Ornella Romito (troisième en partant de la gauche), à l’origine de la pétition, était accompagnée de trois autres femmes et a pu notamment échanger avec Nancy Kemp-Arendt (CSV), présidente de la commission des pétitions. (Photo: Chambre des députés)

Ornella Romito (troisième en partant de la gauche), à l’origine de la pétition, était accompagnée de trois autres femmes et a pu notamment échanger avec Nancy Kemp-Arendt (CSV), présidente de la commission des pétitions. (Photo: Chambre des députés)

La pétition demandant un aménagement du planning en cas de règles douloureuses était au cœur d’un débat public à la Chambre, mercredi 6 octobre. Même si la pétitionnaire n’a pas obtenu gain de cause, les discussions vont tout de même se poursuivre afin de trouver des solutions.

Il n’y aura pas de dispense de travail pour les femmes qui ont leurs règles. Bien que la pétition 1865, lancée au mois de mai dernier, ait recueilli 2.400 signatures en 24 heures et – elle en a recueilli au total 4.805 –, il a été décidé, mercredi 6 octobre, lors du débat public qui a eu lieu à la Chambre des députés, qu’il n’y aurait pas de dispense.

Ornella Romito, à l’origine de la pétition 1865, était donc à la Chambre des députés ce mercredi – le débat a eu lieu dans la salle plénière, une première après plusieurs mois passés au Cercle Cité –, accompagnée de trois autres femmes témoignant sur le sujet. Face à elles, les députés membres des commissions parlementaires concernées (pétitions, travail, de l’emploi et de la sécurité sociale). Le ministre du Travail (LSAP) était également présent. Elles ont pu exposer leurs arguments, et les députés et ministres poser leurs questions.

Les discussions vont se poursuivre

Danielle Choucroun, docteur – sexologue, a ainsi expliqué le tabou autour des menstruations féminines, et les douleurs que peuvent subir certaines femmes. «Elles peuvent avoir des maux de tête, voire des malaises, et travailler avec la douleur est très difficile, la douleur fatigue. Pour les femmes victimes de pathologies comme le syndrome des ovaires polykystiques ou l’endométriose, les douleurs sont très difficiles à vivre et il existe très peu de solutions médicamenteuses pour les soulager.»

Appelée à tort «congés menstruels», cette pétition avait pour but «de permettre aux femmes d’obtenir une dispense d’au moins deux jours afin de pouvoir rester à la maison et de ne pas avoir à se forcer, voire se torturer à devoir aller travailler avec des douleurs abdominales. Il ne s’agit pas de devoir se déclarer malade tous les mois et donc de se sentir coupable d’avoir un certificat médical, il s’agit d’aider les femmes», a précisé Ornella Romito à la Chambre.

Et même s’il n’y aura pas de dispense de travail, «les discussions continueront pour trouver des solutions pour celles souffrant particulièrement de menstruations douloureuses au travail», a précisé le ministre du Travail Dan Kersch. Quatre ministres devraient se réunir prochainement en commission parlementaire jointe (travail, égalité des chances, santé et éducation) pour envisager des pistes dans le but de faciliter la situation des femmes concernées, et ce surtout dans le monde du travail. Une autre piste envisagée suite aux discussions avec les membres de deux commissions parlementaires (travail et pétitions) et du ministre du Travail Dan Kersch consiste à davantage sensibiliser les chefs d’entreprise sur la situation des femmes concernées.

Une stigmatisation des femmes pour certains

Qu’en est-il ailleurs dans le monde? Chez nos voisins français, une entreprise de Montpellier a été la première à mettre en place un «congé menstruel» le 1er janvier 2021. Au sein de la scop La Collective, le personnel féminin bénéficie d’un jour de congé payé supplémentaire. Cette initiative n’a par ailleurs pas fait l’unanimité puisque plusieurs associations féministes l’ont dénoncée, expliquant qu’elle stigmatisait les femmes et que cela pourrait conduire les employeurs à privilégier le recrutement de salariés masculins. «C’est pour cela que nous ne demandions pas un congé, mais la possibilité d’aménager notre planning en cas de règles douloureuses», précise Ornella Romito.

Certains pays, comme le Japon ou la Corée du Sud, ont inscrit ce congé dans la loi – depuis 1947 pour le Japon et depuis 1950 pour la Corée du Sud –, mais il y est au final ignoré parce que mal vu. Au Japon, il était destiné au départ aux femmes travaillant dans les usines, mais les entreprises ne le rémunèrent pas, et moins de 1% des salariées le réclament.