L’once d’or n’avait jamais atteint de tels niveaux. (Photo: Shutterstock)

L’once d’or n’avait jamais atteint de tels niveaux. (Photo: Shutterstock)

Le métal jaune a franchi le cap des 2.000 dollars l’once cette semaine. Une situation liée à la crise sanitaire et aux mesures de politique monétaire et budgétaire adoptées. La hausse n’est d’ailleurs probablement pas finie.

Depuis le dimanche 5 juillet, l’once d’or flotte au-delà de la barre des 2.000 dollars l’once. Un sommet jamais atteint. Son précédent record historique, en 2011, pointait à 1.921,18 dollars l’once.

Depuis le début d’année, le précieux métal s’est fortement apprécié. Il a gagné plus de 33% et pourrait encore grimper dans les semaines et les mois qui viennent. Ce vendredi 7 août à 14h, l’once s’affichait à 2.048 dollars.

Un succès lié à son rôle de valeur refuge, comme on l’entend très souvent dire? «Ce n’est pas la principale raison de la hausse actuelle», explique Alexandre Gauthy, macroéconomiste chez Degroof Petercam Luxembourg.

L’influence des taux réels américains

Le facteur principal qui influence le prix de l’or, c’est la direction des taux d’intérêt réels aux États-Unis, explique-t-il. «L’or, qui est un actif qui ne génère aucun rendement, doit être comparé aux taux réels», explique-t-il. «Quand les taux réels baissent, le prix de l’or a tendance à augmenter et vice-versa», commente l’économiste.

Ce taux réel est calculé à partir du taux nominal – le taux à 10 ans sur la dette américaine qui n’est plus que de 0,5% –, dont on soustrait les attentes d’inflation du marché. Or, depuis mi-mars, ce taux réel a chuté sous l’influence des politiques monétaires des banques centrales, qui prévoient de laisser les taux à des niveaux très bas pendant de nombreuses années alors que, de l’autre côté, les attentes d’inflation du marché ont augmenté depuis leur point bas atteint en mars suite à l’annonce des programmes de soutien monétaires et budgétaires et au redémarrage de l’activité.

«La hausse récente de l’or s’explique donc essentiellement par les politiques monétaires et les programmes d’aide des États, qui ont fait augmenter les attentes en termes d’inflation à un moment où les taux nominaux restaient ancrés à des niveaux très bas», insiste Alexandre Gauthy.

L’or garde son rôle de valeur refuge en cas de matérialisation des risques géopolitiques par exemple. Mais ce n’est pas le cas actuellement.

Alexandre GauthymacroéconomisteDegroof Petercam Luxembourg

Et, selon l’économiste, le métal jaune pourrait poursuivre son ascension. «L’idée fait son chemin au niveau des banques centrales de laisser dans le futur l’inflation dépasser la cible des 2% pendant un certain temps afin de compenser le manque d’inflation des années passées. La politique actuelle de taux zéro serait donc maintenue de nombreuses années même si l’inflation venait à dépasser sa cible, ce qui serait favorable au prix de l’or.»

Il rechigne par contre à voir le succès actuel de l’or dans son rôle traditionnel de valeur refuge. «L’or garde son rôle de valeur refuge en cas de matérialisation des risques géopolitiques par exemple. Mais ce n’est pas le cas actuellement», pointe M. Gauthy. «Nous sommes dans un climat de prise de risque sur les marchés financiers.»