L’aviation d’affaires reste en partie à l’arrêt, ce qui n’empêche pas Patrick Hansen, CEO de Luxaviation, de poursuivre les acquisitions.  (Photo: Patrick Hansen)

L’aviation d’affaires reste en partie à l’arrêt, ce qui n’empêche pas Patrick Hansen, CEO de Luxaviation, de poursuivre les acquisitions.  (Photo: Patrick Hansen)

Le Covid-19 fait vivre aux CEO un été pas comme les autres. Chaque semaine, nous les interrogeons sur leur stratégie pour la reprise. Patrick Hansen, qui pilote Luxaviation, proposera des vols plus courts et poursuit ses investissements dans les terminaux VIP.

Confortablement installé dans le fond de son fauteuil en cuir, lisant le journal en buvant son café sur un vol privé Luxembourg-New York… Une scène devenue rare à cause du Covid-19, qui a mis à mal l’aviation d’affaires. En témoigne Luxaviation, l’opérateur spécialisé dans ce domaine, qui vole dans 114 pays et possède des bureaux dans 47 d’entre eux. Patrick Hansen, âgé de 47 ans et à la tête de l’entreprise de 1.500 salariés depuis 2010, nous raconte comment il traverse cette crise.

Aujourd’hui, peut-on dire que l’aviation d’affaires a repris?

. – «Cela reprend surtout pour les petits vols, nous tournons autour de 70-80% de l’activité habituelle. Les gens n’aiment plus aller dans les avions et aéroports commerciaux, l’aviation d’affaires peut représenter une alternative. Mais pas du tout pour les longs courriers, où l’on n’est même pas à 10%. Plus personne ne se déplace aux États-Unis ou en Afrique. Alors que nous sommes surtout spécialisés dans les gros avions et les vols très longs.

La gestion d’avions et d’hélicoptères représente 59% de votre activité. Le reste se partage entre les terminaux VIP et les autres services. Est-ce que cette diversification vous a aidé?

«Être diversifié permet en général de diminuer les risques. Mais ici, la crise a affecté tous nos services. Contrairement à beaucoup de nos concurrents, nous ne sommes pas propriétaires de notre flotte de 250 avions. Ils sont détenus par des propriétaires, et nous les gérons pour eux. Ce business model particulier nous a permis de survivre à cette crise, car même si l’avion ne vole pas, le propriétaire doit payer son management fee. Nous avons aussi pu continuer de facturer nos services de hangars et parkings dans les terminaux VIP. En revanche, toute la partie chart était à l’arrêt, il n’y avait plus de vente de fioul et autres fournitures.

Alors en moyenne, quel est l’impact de la crise sur votre chiffre d’affaires?

«C’est difficile à estimer, nous ne savons quand les pays vont rouvrir. On peut parler d’une baisse de 30% de notre chiffre d’affaires sur l’année, qui s’élevait à 550 millions d’euros en 2019.

Quelle stratégie adoptez-vous pour la reprise?

«Il fallait qu’on fasse un certain nombre de restructurations pour pouvoir sortir de cette crise. Nous avons fermé plusieurs de nos bureaux en Angleterre fin mai, parce que le Brexit, ajouté au Covid-19, créait beaucoup trop d’incertitudes et parce que le coût des bureaux y est plus élevé que dans d’autres pays. Nous avons acheté des sociétés en Roumanie et au Portugal pour y transférer ces activités. Nous avons aussi acquis un .

Avez-vous d’autres projets stratégiques pour la suite?

«Nous avons la chance d’avoir vendu nos centres de maintenance à Dassault, ce qui nous permet de poursuivre nos investissements. Certains ont été annulés, comme en marketing, d’autres vont encore se faire.

Nous sommes en train de regarder trois autres dossiers pour faire des acquisitions de terminaux VIP. Leur nom reste confidentiel. Au moins deux devraient se faire dans les prochains mois.

Nous développons aussi des produits adaptés pour les suites du Covid-19 et avons commandé 24 avions pour faire des vols plus petits. J’attends la livraison du premier pour mi-août. Nous allons en placer dans quatre ou cinq pays – Luxembourg, Belgique, France, Allemagne, Portugal (le nom du producteur et le montant de l’investissement restent pour le moment confidentiels, ndlr).»