Un rooftop prestigieux est un atout indéniable pour la scène gastronomique et festive d’une capitale. Qu’il manque pour le moment encore au centre-ville de Luxembourg. Qui obtiendra celui du Royal-Hamilius? Pas le Buddha-Bar, en tout cas…  (Visuel: Ierace Dechmann + Partners/archives)

Un rooftop prestigieux est un atout indéniable pour la scène gastronomique et festive d’une capitale. Qu’il manque pour le moment encore au centre-ville de Luxembourg. Qui obtiendra celui du Royal-Hamilius? Pas le Buddha-Bar, en tout cas…  (Visuel: Ierace Dechmann + Partners/archives)

Information Paperjam. À défaut de savoir quelle enseigne s’installera finalement au très chic dernier étage du centre Royal-Hamilius, on sait qui n’en sera pas: l’enseigne internationale Buddha-Bar, portée par des investisseurs locaux.

La saga est digne d’une grande production estivale de TF1... Depuis au dernier étage du Royal-Hamilius, les rumeurs vont bon train sur qui obtiendra finalement le «spot» tant convoité. En fin de semaine dernière, un projet prometteur, concession de la marque internationale Buddha-Bar portée par des investisseurs locaux, a ainsi appris avec surprise qu’il n’était pas retenu...

Selon Pierre Thomas, porteur du projet Buddha-Bar aux côtés, entre autres, d’Arnaud Molière et du groupe Espaces Saveurs de Dominique Colaianni et Olivier Fellmann, «c’est une grande déception de ne pas avoir concrétisé ce projet. La réputation de Buddha-Bar, notre connaissance du marché luxembourgeois, la stratégie et les projections proposées nous semblaient correspondre en tous points à ce qu’il faut pour faire vivre un espace aussi grand et prestigieux.»

Pierre Thomas, investisseur et porteur du projet Buddha-Bar pour le rooftop du Royal-Hamilius, qui n’a finalement pas été retenu…   (Photo: Jan Hanrion/archives Maison Moderne)

Pierre Thomas, investisseur et porteur du projet Buddha-Bar pour le rooftop du Royal-Hamilius, qui n’a finalement pas été retenu…   (Photo: Jan Hanrion/archives Maison Moderne)

Les propriétaires ont tranché

Selon l’ancien éditeur du magazine «Nightlife», la décision ne serait venue ni de la société Codic, toujours chargée de la commercialisation des espaces du Royal-Hamilius, ni de Firce Capital, l’asset manager du fonds souverain d’Abu Dhabi Adia, mais bien de ce fonds directement. Le propriétaire des murs aurait donné sa préférence à un projet moins connu, mais qui aurait cédé à toutes les demandes du fonds émirati... Une information que n’a pas souhaité confirmer ni infirmer Firce Capital.

Pourtant, le dossier de candidature comportait des données alléchantes: 3,6 millions d’euros d’investissement, 50 emplois directs créés, une ouverture d’un second établissement à moyen terme, deux ouvertures Buddha-Bar en Europe supplémentaires cette année (Venise et Malte), 1 million d’abonnés sur la page Facebook de Buddha-Bar...

Des visites et des offres locales sans suite

Ce projet n’est pas le seul à ne pas voir ses envies de rooftop royal exaucées. D’autres noms solides de la restauration luxembourgeoise, spécialisés dans l’exploitation d’établissements à grand volume, semblent avoir déjà fait les frais de ces derniers mois d’indécision quant à l’avenir de ce dernier étage.

J’ai effectué plusieurs visites sur place, mais lorsqu’il a été question de parler plus sérieusement de modalités, je n’ai jamais reçu de retour.

Remy Mansopropriétaire du restaurant El Barrio

Remy Manso, propriétaire de nombreux restaurants au Kirchberg, comme El Barrio, JFK ou Piri Piri, confie ainsi à Paperjam: «J’ai effectué plusieurs visites sur place, mais lorsqu’il a été question de parler plus sérieusement de modalités, je n’ai jamais reçu de retour. Nous avions pourtant rencontré un représentant de Manko qui nous avait proposé de reprendre une partie des installations déjà mises en place. Tout cela paraissait flou, et le silence des propriétaires m’a convaincu de ne pas donner suite... C’est à mon sens un projet qui doit se construire avec une certaine complicité entre l’exploitant et le propriétaire pour être viable, et je ne me voyais pas engager mon nom dans ces conditions…»

Gabriel Boisante et ses associés Ray et Tom Hickey ont quant à eux «été en contact avec Codic au tout début du projet, avant même l’annonce de la venue de Manko, mais les conditions ne nous ont pas donné envie de donner suite». Ils ne seraient ainsi même pas allés jusqu’à la visite…

Enfin, Sébastien Sarra, le patron de la célèbre Brasserie Guillaume, de L’Osteria, de L’Altra Osteria et du Pas Sage, n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet pour le moment.

Pluralité des décideurs, loyer et charges exorbitants (le chiffre de 45.000 euros hors charges et autres frais circule depuis plusieurs mois), situation incertaine – notamment quant à la présence essentielle sur place des Galeries Lafayette, qui sont pourtant déjà en renégociation de bail... les facteurs semblent s’accumuler pour tenir à distance les entrepreneurs locaux et octroyer à un grand groupe international et flexible la gestion de ce rooftop décidément sulfureux. Mais ce ne sera pas le Buddha-Bar…