Présentée par le Premier ministre (DP) comme un face à la crise sanitaire et à ses conséquences sociales, la hausse de 2,8% du salaire social minimum (SSM) à partir du 1er janvier 2021 provoque l’ire du patronat.
«Une telle hausse dans le contexte de crise économique actuel n’est tout simplement pas soutenable», a promptement protesté l’Union des entreprises luxembourgeoises par voie de communiqué. Elle évalue à plus de 60 millions d’euros le surcoût engendré pour les entreprises, qui «impacterait spécifiquement les secteurs qui emploient un grand nombre de salariés rémunérés au SSM alors qu’il s’agit déjà des secteurs qui sont le plus touchés par la crise (minimum 8 millions d’euros pour l’horeca et 15 millions d’euros pour le commerce et le transport)».
Les ténors des organisations patronales ont décliné leur stupéfaction et leur désapprobation sur Twitter. , nouveau président de l’UEL, se dit «consterné».
, secrétaire général de la Fédération des artisans, demande au gouvernement s’il «fait beau sur votre planète».
Tandis que , directeur de la Confédération luxembourgeoise du commerce, souligne le mauvais timing de la décision.
Il s’agit ni plus ni moins que d’«un signal fatal aux petites et moyennes entreprises», estime la Confédération des classes moyennes (membre de la FDA), selon laquelle l’annonce de M. Bettel «a eu l’effet d’une bombe», provoquant «l’incompréhension, la colère et la résignation» des PME.
«La décision d’appliquer une augmentation du salaire social minimum dans la situation actuelle est une décision politique», poursuite la CCM. «Contre le bon sens économique, contre la capacité des entreprises à préserver les emplois et à en créer de nouveaux et, en fin de compte, contre les salariés employés dans les secteurs concernés.»
Une décision d’autant moins acceptée que « le gouvernement refuse [aux indépendants] un salaire de remplacement, comme tout employé y a droit dans le cadre du chômage partiel», alors même que les indépendants «sont deux fois plus exposés au risque de pauvreté que les salariés».
Une remise en cause de l’adaptation du SSM
Au-delà du moment choisi alors que les entreprises peinent déjà à se remettre du premier confinement et se préparent à une nouvelle période perturbée, l’UEL déplore le principe même d’une nouvelle augmentation du SSM.
«Cette hausse viendra s’ajouter à une augmentation cumulée totale du SSM de plus de 70% depuis 2000», indique-t-elle dans son communiqué. «Rien que sur les deux dernières années, le SSM s’est envolé de plus de 7%! Ce dérapage est d’autant plus préoccupant que le SSM est totalement déconnecté de la réalité du marché de l’emploi de nos pays limitrophes (et même de l’ensemble des pays européens).»
L’UEL déplore le mécanisme d’adaptation du SSM car celui-ci est tiré vers le haut par les hausses de salaire dans certains secteurs comme la finance ou l’IT, ce qui pèse sur la productivité dans les secteurs où il est le plus pratiqué. «En conséquence, ces derniers voient leurs charges salariales augmentées, infligeant une nouvelle perte de compétitivité vis-à-vis des entreprises des pays limitrophes (non soumises à ce mécanisme) et augmentant le risque de perdre d’éventuels marchés publics», explique l’UEL.
Celle-ci met en garde contre le risque accru de faillites d’entreprises. Et conclut qu’«il est naïf de penser que nous résoudrons le problème du coût croissant du logement en augmentant le SSM».
Quant à la compensation prévue par le gouvernement, elle s’avère insuffisante selon l’UEL. «L’annonce d’une compensation de 500 euros par salarié bénéficiant du SSM (et SSM qualifié) jusqu’à fin juin pour les seules entreprises bénéficiant du plan de relance (secteurs vulnérables) est une maigre consolation, car la hausse du coût salarial liée à cette décision perdurera bien au-delà de cette date et impacte la compétitivité de toutes les entreprises du pays.»