Patrick Dury et le LCGB mettront la justice sociale au cœur des revendications à venir. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Patrick Dury et le LCGB mettront la justice sociale au cœur des revendications à venir. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Patrick Dury, président du syndicat LCGB, présente les grands dossiers qui seront traités lors de cette rentrée sociale et les grands enjeux qui se dessinent.  

Quels seront les principaux enjeux de cette rentrée?

. – «On espère avoir laissé le pire derrière nous. On espère aussi que le taux de vaccination va encore augmenter, pour espérer voir la fin de cette crise. Il va alors falloir s’intéresser à cette sortie de crise, à la relance économique, à la fin des aides étatiques, aux dégâts de la crise sanitaire sur l’emploi, le chômage partiel, les entreprises, les faillites. Plus largement, nous allons être attentifs à la façon dont l’activité économique va se développer.

Plus précisément, avez-vous déjà mis à l’agenda des dossiers prioritaires?

«Après la relance économique et l’emploi, une des priorités sera de s’intéresser aux séquelles qui ne sont pas visibles, car cela nous inquiète. Je pense en particulier au trou de la Caisse nationale de santé (CNS). Je sais que des dispositions ont été prises pour le combler, dans la mesure où il y a eu un recul des recettes et des dépenses considérables en lien avec la pandémie. Mais c’est d’autant plus important que nous allons remettre en avant des dossiers dont nous parlions avant la crise. Il était question d’une amélioration du niveau des prestations, notamment des soins dentaires, ou encore d’une nouvelle nomenclature des remboursements de soins de santé.

Autre priorité, la digitalisation. . Nous avons obtenu des avancées en ce qui concerne le télétravail, mais il y a encore à faire en la matière, avec notamment le droit à la déconnexion. Nous revendiquons une adaptation du Code du travail en lien avec la digitalisation. Toujours dans ce dossier, nous nous intéresserons aux nouvelles formes de travail, notamment via les plateformes numériques comme Uber. Cette crise a peut-être changé nos habitudes de vie et de consommation, mais nous ne voulons pas de précarisation de l’emploi, nous voulons une sécurité sociale stable qui offre une protection sociale satisfaisante et optimale.


Lire aussi


La sidérurgie et Liberty Steel suscitent encore votre vigilance…

«Nous avons toujours une inquiétude pour Liberty Steel. La situation reste compliquée à Dudelange et ce n’est pas à cause de la crise sanitaire. Il y a eu beaucoup de spéculation, de problèmes de liquidité et de versement, c’est donc très préoccupant. D’autant plus que le marché de l’acier est en plein essor et que l’entreprise ne peut pas en profiter. Donc, sur ce dossier aussi, nous allons rester attentifs aux solutions proposées par le gouvernement. C’est surtout l’emploi qui m’inquiète. Des emplois créés dans les années 1990, anciennement au sein de Galvalange puis ArcelorMittal, avec un important soutien de l’État.

Il y a aussi Luxair que nous allons suivre avec un grand intérêt. . Il va y avoir un comité de suivi prochainement afin de regarder comment pallier le sureffectif d’un côté et la reprise de l’activité économique de l’autre.

Le fonctionnement de la tripartite nationale actuelle ne peut pas nous donner satisfaction.
Patrick Dury

Patrick DuryprésidentLCGB

Un dernier dossier qui vous apparaît à traiter en urgence?

«Depuis des années, nous revendiquons et nous œuvrons pour une plus grande justice sociale au Luxembourg. Ce dossier est vaste et très connecté à d’autres sujets. Par exemple, la crise du logement – et sa hausse des prix – a un impact négatif sur le pouvoir d’achat. Toute la question est de savoir comment le gouvernement va s’y prendre pour apporter plus d’équité sociale. Visiblement, il n’y aura pas de réforme fiscale dans l’immédiat. On trouve important d’avoir des allègements supplémentaires pour les bas et les moyens salaires pour justement œuvrer à une politique de sauvegarder des existences, de sauvegarde du pouvoir d’achat.

L’idée d’une nouvelle tripartite nationale est-elle toujours d’actualité?

«Le fonctionnement de actuelle ne peut pas nous donner satisfaction. Je ne peux pas dire que rien n’a été fait pendant cette crise et beaucoup d’aides ont été distribuées à plusieurs niveaux. Mais maintenant, nous attendons un état des lieux clair. Le but étant de faire l’inventaire des problèmes que l’on connaît, de trouver des solutions aux problèmes spécifiques, mais surtout des aides qui ont été versées.

On parle souvent du coût de cette crise, par exemple du chômage partiel, mais sans cette aide, le chômage aurait explosé. Je souhaite disposer d’une image fidèle de l’action du gouvernement. C’est tout l’enjeu de cette tripartite. Ensemble, on peut faire une analyse de ce qui a été fait, ce qui a fonctionné ou non, de ce dont on a encore besoin pour un dernier effort et sortir de cette crise.

La rentrée s’annonce donc chargée?

«Je pense que notre cartable est déjà bien rempli pour la prochaine rentrée.»