Si s’inscrit dans la lignée de , l’ancien ministre des Finances récupérera «son» ministère – les Finances – en même temps que le rang de Premier ministre et ministre d’État. M. Juncker n’avait abandonné ce portefeuille à son dauphin qu’en 2009, après lui avoir déjà confié tour à tour le Trésor, le Budget, la Justice et même les Relations avec le Parlement. Lundi, au château de Senningen, au moment d’annoncer finaliser un accord entre le CSV et le DP, le formateur a éludé la question d’un «chaque chose en son temps», témoignant une nouvelle fois de son attachement au respect des étapes prévues par la Constitution.
Il ne s’agirait pas seulement de s’inscrire dans une quelconque lignée, mais d’avoir une vue précise de la situation à chaque instant, compte tenu des nuages qui se sont amoncelés au-dessus de la tête des Luxembourgeois depuis quelques mois, même si seulement quelques mètres et une grille séparent le ministère d’État de la rue de la Congrégation, où se trouve le ministère des Finances.
À moins de vouloir permettre à de continuer sa mission, elle qui a longtemps été plus proche du CSV que du DP. Entre 2010 et 2016, elle aura été conseillère diplomatique et sherpa de Jean-Claude Juncker et . Mme Backes, serviteur dévoué de l’État, pourrait aussi tout à fait reprendre le ministère de l’Économie, ce qui aurait aussi le mérite d’être acceptable par les deux partis de la coalition.
Comme nos confrères de 100,7 l’avaient indiqué vendredi, le gouvernement devrait se composer de huit ministres chrétiens-sociaux, sept ministres libéraux et aucun secrétaire d’État. Il y avait 14 membres dans le gouvernement Juncker de 1999 (12+2 secrétaires d’État) et 15 dans le suivant de 2004-2009 (14+1 secrétaire d’État).
Le «Zäit fir eng nei Politik» («il est temps pour une nouvelle politique»), mantra de campagne du CSV, ne viendra donc pas du nombre. Probablement davantage par les noms de ceux se verront confier un de ces porte-feuilles.
À peu près tout le monde prédit à Xavier Bettel le strapontin de chef de la diplomatie, un rôle où il aura encore cette belle visibilité qu’il aime tant, lui qui a passé son temps à dire que la fonction ne lui était pas importante du moment qu’il pouvait servir son pays. Il lui reviendrait alors de succéder à l’inamovible Jean Asselborn, qui s’est préparé depuis 10 ans, répétait-il avec malice, à quitter son poste pour aller enfourcher la petite reine davantage qu’un mois par an.
Un Premier ministre, 14 ministres
Luc Frieden a rappelé que les ministères refléteraient les priorités de son programme de campagne et de six de celles du DP.
- On l’imagine mal ne pas avoir une série de sept ministères «classiques» (Justice, Économie, Finances, Emploi, Affaires étrangères, Intérieur et Sécurité, Armée).
- Ni même se passer de quatre porte-feuilles liés à l’environnement politique: la Fonction publique, la Réforme administrative et la Politique communale, la Culture, l’Agriculture et la Viticulture.
- Si l’éducation devient une «life-long issue», pourquoi ne pas imaginer un ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Formation professionnelle?
- Il lui faudra un puissant ministre du Logement. Puissant compte tenu de l’ampleur de la crise actuelle et qui soit capable de mettre à la fois tout le monde autour de la table et tout le monde d’accord. Sans une sorte d’«union nationale» qui s’affranchisse des critiques déjà connues de la gauche du champ politique, le pays aurait un très sérieux problème.
- À ses côtés, il pourrait aussi y avoir un ministre du Green Deal, qui regroupe les compétences environnementales, énergétiques, de mobilité et d’aménagement du territoire, ce qui pourrait donner de la cohérence globale et un signal fort à ceux qui doutent que cela reste une priorité d’un gouvernement dont les Verts ont été éjectés.
- Les convictions du parti senior devraient aussi aboutir à un ministère de la Famille auquel on pourrait rattacher la Jeunesse, voire l’Enfance – compte tenu des risques de pauvreté et d’exclusion qui pèsent sur cette partie de la population.
- La dimension sociale pourrait aussi s’exprimer dans un grand ministère de la Santé, de la Sécurité sociale, des Affaires sociales, de l’Égalité des chances et de la Protection des consommateurs.
Plus que les postes en eux-mêmes, ce sont les intentions de chacun de ces départements qu’il faudra regarder à la loupe pour avoir une meilleure idée des objectifs du futur gouvernement. Peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse.