La législature actuelle prendra bientîôt fin. Avant cela, on a passé en revue l’activité des députés ces cinq dernières années. (Photo: Matic Zorman/Maison Modern

La législature actuelle prendra bientîôt fin. Avant cela, on a passé en revue l’activité des députés ces cinq dernières années. (Photo: Matic Zorman/Maison Modern

La législature actuelle, la 34e depuis 1848, touchera officiellement à sa fin le 24 octobre. Avant ce rendez-vous, les citoyens seront appelés aux urnes le 8 octobre. Pour vous faire patienter, nous avons passé au crible l’actuelle assemblée pour en tirer quelques conclusions… mais aussi mesurer l’activité des parlementaires. 

Cet article a été mis à jour afin de rectifier une erreur concernant la participation du député déi Gréng Charles Margue. Contrairement à ce que nous avons indiqué par erreur, il a totalisé bien plus que six interventions sur la législature, en lien avec son rôle de président de la Commission Justice. Il a également été rapporteur de plus de 60 projets de loi. 

Quels représentants de la Chambre ont été les plus assidus et les plus actifs? Qui sont les plus expérimentés et comptent-ils rempiler? Qui sont les plus novices et sont-ils forcément les plus jeunes? Paperjam dresse le bulletin de fin de législature des députés (*) avant

La 34e législature touchera officiellement à sa fin le 24 octobre. Et le 8 octobre permettra de dessiner la nouvelle composition des sièges à la Chambre des députés. Aujourd’hui, c’est le CSV qui occupe le plus de sièges à la Chambre. L’ADR qui comptait quatre sièges en compte désormais un de moins, ayant . La coalition DP-LSAP-déi Gréng détient, par son alliance, la majorité. La même configuration se dessinera-t-elle à l’issue du scrutin d’automne? Impossible à prédire, mais le traditionnel schéma des législatives pourrait changer. ? Quel impact aura pour porter le CSV? Dans quelle mesure les crises qui se sont succédé durant la législature influenceront-elles le vote des citoyens? 

Une fois la question de la composition de l’actuelle assemblée posée, plongeons maintenant dans ses rangs. 60 députés y sont installés. Si la grande majorité des députés prétendent à un nouveau mandat et figurent sur la liste des candidats, trois n’y retourneront finalement pas. Il s’agit tout d’abord de (CSV). En mai, celui qui a depuis été élu bourgmestre de Pétange avait annoncé ne pas vouloir cumuler les mandats. Ce qui explique donc son absence sur. Autre député sortant du CSV qui ne figure pas sur les listes des candidats: . Ce dernier a annoncé vouloir prendre sa retraite politique.

Enfin, (déi Lénk) n’y retournera pas non plus et explique pourquoi: «la vie de député est assez incompatible avec la responsabilité et le rôle de parent si on veut être présent pour ses enfants», confie-t-elle. Elle ajoute encore: «Je ne me considère pas comme une femme politique, mais comme une activiste. Je ressens une urgence d’agir, et cela ne peut pas me suffire avec le rôle que joue le parlement car il y a des vrais blocages, notamment au niveau du DP dominant. Avec deux députés dans l’opposition, je me rends compte que je ne peux rien ou presque rien changer, autant retourner sur le terrain, travailler et m’engager ailleurs pour plus de justice sociale.»

Côté parité, celle-ci n’est pas encore d’actualité dans les rangs des députés, avec un ratio de 38 hommes pour 22 femmes sous l’actuelle législature. Une donnée qui évoluera peut-être après le scrutin: dans les rangs des candidats, 42,8% sont des femmes. 

Le doyen et le junior

La moyenne d’âge des députés sous l’actuelle législature est de 53 ans. C’est plus que la plupart des voisins européens (50 ans en France pour l’Assemblée nationale, 46 ans en Belgique pour la Chambre des représentants, 47 ans en Allemagne pour le Bundestag, 44 ans pour les Pays-Bas ou encore 46 ans pour le Danemark).

Dans les rangs de l’actuelle Chambre, les plus jeunes député(e)s sont des femmes et souvent du parti déi Gréng. La plus jeune est , 27 ans, également première échevine de Walferdange. Elle fait aussi partie des «derniers arrivé(e)s» à la Chambre, , pour remplacer Carlo Back qui s’est retiré de la vie politique.

Du côté des doyens, la première place revient à (71 ans, LSAP). Il a d’abord siégé comme député de 1989 à 2004, puis de nouveau depuis 2013. Trois des cinq députés les plus âgés sont par ailleurs issus du DP. 

Si l’on s’intéresse aux listes des candidats en vue du scrutin, on constate que ces derniers ont une moyenne d’âge plus basse (46 ans) que la moyenne d’âge actuelle. Les rangs de la future assemblée pourraient donc être rajeunis. 

La palme de la longévité

La palme de la longévité dans les rangs de l’assemblée revient à (CSV) avec 30 ans d’activité parlementaire. Le bourgmestre de Bascharage et économiste de profession a d’abord été député de 1984 à 1995, et l’est de nouveau depuis 2004. 

Derrière lui, au coude à coude, (LSAP) et (CSV) comptabilisent tous deux 29 ans à leur actif. La socialiste a été élue de 1989 à 2013, puis de nouveau depuis 2018. Laurent Mosar comptabilise, quant à lui, la plus grande longévité sans interruption: depuis 1994. 

Du côté des plus novices à porter la casquette de député, (DP) est celle qui aura eu le mandat le plus court de la législature, puisqu’élue (DP), nommé au gouvernement. Dans les rangs des plus fraichement arrivés, on peut aussi citer (CSV) en octobre 2022. Jessie Thill (déi Gréng), (LSAP) et Max Hengel (CSV) ont tous trois commencé en janvier 2022. 

L’activité des parlementaires à la loupe

La Chambre des députés l’a indiqué récemment sur son site: «Le nombre de questions parlementaires lors de cette législature a doublé par rapport à la précédente. On compte presque 8.200 questions pour la période 2018-2023 contre quelque 4.100 questions entre 2013-2018. La tendance à la hausse est également très prononcée pour les questions élargies (195 contre 32), les questions orales (438 contre 269) et les questions urgentes (775 contre 156)». Une évolution qui ne dit rien de la qualité des questions posées, ni dans quelle mesure elles ont permis de faire avancer la démocratie. 

Tous types de questions confondus, la palme des députés les plus curieux revient aux Pirates: (Piraten) a posé 841 questions et  (Piraten) 822. Viennent ensuite (CSV) avec 673 questions et (626 questions). Les représentants du DP semblent eux bien moins curieux. On ne recense par exemple aucune question posée par et . D’autres députés se sont aussi montrés plutôt timides, avec moins de dix questions sur la législature: comme (DP) ou (DP). 

Des absents «excusés» et des très assidus 

Dans son fichier de données relatif à la présence des députés en séances publiques, la Chambre distingue les absences simples et les absences excusées. «Le terme “absent” désigne une absence non motivée, alors que le terme “excusé” désigne une absence motivée», précise la Chambre à Paperjam.

Seuls deux élus ont été recensés comme absents (sans justification au préalable) pendant la législature: Roy Reding (Liberté-Fräiheet, ex-ADR) à quatre reprises et Lydie Polfer (DP) à deux reprises. 

 Viennent ensuite les absences excusées (justifiées). Ceux qui en cumulent le plus sont Roy Reding (Liberté-Fräiheet, ex-ADR) avec 95 absences excusées sur toute la législature, puis (CSV) avec 49, (CSV) avec 44, (déi Gréng) avec 37 et (déi Gréng) avec 33. Cette dernière explique ses absences en raison de son accouchement pendant la législature. «Les femmes députées n’ont pas le droit à un congé maternel ni parental. Il ne faut pas être trop exigeante quand on s’engage dans la politique en ce qui concerne sa vie privée, mais il y a des raisons physiologiques avant et après un accouchement qui font que vous n’êtes simplement pas apte à retourner travailler immédiatement», souligne la députée à Paperjam. 

Sur le banc des plus assidus, avec aucune absence au compteur, on retrouve Barbara Agostino (DP), (DP), (DP), (DP), Mars Di Bartolomeo (LSAP) et (déi Gréng).

Ceux que l’on entend le plus à la Chambre

La Chambre des députés a récemment mis à disposition la liste des interventions des députés lors des séances plénières. Des interventions de différentes natures: communications diverses, heures d’actualité, débats d’orientation, dépôts de motions, interpellations, projets de loi, etc. Un fichier d’environ 13.000 lignes que nous avons décortiqué pour savoir quels sont les députés qui cumulent le plus d’interventions. 

Et sans grande surprise, à l’instar du député le plus curieux, le plus bavard est encore le Pirate Sven Clement avec 867 interventions en séance plénière. Derrière lui, (ADR) est lui intervenu 705 fois et Marc Goergen (Piraten) 561 fois. Ils sont suivis de Martine Hansen (CSV) avec 348 interventions et (déi Lenk) avec 322 interventions. Le président de la Chambre, (DP) totalise lui près de 600 prises de parole.  

Puis il y a ceux que l’on entend beaucoup plus rarement. C’est le cas d’ (CSV) avec six interventions. Barbara Agostino (DP) est, elle, intervenue seulement huit fois en séance. Toutefois, elle n’a pris ses fonctions qu’au mois de juin. Enfin, Frank Colabianchi (DP) et (CSV) sont respectivement intervenus 12 et 16 fois. 

(*) Méthodologie: Travail réalisé à partir des datas publiées par la Chambre des députés sur data.lu. Pour les , et , les décomptes ont été effectués du 1 er janvier 2019 au 16 août 2023. Pour la longévité, nous avons compté en années complètes et non en mandat. Les mandats honoraires ne sont pas comptabilisés. À noter que les absences pour missions à l’étranger n’ont pas non plus été comptabilisées.