Quel bilan dressez-vous des 15 années d’existence de LFF?
– «Plutôt que de dresser un bilan, nous préférons anticiper sur les cinq prochaines années. Le monde a tellement changé, rien qu’au cours des trois dernières années, que ça n’a pas beaucoup de sens de faire le bilan des 15 années passées. D’autant plus que LFF n’existe qu’à travers ce que le Luxembourg peut offrir.
Quel est donc le succès de Luxembourg en tant que centre financier?
«L’emploi dans le secteur financier n’a cessé d’augmenter durant les 10 dernières années. Sur cette même période, la Place a connu une croissance annuelle de presque 2%, avec plus de 63.000 personnes qui y travaillent aujourd’hui. Le secteur contribue à près de 75% des recettes de l’impôt sur les sociétés et de l’impôt communal. La contribution de l’industrie financière au PIB a un peu reculé, mais se situe toujours autour de 25%.
Lire aussi
Quels marchés stratégiques retiennent votre attention?
«Nos principaux marchés sont l’Europe occidentale, avec la Suisse et le Royaume-Uni, l’Amérique du Nord et l’Asie, avec un intérêt pour la Corée du Sud, le Japon et la Chine. Les marchés émergents, comme l’Inde et le Vietnam, vont également prendre de plus en plus d’importance.
Quid des marchés africains?
«Jusqu’à présent, nos priorités ont été ailleurs. Avec les sources de croissance qui évoluent, nous allons peut-être devoir considérer certains marchés africains à l’avenir.
À l’étranger, comment définissez-vous la place financière luxembourgeoise en tenant compte des atouts des centres financiers concurrents?
J’explique à mes interlocuteurs étrangers que la Place se définit par sa complémentarité, en leur faisant comprendre que sa valeur ajoutée se trouve dans l’expertise multijuridictionnelle que les acteurs financiers viennent y chercher. Luxembourg n’est pas concurrente de Paris ou Francfort.
Réaliser une campagne à l’étranger pour recruter des talents est une chose, mais encore faut-il s’attaquer à la base du problème: le coût du logement.
Au niveau local, quels obstacles pourraient venir entraver son développement?
«Le coût de la main-d’œuvre au Luxembourg et la digitalisation amènent à la rationalisation de certaines activités.
Avec un risque de perte de compétitivité?
«La pénurie de talents est le problème numéro un de la Place. De nombreux acteurs ne peuvent plus développer l’activité qu’ils avaient prévue au Luxembourg. Ils vont, dès lors, devoir la développer ailleurs. C’est un problème sur lequel il faut travailler de toute urgence en 2023. Réaliser une campagne à l’étranger pour recruter des talents est une chose, mais encore faut-il s’attaquer à la base du problème: le coût du logement. Quel que soit le prochain gouvernement, il faudra qu’il réalise que notre économie en dépend.
Au niveau international, comment voyez-vous les influences extérieures à la Place?
«Les marchés baissent et les avoirs sous gestion dans les fonds sont passés de presque 6.000 milliards au début de 2022 à 5.300 milliards. De plus, le contexte réglementaire fait qu’il est presque devenu suspect de fournir des services d’un pays vers un autre. L’enjeu est clairement systémique pour le Luxembourg.»
Cet interview a été rédigée pour l’édition magazine de parue le 25 janvier 2022. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Elle est publiée sur notre site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.
.
Votre entreprise est membre du Paperjam + Delano Business Club? Vous pouvez demander un abonnement à votre nom. Dites-le-nous via