Encadrée par un très imposant dispositif policier, la manifestation des ouvriers polonais désireux de protester devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) s’est déroulée sans heurts, ont constaté nos journalistes sur place.

Redoutée pour son ampleur depuis 48 heures, après la fermeture d’une mine de charbon à la frontière tchèque, s’est déroulée vendredi matin sans incident notable au Kirchberg, comme l’ont constaté nos journalistes. Piloté par le syndicat Solidarność, le mouvement de protestation se voulait en effet pacifique.

«Nous sommes confrontés à la perte de centaines de milliers d’emplois, à la paralysie d’une région entière et à l’enfoncement de nous-mêmes et de nos familles dans la pauvreté énergétique et la misère», soulignait un communiqué distribué dans le cortège. Ce dernier dénonce une «décision totalement impitoyable et unilatérale de la Cour de justice de l’UE».

Dans un communiqué, la Cour de justice de l’UE a fait savoir avoir réceptionné une pétition déposé par une délégation du syndicat NSZZ Solidarność. L’institution européenne a également souligné que malgré la manifestation, «la continuité de l’activité de l’institution a été pleinement assurée.»  

Les revendications en anglais, français et allemand portées par le syndicat Solidarność. (Photo: Jeremy Zabatta/Maison Moderne)

Les revendications en anglais, français et allemand portées par le syndicat Solidarność. (Photo: Jeremy Zabatta/Maison Moderne)

À l’origine de cette manifestation, on trouve une plainte de la République tchèque devant la CJUE à l’encontre d’une usine de charbon polonaise située à Turów, à la frontière entre les deux pays. La CJUE avait ordonné, en mai, l’arrêt de l’exploitation de la mine et condamné, en septembre, le pays à une astreinte quotidienne pour ne pas s’être exécuté.

Après avoir donné de la voix au Kirchberg, les manifestants ont pris la direction de l’ambassade de la République tchèque, située sur le rond-point Robert Schuman, de l’autre côté du Pont Rouge. Conséquence directe: le trafic du tram a été perturbé le long de l’avenue John F. Kennedy que remontait le cortège.

Selon la police, «quelque 1.000 personnes se sont rassemblées devant la CJUE». La manifestation s’est terminée peu après 13h. 

Les ouvriers ont pu croiser qui s’est tenue devant la Philharmonie, favorable, elle, au maintien de la Pologne dans l’UE. Une vingtaine de personnes, sous protection policière, tenaient des messages opposés à la menace d’un «Polexit».

Plus de 800 policiers luxembourgeois et belges ont été mobilisés pour prévenir tout débordement au cours de la journée. Depuis jeudi, le quartier était barricadé et bon nombre d’entreprises ou institutions établies sur le plateau de Kirchberg avaient invité leurs employés à télétravailler ce vendredi, comme la BEI ou la Chambre de commerce, par exemple. De même, tout autour de la CJUE et du rond-point Schuman, plusieurs routes ont été bouclées dès jeudi. La circulation étant dès lors par endroits impossible, la Ville de Luxembourg avait «recommandé d’éviter le secteur».