Au détour du City Concorde, on pouvait apercevoir un stand discret chez Brams, proposant des parfums. Et surprise, ceux-ci sont des créations luxembourgeoises. Rencontre avec la femme derrière les flacons d’Occino.
Qu’est-ce qui vous a inspirée à entrer dans l’industrie de la parfumerie?
Anne Leser: «J’ai lancé Occino il y a un an avec une première édition de parfums qui est sortie pour Noël 2023. J’ai été toujours passionnée par le parfum, la nature, les fleurs, et fascinée par la diversité du Luxembourg. Je souhaitais créer une marque locale et authentique où l’esprit du Luxembourg se mêle à l’art de la parfumerie.
Quelles sont vos inspirations?
«Je me suis inspirée de beaucoup d’éléments, pas d’une marque ou d’un parfumeur en particulier. En général, les compositions olfactives m’inspirent lorsqu’elles suscitent des émotions et me laissent une impression durable. J’ai effectué plusieurs visites à Grasse et contacté des parfumeurs. J’ai fait des recherches concernant l’histoire du pays, par exemple ses anciennes roseraies. J’ai combiné ces inspirations et le côté naturel des régions du Luxembourg, qu’on retrouve dans le nom de mes créations ainsi que dans les senteurs qui les composent – Green Velvet, qui rappelle Dudelange, avec ses arômes de forêts et prairies ou encore Purple Mélusine, avec son côté romantique et floral.

Anne Leser est la créatrice d’Occino. (Photo: Maison Moderne)
Comment créez-vous un parfum?
«Je commence souvent par trouver le nom du parfum puis je vais chercher les essences, souvent florales, mais aussi poudrées, aromatiques, hespéridées et boisées. Tous les caractères des ingrédients sont importants pour une composition, cela dépend de la senteur finale voulue et de ce qu’on désire communiquer: dans mon cas, l’élégance.
Je veux avoir des parfums très naturels et verts. La gamme d’essences naturelles est limitée et certains parfums ne peuvent pas être extraits de la nature. Une composition expressive et raffinée résulte d’un mélange entre les parfums naturels et synthétiques.
Je travaille avec des fournisseurs locaux pour l’emballage, avec la Fondation Kräizbierg à Dudelange, qui offre une vie professionnelle aux personnes avec un handicap physique. Pour le design, je collabore avec des créateurs locaux. L’édition actuelle permet une expérience multisensorielle en associant le caractère olfactif à une couleur correspondante et exprime ce phénomène à travers les étiquettes colorées et les emballages colorés.
Une fragrance expressive est capable de provoquer les émotions les plus diverses, de faire revivre des souvenirs ou de raconter une histoire.
Quels sont les défis spécifiques que vous rencontrez en tant que créatrice de parfums au Luxembourg?
«Communiquer sur la marque au Luxembourg est le plus difficile. Le marketing est le plus important. Et puis, il faut trouver des coopérations avec des boutiques. Actuellement, on peut tester et acheter les parfums à l’abbaye de Neumünster ainsi qu’à l’hôtel Le Royal.
Les parfumeries acceptent plus facilement des produits de marques bien connues, la concurrence est dure avec toutes les autres marques célèbres déjà présentes. Il faut y aller petit à petit.
Il y a heureusement aussi du soutien pour créer son entreprise. J’ai reçu des subventions du ministère de l’Économie avec le projet Fit4Digital, ce fut une grande aide pour lancer la marque. J’ai travaillé avec la Chambre des métiers pour recevoir le label Made in Luxembourg, un logo bien connu des clients. Les procédures étaient faciles.
Le marketing représente un grand coût des parfums?
«Le budget marketing est très grand, même pour une petite marque. J’essaie de travailler avec des influenceurs locaux pour être la plus présente et visible. En tant que petite marque, je n’ai pas de sponsors et je fais ça moi-même de A à Z. Créer une marque nécessite un bel investissement, le marketing et la communication sont une grande part du budget, mais cela coûte cher donc il faut trouver des choses qui fonctionnent et efficaces.
Notre argument de vente, ce sont des produits exclusifs et locaux. Occino se veut être une marque de niche, pour une clientèle en recherche de diversité et nouveauté. Certains ont un parfum fétiche, d’autres veulent tout essayer, et trouver un parfum harmonieux et personnel qui évoque des souvenirs.
Comment percevez-vous l’avenir de la parfumerie de niche au Luxembourg?
«J’envisage l’avenir de la parfumerie de niche de manière positive. Mon expérience depuis le lancement d’Occino est que les clients au Luxembourg, lors des pop-up stores, sont intéressés par des parfums qui sont locaux et authentiques. Les clients semblaient aussi informés sur les essences, et questionnaient beaucoup sur la marque et les ingrédients.

Les parfums Occino sont inspirés de la nature et des régions luxembourgeoises. (Photo: Maison Moderne)
Quel futur pour la marque?
«Récemment, on a lancé le Set Découvertes. Je vais faire en sorte de faire connaître la marque localement. Je prépare aussi un nouveau parfum, le nom est secret pour l’instant, mais ce sera un parfum floral, fruité et frais.
En octobre, Occino sera fournisseur officiel pour le Luxembourg Ladies Tennis Masters. Je collabore avec un artiste français pour créer une édition limitée pour l’occasion. Nous aurons un stand là-bas.»