Une sélection de photos de Pasha Rafiy est présentée au Liar New York. (Photo: Pasha Rafiy)

Une sélection de photos de Pasha Rafiy est présentée au Liar New York. (Photo: Pasha Rafiy)

Le photographe Pasha Rafiy présente actuellement l’exposition «Corners» à New York, au tout récent Luxembourg Institute for Artistic Research, avec la complicité de Sofia Eliza Bouratsis pour le commissariat. Étant donné les conditions de confinement, l’exposition se déroule en ligne et dans l’espace public.

Sofia Eliza Bouratsis a été mandatée par le Luxembourg Institute for Artistic Research (Liar) pour curater une exposition à New York. Elle a choisi de présenter le travail de Pasha Rafiy en opérant une sélection de photos tournant autour de la notion d’intériorité, en écho aux conditions de vie particulières que nous traversons actuellement.

«Une manière de créer une sorte d’autoréférentialité entre le fait de proposer une exposition en ligne, tout en sachant que cette expérience sera le plus probablement vécue par le public depuis un endroit intime et familier – le chez-soi de chacun – , et le fait de proposer, à travers cette exposition, la découverte d’autres espaces intérieurs, d’autres intimités», explique la commissaire.

Le choix de photos présentées à cette occasion dévoile une partie moins connue du travail de Pasha Rafiy, photographe d’origine iranienne, mais ayant grandi au Luxembourg, qui a surtout présenté ces dernières années des portraits de personnalités du monde politique, artistique, philosophique ou de l’architecture. Il a eu notamment une grande visibilité avec , dans lequel il suit le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères .

Pour l’exposition «Corners», le photographe dévoile un ensemble de photos de coins, des espaces intérieurs et extérieurs, «qui révèlent certaines manières de vivre ensemble, des valeurs partagées ou au contraire qui séparent, mais aussi l’expression de désirs et espoirs», explique la commissaire. «Aucune de ces photos n’est liée au Covid, mais les circonstances actuelles nous permettent de leur donner un autre sens.»

On y découvre des espaces construits, mais dépourvus de toute présence humaine, des espaces porteurs d’histoires, individuelles ou collectives, comme cette salle d’accueil du ministère des Affaires étrangères à Moscou, une salle richement décorée, mais aussi l’antichambre d’un lieu où d’âpres discussions sont menées. Ou cette chambre sobrement meublée dans une maison de famille, qui n’est autre que la chambre de l’oncle du photographe décédé quelques jours avant la prise de vue. Ou encore cette photo représentant le fond délabré d’une piscine vidée prise à Téhéran, une piscine d’une résidence luxueuse pourtant, mais qui ne peut plus être remplie depuis des années tellement l’eau coûte cher. C’est cette dernière photo qui a été choisie pour être exposée dans une vitrine, grâce au soutien du Focuna (oui, à New York, tout coûte cher, même la location d’une vitrine en temps de Covid), et qui est aussi une évocation des relations politiques entre les USA et l’Iran, un des sept pays musulmans pour lesquels Trump avait interdit l’entrée de leurs ressortissants sur le territoire américain, une mesure «qui touche le fond».

Vue de l’accrochage dans la vitrine à New York. (Photo: Liar New York)

Vue de l’accrochage dans la vitrine à New York. (Photo: Liar New York)

Étant donné les conditions sanitaires qui doivent être respectées actuellement à New York, . Il s’agit d’un nouvel espace d’art indépendant créé fin 2020 par le couple composé de la curatrice Casey Detrow et de l’artiste Vince Tillotson. Elle est Américaine, lui, Luxembourgeois, et, après avoir vécu à Berlin, sont désormais installés à New York. Le souhait de ces trentenaires à travers la création du Liar? Soutenir la création et provoquer des échanges culturels entre le Luxembourg et New York en organisant des expositions, des résidences ou des événements. C’est aussi une plateforme pour la recherche artistique. À ce jour, à cause des restrictions sanitaires, le Liar fonctionne en ligne. Le prochain invité de la plateforme sera Mike Bourscheid.

L’installation à New York se trouve au 41, Orchard Street, dans le Lower East Side.

Une discussion autour de l’exposition est organisée sur Zoom le 23 janvier à 17h (Luxembourg) et à 11h (New York), avec un maximum de 15 participants. Inscription obligatoire par e-mail ([email protected]) avant le 18 janvier.