n’est décédée, contre 12 au sein du groupe placebo.

Efficace

Ce traitement, facile à conserver et à administrer, pourrait changer la donne dans la lutte contre le Covid-19. «S’il est aussi efficace que ce que montrent les premiers essais, cela peut changer beaucoup de choses: nous allons pouvoir cibler les personnes à risque et diminuer encore davantage la probabilité qu’elles développent des formes graves», estime ainsi la virologue Danielle Perez-Bercoff, du Luxembourg Institute of Health (LIH). «En outre, elles vont résoudre l’infection plus rapidement. Or, si vous diminuez ne serait-ce que d’un ou deux jours la fenêtre d’infectivité, vous aurez moins de personnes infectées autour de vous, ce qui diminuera l’effet exponentiel de l’épidémie. Donc on sauve des vies et on enraye l’épidémie.»

Le Paxlovid va en outre avoir l’avantage de prendre la relève des traitements à base d’anticorps monoclonaux. Ceux-ci consistent à fabriquer des anticorps de synthèse afin d’empêcher l’infection par le virus en ciblant la protéine Spike, la clé qui permet au virus du Covid de pénétrer dans nos cellules. Mais, s’ils fonctionnaient contre les précédents variants, ces traitements s’avèrent, à quelques rares exceptions près, inefficaces contre Omicron.

Le Paxlovid appartient quant à lui à la famille des traitements inhibiteurs de virus. Il agit à une étape plus tardive, après l’infection, lors du cycle de réplication virale, en empêchant le virus de se multiplier. Or, s’il a été testé sur le variant Delta, ce traitement conserve son efficacité à l’encontre du variant Omicron,

Incompatibilités

Seule ombre au tableau: le Paxlovid pourrait ne pas être compatible avec d’autres traitements, comme ceux reçus par les patients VIH ou ceux avec des problèmes rénaux ou cardiaques. Or, les personnes à risque sont souvent déjà traitées pour d’autres pathologies. «Le cadre clinique va être complexe», prévient ainsi Danielle Perez-Bercoff.

Le Luxembourg s’est en tout cas déjà préparé à recourir au Paxlovid: via des accords bilatéraux, avait prévenu début janvier la ministre de la Santé, (LSAP).