Pierre Franck, directeur exécutif du Luxembourg Trade and Investment Office à San Francisco. (Photo: Maison Moderne)

Pierre Franck, directeur exécutif du Luxembourg Trade and Investment Office à San Francisco. (Photo: Maison Moderne)

Pierre Franck est directeur exécutif du Luxembourg Trade and Investment Office à San Francisco, au cœur de l’un des écosystèmes les plus innovants au monde: la Silicon Valley. En puisant dans ce terreau entrepreneurial de la côte ouest américaine, il évoque les conditions favorables à l’innovation.

Au sein du Luxembourg Trade and Investment Office à San Francisco, Pierre Franck et son équipe ont pour mission de connecter l’écosystème innovant luxembourgeois avec celui de la Silicon Valley. «Nous sommes la tête de pont du Luxembourg au cœur de ce territoire innovant extraordinaire», confirme Pierre Franck, directeur exécutif du Luxembourg Trade and Investment Office, qui occupe aussi par ailleurs la fonction de consul général. «Au quotidien, notre petite équipe de 5 personnes entretient et cherche à élargir un réseau au cœur du riche écosystème qui se déploie ici. Nous allons à la rencontre des entrepreneurs, des incubateurs, des accélérateurs ou encore du milieu académique, pour promouvoir le Luxembourg et ses acteurs, pour soutenir la création de synergies.»

Souvent copiée, jamais égalée

La Silicon Valley compte plus de 6.000 entreprises. Elle a vu naître Apple, Facebook, Google, eBay, HP, Intel ou encore Oracle et beaucoup d’autres derrière eux. Cet écosystème, depuis plusieurs décennies, contribue à transformer le quotidien des populations à travers le monde et continue de faire rêver de nombreux entrepreneurs innovants. «Ce qui rend la Silicon Valley si exceptionnelle? C’est un peu comme la formule de Coca-Cola, beaucoup ont cherché à l’imiter, mais personne n’est jamais arrivé à la reproduire», s’amuse Pierre Franck. «À Palo Alto, sur une même rue, on trouve d’un côté l’Université de Stanford et de l’autre les plus importantes sociétés d’investissement dans la technologie. Cela symbolise toute la richesse de cet écosystème, où des synergies fortes se créent entre les mondes académique, business et technologique.»

À cela s’ajoutent des moyens financiers engagés au niveau de la Silicon Valley, qui sont effectivement conséquents, sans commune mesure avec ce que l’on voit en Europe.

Pour apprendre, il faut échouer.
Pierre Franck

Pierre Franckdirecteur exécutifLuxembourg Trade and Investment Office à San Francisco

L’échec, moteur de la réussite

Le savoir, la maîtrise technologique et l’argent ne font pas tout pour autant. Pour lier tout cela, la culture entrepreneuriale dans laquelle baigne ce petit monde (près de 3.000.000 d’habitants en 2015) est elle aussi unique. «L’échec est considéré comme quelque chose de positif et de naturel au cœur de notre cheminement personnel. Pour apprendre, il faut échouer. Cela se traduit aussi bien au niveau du business que dans l’enseignement», poursuit Pierre Franck. «Ici, on encourage l’audace, alors qu’en Europe, on aura tendance davantage à modérer nos ambitions pour, surtout, éviter de commettre des erreurs.»

Cet environnement unique n’est évidemment pas simple à reproduire. On peut toutefois s’en inspirer, reprendre certains éléments, les adapter à son environnement.

S’inspirer et coopérer

Le Luxembourg, pour construire un écosystème innovant, n’a pas manqué d’aller puiser des idées en Californie. «Une de nos missions est de construire des ponts entre nos deux écosystèmes, de connecter les acteurs, entreprises, instituts de recherche, incubateurs, etc. pouvant partager des intérêts communs», poursuit Pierre Franck. «Des coopérations naissent des échanges et des rencontres effectués. Tout cela profite à l’écosystème luxembourgeois.» Par exemple, des start-up luxembourgeoises ont profité d’accords passés avec des incubateurs pour s’immerger au cœur de cette culture entrepreneuriale californienne.

C’est au niveau du secteur spatial que le Luxembourg est aujourd’hui le plus connu.
Pierre Franck

Pierre Franckdirecteur exécutifLuxembourg Trade and Investment Office à San Francisco

Le Luxembourg brille dans le spatial

Le Luxembourg a pu se forger une petite, mais solide réputation dans les milieux entrepreneuriaux de la Silicon Valley. «D’un secteur à l’autre, l’évocation du Luxembourg ne suscitera pas les mêmes réactions. C’est au niveau du secteur spatial que le Luxembourg est aujourd’hui le plus connu», explique le consul général. «À ce niveau, sous l’impulsion d’ (LSAP), l’initiative Space Resources, qui a représenté un coup d’audace associé à un excellent flair, a permis de placer le Luxembourg sur la carte et d’attirer plus de 50 entreprises du secteur, à l’instar de Spire ou Made In Space.»

Vis-à-vis des acteurs de la Silicon Valley, entre autres, le Luxembourg est aussi parvenu à se positionner comme hub européen pour les paiements digitaux liés notamment à l’e-commerce.

La coopération, vecteur d’innovation

Le renforcement de l’écosystème start-up luxembourgeois ne passe pas uniquement par l’émergence de nouvelles structures. Il est aussi possible de construire, d’innover, au départ de l’existant. Pour le consul général, la stratégie poursuivie à travers la LHoFT est aussi très intéressante. «Parmi les nouveaux acteurs que le Luxembourg cherche à attirer, priorité est donnée à ceux qui évoluent dans les domaines de la fintech, ayant un lien direct avec les métiers de la place financière (KYC, Regtech, Insurtech…) pour lui permettre de proposer de nouveaux produits et services», explique Pierre Franck. «Dans cette perspective, les acteurs déjà en place peuvent capitaliser sur la confiance des clients. Les start-up, dans une démarche de coopération, ont l’opportunité de se greffer à l’industrie existante, d’accéder à leurs clients, pour enrichir la proposition de valeur globale. La coopération est, dans ce contexte, un réel levier d’innovation.»

On ne peut innover sans courage et sans audace.
Pierre Franck

Pierre Franckdirecteur exécutifLuxembourg Trade and Investment Office à San Francisco

On ne réussit pas par hasard

Innover peut donc s’envisager de diverses manières. Toutefois, selon Pierre Franck, il faut tout de même réunir quelques qualités pour faire la différence, que ce soit à l’échelle d’une entreprise ou d’un écosystème. «On ne peut innover sans courage et sans audace», explique le consul général. «Si on ne peut pas nier qu’il y a un facteur chance, il y a derrière chaque succès beaucoup de travail. Les gens réussissent rarement par hasard, mais parce qu’il y a un réel engagement dans la durée. Cela implique de rester flexible et vigilant, pour pouvoir adapter son projet en fonction des aléas, de bien s’entourer. Tout en poursuivant un objectif lointain, il faut aussi pouvoir générer des revenus à court et moyen termes. Innover, au-delà de l’idée, implique aussi de disposer de la capacité à la mettre en œuvre dans le temps.»