La proposition de Carlo Thelen et de la Chambre de commerce de passer à une indexation dégressive, une seule fois par an et basée sur un indice santé à la belge, n’a pas séduit les représentants des partis politiques. (Photo: Chambre de commerce)

La proposition de Carlo Thelen et de la Chambre de commerce de passer à une indexation dégressive, une seule fois par an et basée sur un indice santé à la belge, n’a pas séduit les représentants des partis politiques. (Photo: Chambre de commerce)

Face à des entreprises qui se plaignent de devoir supporter les indexations à répétition, les partis politiques ont plutôt défendu le maintien du statu quo, lundi soir à la Chambre de commerce. À l’exception de Fokus et des Pirates.

«Pour certains, c’est une pizza de plus. Pour d’autres, c’est l’équivalent d’une croisière! Je dois être le seul qui trouve que le système d’indexation actuel n’est pas juste.» Le fondateur de Fokus, , assume. Lundi soir, à la Chambre de commerce, l’ancien député européen est le seul qui ait rejoint l’idée de l’institution de revoir l’indexation automatique.

, , en trois axes: une seule indexation par an, une indexation intégrale de 2,5% jusqu’à 1,5 fois le salaire médian (5.310 euros bruts en 2021) – donc en réalité un maintien pour 70% des salariés – et une «indexation» dégressive ensuite (133 euros entre 5.310 et 14.410 euros par mois puis jusqu’à zéro au-delà de 17.700 euros.

Lundi soir, le directeur de la Chambre de commerce, , est allé encore un cran plus loin en ajoutant la mise en place d’un «panier durable» de produits différents pour jauger l’inflation et servir de base au déclenchement de l’index – ce qui pourrait par exemple avoir pour impact de «neutraliser» les hausses du coût de l’énergie. Les énergies fossiles (gaz, mazout, gasoil et essence) représentent 6,65% de l’indice des prix à la consommation. 

Depuis janvier 1994, la Belgique a monté un indice «santé» qui exclut les boissons alcoolisées, le tabac et les carburants. Cet indice santé, quand il atteint un indice pivot, déclenche une indexation de 2% des salaires bruts et cela interviendra en juin.

Un facteur d’attractivité

Dans ce débat, le ministre de l’Économie, (LSAP), revenu dans la nuit d’un périple aux États-Unis qui s’est achevé à Bruxelles, avait glissé un audacieux (ironique?): «Les propriétaires de Lamborghini sont davantage touchés par l’inflation que ceux qui ont une Renault Clio», après avoir défendu le maintien du système actuel et de la tripartite «parce qu’un salaire élevé est aussi un facteur d’attractivité».

Favorable au maintien du système actuel, le ministre de l’Économie, tout comme celui des Classes moyennes et du Tourisme, (DP).

Favorable au maintien du système actuel, le Spëtzenkandidat du CSV, , pour qui le système est «le garant de la paix sociale». «La paix sociale n’est guère due à l’index: 50% de l’électorat pense que la société est injuste», avait contesté le représentant des Pirates, Tommy Klein.

Favorable… à ce que s’on attaque plutôt à la raison de l’indexation, l’inflation galopante, (ADR).

Près d’un milliard à supporter

D’un point de vue politique, en cette année électorale, personne n’a vraiment envie de devoir justifier auprès d’électeurs qu’ils vont perdre du pouvoir d’achat, et davantage encore quand ils sont les moins riches. «D’après les calculs de la Fondation Idea», peut-on lire dans le dernier livret de la Chambre de commerce, «sous l’effet de l’indexation, un ménage disposant d’un revenu annuel de 120.000 euros aurait bénéficié d’un gain de pouvoir d’achat de 214 euros malgré la flambée des prix de l’énergie alors qu’un ménage à bas revenus (35.000 euros par an) aurait perdu 364 euros de pouvoir d’achat.»

Problème, chaque tranche d’index coûterait 965 millions d’euros aux employeurs, dont 765 millions d’euros aux entreprises privées. Et «les secteurs à forte intensité de main-d’œuvre non qualifiée (services à la personne, commerce, Horesca, manutention, nettoyage) sont particulièrement fragilisés par les indexations successives. Selon l’Horesca, ces derniers mois, les marges auraient reculé de 5% pour la gastronomie et de 8% pour l’hôtellerie», dit la Chambre de commerce, qui évoque le dernier rang européen du Luxembourg quand il s’agit de rentabilité des sociétés non financière.

Le chiffre est issu de l’édition 2022 des indicateurs nationaux de l’Observatoire de la compétitivité… qui sont nettement plus «mauvais». Non seulement le Luxembourg est bon dernier en termes de rentabilité (calculée en rapportant l’excédent brut d’exploitation au chiffre d’affaires) à 5,6% en 2019, mais le chiffre «est bien en dessous de la moyenne européenne (10,3%) et très loin de l’Irlande (22,9%) qui domine le classement». Et ça, c’était avant le Covid, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’inflation et la hausse des prix de l’énergie qui ont suivi…