CR7, comme Cristiano Ronaldo et son célèbre numéro 7, est poursuivi depuis quelques années pour son «organisation» fiscale, passée de Jersey à Luxembourg, puis au Portugal. (Photo: Shutterstock)

CR7, comme Cristiano Ronaldo et son célèbre numéro 7, est poursuivi depuis quelques années pour son «organisation» fiscale, passée de Jersey à Luxembourg, puis au Portugal. (Photo: Shutterstock)

Le registre des bénéficiaires effectifs (RBE) n’a pas de mémoire, regrette l’enquête internationale sur le Luxembourg, en citant le cas de la star du ballon rond, Cristiano Ronaldo, dans les OpenLux. C’est heureux. Et pas vrai.

«Autre problème: le registre n’a pas de mémoire. Quand la société CRS Holding, du footballeur Cristiano Ronaldo, a été dissoute en mai 2020, son nom a disparu par la même occasion. Tout l’historique [a été] effacé des tablettes du jour au lendemain. ‘C’est une immense faille’, déplore Thom Townsend (le directeur de l’ONG britannique Open Ownership, nldA). ‘Les Panama Papers ont montré que les sociétés des criminels changent régulièrement de propriétaire pour ne pas être tracées.’»

Dans la série des articles publiés ce lundi matin par un consortium de journalistes à partir des données extraites du registre du commerce depuis 2016 et du registre des bénéficiaires effectifs depuis son lancement en 2019, les journalistes pointent son «absence de mémoire».

C’est aussi logique que faux. Expliquons cela avec le cas de Cristiano Ronaldo utilisé par les journalistes.

Le 22 mai 2020, le footballeur décide de transférer sa holding, CRS Holding, et son capital social légèrement supérieur à 16 millions d’euros au Portugal, sous le nom de «CR Lifestyle Unipessoal Limitada». À partir des 30 jours de cette décision, le footballeur avait l’obligation d’inscrire sa holding au Portugal,

Cela fait-il pour autant «disparaître» les données de la holding au Luxembourg? Non. Si elle n’apparaît plus – logiquement – dans le RBE puisque la société n’existe plus au Luxembourg et qu’il n’y a donc plus de bénéficiaire économique, tous les actes enregistrés au Luxembourg sont toujours disponibles au registre du commerce.

Hôtels de luxe, sport de combat et… carottes

Il est tout à fait possible d’y lire, selon le dernier bilan (2019), que le chiffre d’affaires se montait à 300.000 euros, après que le joueur a dû apurer des dettes de plus de 8 millions d’euros en 2017.

Ou bien encore que ses penchants à la structuration fiscale ne sont pas neufs. En 2018, des journalistes italiens s’étaient déjà penchés sur le dispositif, organisé au Luxembourg par l’avocat Paolo Panico, à la tête de Private Trustees qui avait déjà organisé le rapatriement des avoirs du footballeur depuis sa holding de Jersey vers le Luxembourg.

Il s’est finalement acquitté des 18,8 millions d’euros que lui réclamait le fisc espagnol au moment de son départ vers la Juventus de Turin, mais le bilan fait état de trois participations.

Deux sont déjà connues elles aussi, dans Pestana CR7 (50%), avec les sœurs Williams, joueuses de tennis émérites, dans la construction d’hôtels de luxe – une activité qu’il développe aussi avec Carlton Palácio (50%). Ces deux sociétés sont liées au groupe hôtelier de luxe Pestana, qui a des hôtels à Lisbonne, Madère, Marrakech, New York, Madrid et Paris.

La troisième participation, UFC Co-Investment Holdco contrôle l’Ultimate Fighting Championship, l’organisation la plus importante au monde des arts martiaux mixtes, dans lequel CR7 est entré ainsi que d’autres stars comme Sylvester Stallone, les sœurs Serena et Venus Williams, Maria Sharapova ou Ben Affleck.

Dans le documentaire «Parallel Worlds», le footballeur décrit son amour pour les sports de combat.

Si les carottes commençaient déjà à cuire en 2019 pour le footballeur et sa redoutable organisation fiscale, sa dernière participation, 10% dans un business de vente de carottes préemballées, avait été transférée dans sa holding au Portugal.

Le retour, déjà, de l’enfant prodige au pays.