Au beau milieu de l’usine de Strassen, une fournée de baguettes cuit dans un four Hein. (Photo: Maison Moderne)

Au beau milieu de l’usine de Strassen, une fournée de baguettes cuit dans un four Hein. (Photo: Maison Moderne)

Plusieurs millions de petits pains sortiront chaque jour d’un four luxembourgeois au cours des Jeux Olympiques de Paris cet été. Fours Hein a livré sa «Rolls-Royce des boulangers» à la Grande Boulangerie qui a gagné le marché. Un exemple de la nécessité pour l’agence publique d’innovation, Luxinnovation, et l’État de soutenir ces PME qui gagnent.

La baguette est parfaitement dorée. Sa croute est parfaitement dessinée. Sa mie est parfaitement aérée. À 80 degrés à la sortie du four, dans le hall industriel de Fours Hein, à Strassen, il eut été criminel de ne pas y croquer à pleines dents. Seule manque l’odeur réconfortante du bon pain, mais le système de ventilation avale dans l’instant toute poussière de métal.

Cinquième génération à la tête de cette PME familiale, Ferdinand Hein, guide une visite sur mesure pour le ministre de l’Économie, (DP). Four «classique», four moderne chauffé aux pellets et/ou four à l’énergie électrique verte, l’entreprise qui vient de livrer à la Grande Boulangerie le four qui cuira plusieurs millions de petits pains par jour lors des Jeux Olympiques de Paris, a saisi les opportunités de se faire aider par l’agence publique d’innovation, Luxinnovation, explique son CEO, Henri Guillaume. 

«L’innovation est une valeur ajoutée fondamentale dans la vie d’une entreprise, surtout dans le contexte économique que nous avons vécu ces dernières années. C’est aussi une équation qui est très complexe, particulièrement pour les petites et moyennes entreprises qui disposent de moyens limités en termes financiers et humains. Il est évident que le soutien financier du ministère de l’Économie et l’accompagnement de Luxinnovation constituent pour nous des aides très précieuses qui, sans ces aides, resteraient dans un placard pendant un certain temps», explique M. Guillaume.

300 fours sur mesure par an

«La volonté du groupe Hein a toujours été de consacrer quelques pourcents de son chiffre d’affaires annuel hors frais de personnel (5% cette année, ndlr.) à son pôle de développement. C’était d’autant plus vrai depuis que la crise énergétique a frappé l’Europe. Ce n’est pas que nous n’avions pas jusque-là de solutions innovantes en termes de réduction de la consommation d’énergie, mais la tendance vers plus d’électrification et vers une réduction significative des émissions de CO2 n’épargne pas le secteur de la boulangerie. À partir de 2021, après avoir planifié plusieurs réunions avec les équipes de Luxinnovation, nous avons pu soumettre deux projets pour obtenir le soutien du ministère de l’Économie, deux fours à zéro énergie fossile», dit-il.

C’est particulièrement important pour l’entreprise luxembourgeoise qui vend 300 fours par an pour un chiffre d’affaires autour de 18 millions d’euros et soumise à forte concurrence, allemande, française, italienne ou turque.

Car si la baguette est parfaite, ce jeudi, à Strassen, le ministre est venu avec d’autres «viennoiseries» pour présenter, au côté de la CEO de Luxinnovation, , le rapport annuel de l’agence publique d’innovation: une refonte du Fit4 pour le rendre plus simple et donc plus accessible aux entreprises, un nouveau Fit4AI «pour permettre aux entreprises de comprendre les opportunités qui se présentent à elles ou comment améliorer leur productivité», aide qui s’accompagne d’un nouveau volet du SME Package, le SMP Package AI «pour entamer quelque chose de concret, de l’analyse ou de la sensibilisation» le tout à l’automne, explique le ministre, qui promet aussi que la simplification administrative viendra appuyer ces dispositifs.

335 entreprises accompagnées en 2023

335 entreprises ont été accompagnées en 2023, dit-il encore, sans que l’on sache comment qualifier ce chiffre: les entreprises ont des besoins très différents les unes des autres en la matière, elles ont différentes manières d’entamer la double transition et des moyens financiers ou humains divers et variés.

À la tête d’une armée d’une petite centaine d’experts (91), Mme Baillie a rappelé le double rôle de l’agence, «d’accompagner les entreprises, quel que soit leur niveau de maturité, à tirer profit de beaucoup d’instruments à disposition», mais aussi «de détecter les failles et les solutions de l’écosystème».

«Nous devons aussi avoir la connaissance des entreprises et des défis auxquels elles sont confrontées. Nous avons réalisé quinze études sectorielles, nous avons 15 listes de prospection», a-t-elle indiqué. «Avec 86 entreprises qui ont participé au programme Fit4, ce n’est pas assez!»

«Le soutien apporté à des entreprises qui veulent obtenir des subventions européennes a permis à 126 d’entre elles d’obtenir près de 61 millions d’euros l’an dernier», tandis que 335 entreprises ont été accompagnées dans le cadre des clusters. 28 autres ont saisi l’opportunité de profiter du Luxembourg Digital Innovation Hub (L-DIH), rejoint par la House of cybersecurity, le Luxembourg institute of science and technology (List), l’Université du Luxembourg et le Centre de compétences de l’université, le L-DIH ayant été mis sur pied avec la Fedil, la Chambre de commerce et le Fonds national de la recherche. Luxinnovation coordonne aussi le Centre national de compétence en supercomputing (avec l’Université et LuxProvide). Elle anime aussi le Sustainability Innovation Hub et le Klimakt fir Betriber.

Des efforts pour les scale-ups

Des 387 nouveaux contacts avec des entreprises de 41 pays qui pourraient avoir envie de se poser au Luxembourg, cela s’est traduit par un accompagnement pour 53 et une réelle arrivée pour huit projets. 45 start-up ont été créées avec le soutien de l’agence. Et le projet d’unité de recyclage de déchets de construction se poursuivra en 2024. Dans les nouveaux projets, notons les premières discussions avec le monde agricole et la part que prendra Luxinnovation aux efforts de la défense dans le budget de l’Otan: 91 entreprises ont été identifiées au Luxembourg qui pourraient participer à cette dynamique.

Parmi les autres sujets «dans le four», le développement d’une force de frappe «scale-up» pour les entreprises innovantes en forte croissance qui ont besoin de moyens financiers beaucoup plus importants pour continuer à se développer à vitesse de croisière. .