Comme le veut une tradition née en 1878, le président américain Donald Trump animera lundi une immense chasse aux œufs dans les jardins de la Maison Blanche. (Photo: Shutterstock/IA)

Comme le veut une tradition née en 1878, le président américain Donald Trump animera lundi une immense chasse aux œufs dans les jardins de la Maison Blanche. (Photo: Shutterstock/IA)

Pâques ne se fête pas de la même façon à travers le monde. Au Luxembourg, on s’offre des oiseaux siffleurs. Ailleurs, on se jette de l’eau, on se déguise en sorcière, on cuisine des œufs géants ou on vénère un marsupial. Petit tour du monde pascal, version insolite.

Des sifflets luxembourgeois aux confettis mexicains, du bilby australien aux buns jamaïcains… Pâques révèle une incroyable diversité de rites, de saveurs et de symboles. Que l’on célèbre le renouveau, la foi, la nature ou tout bonnement l’amour du chocolat, cette fête traverse les frontières avec son lot de fantaisies.

Les Péckvillercher, «la tradition» luxembourgeoise de Pâques. (Photo: Maison Moderne)

Les Péckvillercher, «la tradition» luxembourgeoise de Pâques. (Photo: Maison Moderne)

Au Luxembourg, accueillent, chaque lundi de Pâques, une tradition unique: les Péckvillercher, ces petits oiseaux siffleurs en terre cuite, fabriqués artisanalement et prisés des collectionneurs.

Petits sifflets en terre cuite en forme d'oiseaux, emblématiques du patrimoine populaire luxembourgeois, l’origine des Péckvillercher remonte au moins au XIXᵉ siècle, voire plus tôt. Le nom vient du luxembourgeois pécken (piailler) et villchen (petit oiseau), rappelant à la fois leur apparence et leur son caractéristique. Historiquement, ces sifflets étaient réalisés par les potiers de la région, notamment à Nospelt, en utilisant les restes d'argile après leur production principale. Simples jouets pour enfants à l’origine, ils sont devenus au fil du temps des objets festifs, et même des pièces de collection.

Les Péckvillercher  sont étroitement associés à la fête de l’Émaischen, célébrée chaque lundi de Pâques à Luxembourg-ville et à Nospelt. À cette occasion, les visiteurs achètent souvent ces sifflets par paires, symbole d’amitié ou d’amour, et font résonner leurs notes joyeuses dans les rues. Aujourd'hui, la tradition s'est enrichie : chaque année voit la création de nouveaux modèles, allant du plus simple au plus artistique.

Après avoir failli disparaître au cours du XXᵉ siècle, l’art du Péckvillchen a été relancé avec succès, devenant un symbole vivant de l’attachement du Luxembourg à ses racines artisanales.

Mais ailleurs? Quelles sont les coutumes en vigueur? Comment fête-t-on Pâques?

Pologne, Slovaquie, Hongrie: la bataille de l’eau

Le Śmigus-Dyngus (ou «lundi de Pâques mouillé»), consiste à… asperger d’eau ses proches. Une bénédiction printanière version car wash. La tradition trouve ses racines dans d’anciens rites préchrétiens célébrant le retour du printemps et la fertilité. L’eau y est symbole de pureté, de vitalité et de bonne santé. En Hongrie, on préfère les parfums: on verse de l’eau de Cologne. C’est le «ocsolkodás». Plus raffiné, certes, mais tout aussi trempé.

Grèce: des duels d’œufs rouges

Bouillis au préalable, les œufs sont teints en rouge vif, et chaque convive défie l’autre en tapant son œuf contre celui du voisin. L’œuf demeuré intact à l’issue du duel est censé porter chance. Quant à la couleur sang, elle symbolise le sacrifice de Jésus-Christ sur la croix.

Allemagne: des œufs dans les arbres

Outre-Rhin, on ne cache pas les œufs. Tout au contraire, on les expose. Symboles de l’arrivée du printemps, les Osterbaum (arbres de Pâques) sont décorés d’une nuée d’œufs colorés. À Saalfeld, un couple a ainsi accroché plus de 10.000 œufs peints à la main sur son pommier, depuis le milieu des années 1960 jusqu’au milieu des années 2010. Sans doute l’arbre le plus connu du pays.

Tout aussi célèbre que le sapin de Noël, l’Osterbaum est très prisé en Allemagne. (Photo: Shutterstock)

Tout aussi célèbre que le sapin de Noël, l’Osterbaum est très prisé en Allemagne. (Photo: Shutterstock)

États-Unis: en version présidentielle

Chaque lundi de Pâques, les enfants sont invités à participer à la White House Easter Egg Roll, une course d’œufs sur la pelouse de la Maison Blanche. Créée en 1878, c’est un événement ultra-médiatique avec mascottes, stars et œufs décorés façon pop culture. Selon CNN, cette traditionnelle chasse aux œufs géante sera, cette année, financée par des sponsors, dont les logos seront visibles dans les jardins de la Maison Blanche. À cause de la flambée des prix des œufs outre-Atlantique?

Mexique: pluie de confettis

Les cascarones sont des œufs vidés, remplis de confettis et de petits jouets, que l’on casse sur la tête des amis pour porter chance. Un joyeux désordre haut en couleur qui transforme les rues en bataille rangée de paillettes. La piñata n’est jamais bien loin.

Suède et Finlande: un air d’Halloween

Les enfants se déguisent en sorcières de Pâques avec frusques usées, balais et joues barbouillées, puis s’en vont sonner aux portes pour quémander des bonbons. C’est le påsk-kärring (littéralement «la vieille dame de Pâques»), mélange folklorique entre rites du printemps et traditions chrétiennes.

Cette petite sorcière finlandaise s’en va chasser non seulement les œufs, mais aussi les bonbons. (Photo: Shutterstock)

Cette petite sorcière finlandaise s’en va chasser non seulement les œufs, mais aussi les bonbons. (Photo: Shutterstock)

France: omelette géante

À Bessières, en Haute-Garonne, dans le sud-ouest de la France, on cuisine chaque année une omelette géante pour 10.000 personnes, avec plus de 15.000 œufs cassés à la main. Selon la légende, Napoléon, de passage dans la région avec son armée, aurait goûté une omelette dans une auberge de cette commune de 4.000 habitants et l’aurait tellement appréciée qu’il aurait ordonné que l’on en prépare une énorme pour ses soldats, en réquisitionnant tous les œufs disponibles dans le village. La tradition perdure depuis 1973.

Suisse: le coucou annonce le printemps

Dans certaines régions, on raconte aux enfants que c’est le coucou, de retour au printemps (et symbolisant, ainsi, le renouveau), qui pond les œufs en chocolat dans les jardins ou les dissimule dans la maison.

Jamaïque: au son du reggae et du bun

Pâques rime avec musique, spiritualité et gourmandise. Les Jamaïcains célèbrent le Vendredi saint avec des concerts gospel et dégustent un bun de Pâques. Il s’agit d’un pain sucré aux fruits confits servi… avec du fromage cheddar. Déroutant mais addictif, aux dires des estomacs les plus solides. La tradition remonte à l’époque coloniale, inspirée par le «hot cross bun» britannique, un petit pain sucré marqué d’une croix blanche et servi le Vendredi saint.

Australie: le lapin banni, vive le bilby

Ici, le lapin de Pâques a mauvaise réputation: introduit au XIXe siècle, il a causé des ravages dans l’écosystème. Résultat: place au bilby, un adorable marsupial à grandes oreilles, museau allongé et queue bicolore. En voie de disparition, le bilby est devenu l’animal emblématique de Pâques. Les chocolateries produisent même des spécimens en chocolat pour soutenir des associations de protection de l’environnement.

En Australie, le bilby a remplacé le lapin de Pâques. (Photo: Shutterstock)

En Australie, le bilby a remplacé le lapin de Pâques. (Photo: Shutterstock)

Éthiopie: jeûne strict et explosion de joie

Célébrée selon le calendrier orthodoxe, la Pâques éthiopienne (Fasika) marque la fin d’un jeûne de 55 jours sans viande ni produits laitiers. À minuit, les églises se remplissent de chants, de bougies et de plats traditionnels à base d’agneau. Foi vibrante… et festive.

Philippines: dévotion totale

Aux Philippines, certains fidèles participent à des reconstitutions de la Passion du Christ, allant jusqu’à se faire clouer sur des croix dans une ferveur spectaculaire. Une tradition aussi impressionnante que controversée. À côté, nos œufs et petits oiseaux en terre cuite tout luxembourgeois semblent bien inoffensifs.