Cette année a lieu la 193e édition de l’Éimaischen à Luxembourg-ville, après deux années virtuelles à cause du Covid. (Photo: Lisa Christl/Maison Moderne)

Cette année a lieu la 193e édition de l’Éimaischen à Luxembourg-ville, après deux années virtuelles à cause du Covid. (Photo: Lisa Christl/Maison Moderne)

Connaissez-vous la tradition des Péckvillercher? On vous explique, en 10 questions, d’où viennent ces petits oiseaux en terre cuite qui imitent le cri du coucou et colorent les marchés du lundi de Pâques.

Les Péckvillercher chanteront de nouveau, lundi 18 avril 2022, à l’occasion de l’Éimaischen. Vous ne connaissez pas ce marché annuel luxembourgeois, sur lequel on vend ces petits oiseaux en terre cuite colorés dans lesquels il faut souffler pour imiter le cri du coucou? On vous explique.

Qu’est-ce que l’Éimaischen?

, l’Éimaischen rappelle la marche des disciples de Jésus vers Emmaüs, près de Jérusalem, où le Christ apparut à deux d’entre eux avant sa résurrection. Même si cette version n’est «pas vérifiée», selon Claude Esch, secrétaire général du Comité Alstad, qui co-organise l’événement avec la Ville de Luxembourg depuis 1937.

On sait seulement que «le lundi de Pâques, il y avait toujours une messe de la confrérie du patron des potiers. Après la messe, ici à Saint-Michel (à Luxembourg-ville, ndlr), il y avait toujours un marché de poterie devant l’église. Le nom Éimaischen, on le trouve pour la première fois le 3 avril 1827, quand un commissaire de police a demandé à la Ville de Luxembourg de le déplacer sur la grande place (du Marché-aux-Poissons, ndlr), le nommant pour la première fois ‘Éimaischen’. C’était trop petit devant l’église.» On y trouvait des vases, des pots… mais aussi des Péckvillercher.

Pourquoi parle-t-on aussi de l’Éimaischen à Nospelt?

Beaucoup de potiers venaient de ce village. Il organise d’ailleurs depuis 1957, lui aussi, son Éimaischen.

Et qu’est-ce qu’un Péckvillchen?

Péckvillchen au singulier, Péckvillercher au pluriel. Concrètement, il s’agit d’un sifflet en forme d’oiseau coloré en terre cuite avec un trou à l’arrière, dans lequel souffler, un deuxième à l’avant, et un troisième dans le dos. Grâce à eux, le son qui en sort est semblable à celui d’un coucou. Contrairement à l’Éimaischen, il n’est «pas typiquement luxembourgeois», avertit le spécialiste. «Cela existe dans le monde entier. Il y a même eu une exposition internationale à Luxembourg, avec des Péckvillercher qui venaient d’Amérique du Sud, de Taïwan…»

La spécificité luxembourgeoise vient du fait qu’ils sont vendus chaque année lors du lundi de Pâques sur un marché dédié aux potiers. Avec toujours de nouveaux modèles, plébiscités aussi bien par les enfants que les collectionneurs.

D’où et de quand date le premier Péckvillchen?

«Impossible de le savoir», selon Claude Esch. Mais «on peut dire que les Péckvillercher sont vendus au Luxembourg depuis 1827, peut-être même avant».

Et pourquoi a-t-on décidé de souffler dans un oiseau en terre cuite pour imiter le cri du coucou?

«Le printemps», devine-t-il. La coutume voulait aussi qu’on offre un Péckvillchen, raconte-t-il. Mais la raison pour laquelle on a voulu imiter le cri du coucou, «ça, on ne le sait pas».

Nicolas Berton, secrétaire de l’asbl Éimaischen, organisatrice du marché de Nospelt, complète: «Les artisans ne savaient pas quoi faire avec les restes de l’argile utilisée pour la poterie et ont décidé de faire les Péckvillercher pour les enfants.»

Des gens vivent-ils encore de la vente de Péckvillercher?

«À l’époque, oui. Aujourd’hui, non», répond Claude Esch. Sur les stands, on retrouve beaucoup d’associations ou même de particuliers. Certains Péckvillercher se vendent aussi dans des boutiques de souvenirs.

Quel est le programme pour cette année à Luxembourg?

Après deux Éimaischen virtuels en raison du Covid, le marché traditionnel revient de manière physique pour sa . Il n’avait pas eu lieu seulement deux fois dans l’Histoire, «en 1870 et en 1918», rappelle Claude Esch.

Il se tiendra ce 18 avril dans la vieille ville (rue du Marché-aux-Poissons, rue du Marché-aux-Herbes, rue de la Boucherie, rue du Rost et rue Sigefroi) de 8h à 17h et sera animé par différents groupes folkloriques. On y trouvera 39 stands de poterie, 22 stands d’artisanat, et 5 de restauration. «Les années précédentes, on trouvait des bibelots qui n’ont rien à voir avec l’Éimaischen. Cette année, nous avons réorganisé et refusé plusieurs stands.» Le secrétaire général du Comité Alstad ne connaît pas le nombre de Péckvillercher produits ou vendus par an. Ils sont «beaucoup», dit-il en souriant.

Et à Nospelt?

, 13 stands habilleront les rues de 10h à 20h. Mais la fête commencera dès samedi et dimanche (les 16 et 17 avril), avec des soirées dansantes qui dureront de 21h30 à 3h du matin. On trouvera plus de 1.200 Péckvillercher en vente lundi. «Chaque année, nous en avons entre 1.000 et 2.000, et tout est toujours vendu», ajoute Nicolas Berton.

Combien coûte un Péckvillchen?

On peut trouver tous types de Péckvillercher à différents prix. Sur son stand, le Comité Alstad en vendra deux modèles: celui produit par la Ligue HMC à Capellen, aux couleurs traditionnelles du comité (orange et bleu), et celui qui a gagné le concours Péckvillchen 2021, réalisé par Sandra Pereira, d’Useldange. Le premier, fabriqué grâce à des moules, disponible en 125 exemplaires, coûte 25 euros. Le second, fait à la main, en 50 exemplaires, 60 euros.

Les modèles sur le site de l’asbl Éimaischen vont de 15 à 30 euros.

Comment reconnaître un modèle fait main?

«Tous les modèles sont différents», résume Claude Esch.