«Ces résultats sont vraiment effrayants», commente le président du Conseil supérieur pour un développement durable (CSDD), , alors que vient d’être publié un rapport compilant les derniers chiffres sur l’empreinte écologique du pays. Un rapport élaboré par l’Institut pour l’agriculture biologique et la culture agraire (IBLA), sur demande du CSDD, en collaboration avec l’association Global Footprint Network.
Cette dernière a calculé que Or, ce constat est encore pire rapporté à l’échelle luxembourgeoise, selon les estimations de l’association américaine: ce jour serait atteint . Et huit planètes Terre seraient alors nécessaires pour que cette consommation soit durable...
Un constat sombre, que relativise cependant le CSDD. «Les conclusions sont alarmantes», admet Romain Poulles. «Mais il est difficile de les appliquer au Luxembourg, du fait principalement de sa taille: plus le pays est petit, plus il faut aller dans le détail des chiffres pour bien les comprendre.»
Le phénomène des frontaliers et du tourisme à la pompe, par exemple, représenterait, en termes d’empreinte écologique, l’équivalent de deux planètes sur les huit.
«Dans tous les cas, on surconsomme»
Et sur les six planètes restantes, 60% de l’empreinte seraient dus aux énergies fossiles. Or, là aussi, les détails comptent: les exportations du secteur de l’industrie devraient être déduites du calcul. Or, elles ne le sont pas concernant les pneus ou l’acier, majoritairement exportés, mais pourtant imputés aux Luxembourgeois. Idem dans le secteur des services, très énergivore mais aussi exportateur.
L’étude, de par sa méthodologie, ne prend pas non plus en compte certains critères environnementaux, pourtant essentiels au Luxembourg, comme l’eau potable, la pollution, la biodiversité. Ce qui fait de cette étude un indicateur «utile, mais partiel», selon Romain Poulles, qui reconnaît tout de même que, si l’empreinte écologique peut représenter quatre planètes au lieu de huit, la conclusion reste la même: «Dans tous les cas, on surconsomme.»
Cette étude est une première étape avant d’aller plus loin pour élaborer des solutions concrètes, prévient Romain Poulles. Dans un premier temps, il s’agira, avec l’aide du Statec, d’approfondir les chiffres de l’empreinte écologique et de bien les comprendre. Puis, avec une douzaine de partenaires, dont la Fedil, l’UEL, la Chambre de commerce ou la Chambre de l’agriculture, de les interpréter et d’en tirer des conclusions communes. Tous les acteurs invités à participer ont répondu présents.
Ne pas culpabiliser les acteurs
Les conclusions pourraient être rendues vers octobre, mais l’idée est de ne pas s’arrêter là et d’engager un processus continu. Un conseil national de l’alimentation pourrait par exemple voir le jour: il réunirait tous les acteurs de la chaîne alimentaire, des producteurs aux transformateurs.
«L’idée n’est pas de culpabiliser ou de pointer du doigt tel ou tel acteur, mais de voir ce qu’on peut faire ensemble», tient à préciser Romain Poulles. «Chacun de nous a un rôle important», insiste-t-il. «Mais le citoyen n’a pas la capacité de diminuer par son action directe plus de 10 ou 15% de l’empreinte du pays. Clairement, les leviers sont au niveau du système politique et économique.» Notamment par le biais de la fiscalité, dont la réforme est prévue dans l’année à venir.
Pour «remettre fondamentalement en cause ce système dont le fonctionnement n’est pas durable et que personne n’ose toucher», il faudra ainsi «plus qu’un rapport, mais un véritable débat public» pour influencer les décideurs politiques et les acteurs économiques. L’agenda du CSDD pour l’année à venir paraît donc bien chargé.