L’EURUSD (valeur d’un euro) est tombé en dessous de la parité, oscillant autour d’un plus bas sur près de 20 ans. Nous pensons que cela reflète à la fois la vigueur du dollar américain (USD) et la faiblesse de l’euro (EUR). En effet, les risques d’une crise gazière européenne liée à une perturbation des exportations russes ont fortement augmenté ces dernières semaines. Cela a pesé sur la demande pour l’euro. La réputation de devise défensive de l’USD a probablement été le facteur dominant par rapport à l’évolution du différentiel de taux d’intérêt et de la parité de pouvoir d’achat.
Nous anticipons une amélioration progressive de l’appétit pour le risque, le pic de l’inflation devant se confirmer dans les prochains mois, notamment aux États-Unis. En effet, cela devrait conduire à une baisse des anticipations de taux d’intérêt à l’égard de la Fed et à une stabilisation de la confiance des ménages et des entreprises. En zone euro, le pic d’inflation ne sera observé qu’en fin d’année. Cet environnement devrait progressivement devenir plus favorable à l’euro.
La référence pour estimer la juste valeur à long terme est la «parité de pouvoir d’achat» (PPA). Cette théorie est basée sur le postulat qu’un panier de biens (celui utilisé pour l’indice des prix à la consommation) devrait être vendu au même prix une fois converti dans la même devise. Le taux de change d’équilibre devrait ainsi être celui qui égalise le niveau des prix dans une devise choisie. Même si la logique est simple (si un panier est moins cher dans un pays, les consommateurs rationnels devraient acheter leur panier dans ce pays), les coûts de transport et les différences dans la composition des paniers peuvent toutefois expliquer la persistance de certaines différences.
Certains économistes ont dès lors mis l’accent sur un concept de convergence partielle. En effet, Ben Craig mesure le temps nécessaire pour que la moitié de la divergence entre le taux de change actuel et la PPA soit résorbée (concept de «half life»). L’auteur trouve que cette période dépend fortement de l’ampleur de la divergence, et si celle-ci est grande, la première moitié de l’ajustement se fait assez rapidement. En effet, dans un tel contexte, les possibilités d’arbitrage (acheter dans la zone où les prix sont plus bas et revendre dans l’autre zone) sont très importantes malgré les coûts de transport.
L’estimation de PPA de l’OCDE est d’approximativement 1,37 (valeur d’un euro). Étant donné le niveau de parité actuel (un dollar pour un euro), l’écart est donc de 0,37. La moitié de l’ajustement (approximativement 0,18) serait donc le mouvement de 1 à 1,18. Ceci suggère que le dollar conserve un potentiel baissier important contre l’euro à long terme. À court terme, une consolidation temporaire vers la moyenne mobile 50 jours (1,02-1,03) est probable.