L’euro digital, à l’instar des autres monnaies digitales développées par les banques centrales (CBDC), contribueront à la sécurité des paiements transfrontaliers, selon la Bank of International Settlements (BIS). (Photo: Shutterstock)

L’euro digital, à l’instar des autres monnaies digitales développées par les banques centrales (CBDC), contribueront à la sécurité des paiements transfrontaliers, selon la Bank of International Settlements (BIS). (Photo: Shutterstock)

Les paiements transfrontaliers sont connus pour être lents et peu transparents, affectant la fluidité des flux financiers. Un rapport de la Bank of International Settlements (BIS) explique comment les monnaies digitales des banques centrales pourront surmonter ces obstacles.

L’euro digital semble bel et bien sur les rails. La phase d’étude initiée en 2021 par la Banque centrale européenne (BCE) devrait s’achever en octobre 2023 et ainsi aboutir à une phase d’essai dans la foulée, la même année. L’étude en cours de la BCE a d’ailleurs fait l’objet de discussions à l’agenda de l’Eurogroupe, ce 11 juillet, abordant l’impact de la future monnaie virtuelle européenne sur le système financier et l’utilisation de l’argent liquide.

Sur son site web, la BCE indique que l’euro digital devrait bénéficier aux paiements en Europe. Des spécificités mises en lumière dans un rapport de la Bank of International Settlements (BIS), publié le même jour que la réunion de l’Eurogroupe, soit le 11 juillet. Pour rappel, la BIS, communément appelée la banque des banques, est basée à Bâle et est chargée d’accompagner les banques centrales dans leurs missions respectives de stabilité monétaire et financière.

L’étude de la BIS s’inscrit dans la feuille de route, approuvée par le G20 en octobre 2020, visant à améliorer le marché des paiements transfrontaliers qui fait face à de nombreux défis. Alors qu’à l’instar de l’euro digital, différentes banques centrales sont occupées à développer leurs propres monnaies digitales, la BIS s’est justement penchée sur la façon dont ces nouvelles monnaies, également appelées «central bank digital currencies» (CBDC), peuvent dépasser les obstacles des paiements transfrontaliers.

Maintenant ou jamais

De la sorte, la BIS a identifié quatre défis relatifs aux paiements internationaux: leur coût élevé, leur faible vitesse, leur accès limité et leur faible transparence. Selon l’étude, ces défis sont le résultat «d’une série de frictions», tels que des formats de données fragmentés et tronqués, un traitement complexe des contrôles de conformité, des heures d’ouverture limitées, des plateformes technologiques vétustes, de longues chaînes de transaction, des coûts de financement élevés et une faible concurrence.

Sur la base du système financier existant, la BIS estime qu’il serait coûteux et difficile d’apporter les changements nécessaires au niveau des infrastructures et des cadres réglementaires, prudentiels et législatifs. C’est pourquoi, comme tout nouveau système, les monnaies développées par les banques centrales offrent «la possibilité de partir d’une ardoise vierge».

Les plupart des monnaies digitales centralisées étant à l’état de conception, il est encore temps pour les banques centrales d’adapter leurs spécificités aux contraintes des paiements internationaux. «Par exemple, les infrastructures (…) pourraient être disponibles 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, ce qui permettrait de surmonter les décalages entre les heures de fonctionnement des différentes juridictions», commente la BIS.

Une dette directe des banques centrales

De plus, le fait que les principales banques centrales sont occupées simultanément à développer leurs propres solutions devrait leur permettre à s’accorder sur «l’interopérabilité» entre les différentes monnaies digitales, prenant alors en compte leur dimension transfrontalière. Dès lors, la BIS invite les banques centrales à profiter de cette opportunité pour «faciliter les paiements (…) transfrontaliers entre les institutions financières, les entreprises et les particuliers».

Au-delà des spécificités techniques, les monnaies digitales centralisées amélioreraient naturellement la sécurité des paiements transfrontaliers, «car les paiements sont effectués en utilisant une dette directe de la banque centrale, qui est l’actif le plus sûr et le plus liquide (notamment par rapport aux stablecoins et autres crypto-actifs).»

Finalement, la BIS note que les monnaies digitales centralisées étant une responsabilité directe des banques centrales, les prestataires de services de paiement (PSP) ne devraient plus fournir de liquidité. Une situation dès lors favorable à l’augmentation du nombre de PSP. De la sorte, «l’augmentation du nombre de PSP et l’accès direct à l’argent des banques centrales pourraient raccourcir les chaînes de transactions transfrontalières, simplifier les processus et résoudre les frictions actuelles».