Le quotidien des quelque 2.000 ressortissants luxembourgeois installés outre-Manche dépend désormais de l’issue des négociations qui seront menées jusqu’à la fin de l’année 2020. (Photo: Shutterstock)

Le quotidien des quelque 2.000 ressortissants luxembourgeois installés outre-Manche dépend désormais de l’issue des négociations qui seront menées jusqu’à la fin de l’année 2020. (Photo: Shutterstock)

Jean Olinger, ambassadeur du Luxembourg à Londres, explique à Paperjam quelles démarches doivent effectuer les résidents luxembourgeois au Royaume-Uni et quelles questions restent en suspens jusqu’à la fin des négociations sur le Brexit.

L’accord de retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne a été par le Parlement européen, puis jeudi 30 janvier . Le Brexit entre donc officiellement en vigueur ce vendredi 31 janvier.

Le quotidien des quelque 2.000 ressortissants luxembourgeois installés outre-Manche (dont environ 1.200 étudiants) ne va cependant pas changer du tout au tout dès maintenant. Il dépendra de l’issue des négociations qui se joueront pendant toute la durée de la phase transitoire, soit jusqu’à la fin de l’année 2020. Autrement dit, la vie des Luxembourgeois sur place changera réellement à partir du 1er janvier 2021.

«De nombreuses questions restent en suspens jusqu’à la fin des négociations sur les relations futures entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Nous y serons très attentifs, et le délai est très court», déclare Jean Olinger, ambassadeur du Luxembourg à Londres.

L’objectif consiste maintenant à négocier pour minimiser les points de friction dans la mesure du possible.
Jean Olinger

Jean Olingerambassadeur du Luxembourg à Londres

Entre autres incertitudes: l’accès et le versement des prestations sociales et des retraites, le traitement des travailleurs détachés temporairement, les équivalences de diplômes ou encore la poursuite et le financement des programmes de recherche.

«Le gouvernement britannique est très clair concernant son départ du marché intérieur et de l’union douanière. La libre circulation des biens et des personnes notamment s’en trouvera forcément impactée. L’objectif consiste maintenant à négocier pour minimiser les points de friction dans la mesure du possible», affirme Jean Olinger.

Demande de statut

Pour les résidents du Royaume-Uni, le premier réflexe consiste à demander le statut de résident permanent pour tous les membres de la famille. Ceux qui y sont installés depuis plus de cinq ans peuvent obtenir un «settled status», tandis que ceux qui y habitent depuis moins de cinq ans peuvent prétendre à un «pre-settled status».

Après le Brexit, ce statut doit permettre de continuer à travailler, étudier et accéder aux prestations sociales (aides publiques, services du National Health Service) dans les mêmes conditions qu’aujourd’hui. Jean Olinger estime que déjà la moitié des ressortissants luxembourgeois ont fait leur demande.

Par contre, le sort des personnes qui viendront s’installer au Royaume-Uni à partir de 2021 est quant à lui entièrement conditionné par les négociations.

En attendant, des problématiques très concrètes se posent, de la reconnaissance des papiers nationaux d’identité et du permis de conduire, aux futures obligations en matière de visas de travail. Dans le doute, une demande de passeport et de transcription du permis de conduire auprès des autorités britanniques est recommandée.

Du côté des étudiants, qui représentent plus de la moitié des résidents luxembourgeois outre-Manche, la question de la reconnaissance des diplômes ou des périodes d’alternance, est en balance. Tout comme le fait que le Royaume-Uni fasse encore partie du programme Erasmus+ en 2021.

Cette éventualité est cependant possible. Actuellement, des pays non membres de l’Union européenne participent à Erasmus+, comme la Norvège, l’Islande, le Liechtenstein ou la Turquie.

Rôle de l’ambassade

Quant aux travailleurs mobiles, détachés temporairement du Luxembourg vers le Royaume-Uni, et inversement, ils attendent également de connaître définitivement les conséquences en matière de visa de travail, de couverture d’assurance en déplacement, ou encore de fluidité des voyages.

«Beaucoup de personnes font des allers-retours dans la journée entre Luxembourg et Londres, parfois plusieurs fois par semaine. Du fait des changements de modalités liés à la libre circulation des personnes, nous espérons que les passages aux frontières resteront aussi fluides que possible, car les liens entre la City et la place financière luxembourgeoise sont étroits, et personne n’a intérêt à rendre les échanges plus difficiles», atteste Jean Olinger.

Le défi consistera pour l’ambassade à renforcer nos relations bilatérales encore davantage dans le cadre d’une nouvelle configuration post-Brexit.
Jean Olinger

Jean Olingerambassadeur du Luxembourg à Londres

Après la sortie effective du Royaume-Uni de l’UE, le rôle de l’ambassade elle-même est amené à évoluer. «L’ambassade aide les citoyens luxembourgeois résidant au Royaume-Uni, promeut l’économie et la culture luxembourgeoises, et informe aussi les autorités politiques de ce qui se passe concrètement au Royaume-Uni. Le défi consistera pour l’ambassade à renforcer nos relations bilatérales encore davantage dans le cadre d’une nouvelle configuration post-Brexit», souhaite Jean Olinger.

La représentation européenne au Royaume-Uni va également changer: le bureau actuel de la Commission européenne à Londres sera ainsi remplacé par une délégation européenne, qui couvrira tout le spectre européen.