Paul Wurth a fêté ses 150 ans d’existence en 2020. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

Paul Wurth a fêté ses 150 ans d’existence en 2020. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

Déjà actionnaire à hauteur de 59,2%, le groupe allemand SMS est occupé à négocier avec l’État luxembourgeois pour lui racheter les 40,8% qui constituent le solde des parts.

SMS Group, une société allemande active dans le domaine de la construction d’installations et d’équipements destinés au traitement de l’acier et de métaux non ferreux, négocie pour prendre le contrôle à 100% de la société luxembourgeoise Paul Wurth, qui a fêté ses 150 ans d’existence l’année dernière, fleuron de l’industrie grand-ducale. 

L’information a été dévoilée par le Luxemburger Wort. Si la communication du groupe industriel luxembourgeois n’a pas voulu commenter plus avant, le ministère de l’Économie a, de son côté, confirmé l’information à Paperjam. «L’État luxembourgeois a en quelque sorte hérité des parts de Paul Wurth suite à la crise financière de 2008. L’État n’a jamais eu la vocation de s’inscrire sur le long terme au sein de l’actionnariat de l’entreprise. Les négociations sont effectivement en cours, et elles devraient déboucher positivement dans les semaines à venir», y assure-t-on. À noter que le ministère des Finances est également partie prenante.

Dans le détail, depuis 2014, SMS Group est déjà actionnaire de la société luxembourgeoise à hauteur de 59,2%, après avoir racheté . Les 40,8% restants se partagent entre la Société nationale de crédit et d’investissement (SNCI), qui possède 18,84% de Paul Wurth, la Spuerkeess, à hauteur de 10,98%, et l’État luxembourgeois, avec 10,98%.  

Inquiétude sur l’emploi

L’inquiétude se porte sur les emplois. Toujours selon le Wort, le groupe allemand SMS ne respire pas la sérénité, avec une chute de 40% des entrées de commandes sur les derniers mois. De plus, il semble que le groupe allemand envisage des suppressions massives d’emplois. 

Les syndicats, et notamment l’OGBL, sont donc très attentifs. Ce dernier a rapidement réagi en rappelant avoir certaines garanties et espère qu’elles seront respectées. En effet, les partenaires sociaux ont signé en août dernier un plan de maintien dans l’emploi jusqu’en 2023. Un plan excluant les licenciements pour raison économique. L’OGBL a également rappelé avoir signé récemment une convention collective garantissant les conditions de travail des salariés de Paul Wurth jusqu’à la fin d’année 2023.  

«L’inquiétude se porte surtout sur le long terme. De par notre expérience, lorsque l’État vend ses parts d’une entreprise, nous restons sur nos gardes, surtout au niveau de l’emploi. Nous nous interrogeons sur les garanties non pas du maintien de l’emploi, mais de l’emploi tout court», s’interroge Kevin Dechmann, secrétaire central adjoint au sein d’OGBL Services et Énergie.

Le syndicaliste explique que l’inquiétude ne se porte pas tant sur la vente en elle-même ou sur le court terme, mais bien sur le long terme. «La question est de savoir si, dans quatre ou cinq ans, les garanties seront toujours les mêmes, et si l’État pourra encore d’une façon ou d’une autre garder un œil dessus», termine Kevin Dechmann, qui assure qu’«une entrevue avec  (LSAP), ministre de l’Économie, va sans doute être demandée rapidement».  

Même inquiétude du côté du LCGB. Dans un communiqué, il «déplore fortement que la première empreinte de la sidérurgie luxembourgeoise soit vendue à une entreprise étrangère, au sacrifice de son histoire de plus de 150 ans au Grand-Duché et sa forte identité économique. De plus, aujourd’hui, le groupe SMS doit faire face à une importante restructuration. Voilà pourquoi le LCGB insiste quant au fait d’obtenir les garanties nécessaires que cette refonte du groupe n’aura pas de répercussions négatives sur l’emploi au Luxembourg. Heureusement, l’entreprise ‘phare’ Paul Wurth a su faire preuve d’adaptation technologique, et se concentre sur une stratégie de développement de procédés d’avenir de fabrication de l’acier très réputés à travers le monde.»

Le LCGB a également demandé une entrevue avec le ministre de l’Économie.

Du côté du ministère de l’Économie, sans rentrer dans les détails des négociations, on assure que le maintien de l’emploi est un élément important dans cette négociation et que le groupe allemand SMS souhaite implanter au Luxembourg son centre de recherche sur l’hydrogène.