Depuis mars 2020, 328 résidents de maisons de soins sont décédés du Covid-19, sur ce qui représente 6,2% de tous les résidents. 53 clusters avec 1.660 résidents positifs au Covid-19 ont également été enregistrés dans les structures d’hébergement du pays. Une situation qui a poussé de la ministre de la Famille (DP), jeudi 1er avril, à la Chambre, lui reprochant sa gestion de la crise sanitaire dans ces établissements.
Ces 328 décès auraient-ils pu être évités? Pour Marc Fischbach, président de la Copas – confédération regroupant la quasi-totalité des maisons de soins au Luxembourg –, «il est difficile de répondre à cette question. On aurait certainement pu faire mieux, mais je ne sais pas comment. Le problème, avec ce virus, c’est qu’aujourd’hui, nous sommes face à une situation qui peut changer demain, et il faut sans cesse réagir à des faits nouveaux et s’adapter.»
Une population «plus vulnérable»
Alors que la vaccination dans les maisons de soins a débuté en janvier «et que 90-95% des résidents sont aujourd’hui vaccinés», Marc Fischbach regrette que les intervenants externes, comme les agents de nettoyage, de restauration, les kinésithérapeutes, ou encore les podologues, ne soient pas vaccinés. «Le gouvernement a préféré se baser sur le statut de la personne (salarié ou sous-traitant), et non sur sa fonction (administratif ou en contact direct avec le résident), ce qui a engendré la situation qu’on connaît maintenant: le personnel salarié administratif a été appelé à se faire vacciner, alors que le personnel sous-traité, qui est quotidiennement en contact avec les résidents, a été exclu.»
Et s’il reconnaît que ce nombre de décès inquiète, le président de la Copas défend les 54 membres de la confédération: «Nous sommes face à la troisième vague du Covid-19, tout le pays est touché. Les maisons de soins ont suivi les recommandations du ministère de la Santé, nous avons été impliqués dès mars 2020 dans la cellule de crise. Nous avons tout fait pour éviter ce drame, mais nous sommes face à des pensionnaires avec une moyenne d’âge de 80-85 ans, donc ils sont plus vulnérables.»
«Isoler n’est pas la solution»
«Et le taux de mortalité dans les maisons de retraite du pays dû au Covid-19 est bien inférieur à celui des autres pays de la Grande Région. Une pandémie, ce n’est pas un événement quelconque, nous n’avons pas la maîtrise, il y a tellement d’éléments en jeu, comme la vaccination, la disponibilité des vaccins, les nouveaux variants du virus, leur résistance aux vaccins, etc.»
«Ceux qui reprochent au secteur de ne pas avoir mieux géré cette crise sont également ceux qui étaient contre l’idée d’isoler ces personnes âgées en limitant les visites et l’intervention de prestataires externes.» Et Marc Fischbach de rappeler qu’«il y avait aussi des cas de Covid-19 durant le premier confinement, qui était strict, donc isoler les maisons de soins n’empêche pas les contaminations, et le virus de circuler. Cela a au contraire un impact sur la santé mentale des pensionnaires.»
Une «dépendance» aux personnels frontaliers
Le directeur de la Santé Jean-Claude Schmit avait précisé, , qu’il est difficile de connaître l’élément déclencheur d’un cluster. «Dans une maison de soins, on peut par exemple suspecter le système d’aération, qui serait défaillant et qui entraînerait la circulation du virus», note Marc Fischbach, qui se dit «moins inquiet qu’il y a quelques semaines, avec la vaccination quasi totale des résidents». Un cluster a notamment été enregistré dans un établissement «où, sur la quinzaine de personnes infectées, la plupart ont été asymptomatiques. Donc, si le vaccin n’empêche pas le virus de circuler, comme l’avaient prédit de nombreux virologues, il limite les complications.»
Ce qu’a démontré cette crise, «et de manière brutale, c’est notre dépendance aux personnels frontaliers», pointe également le président de la Copas. «Il faut entreprendre beaucoup plus d’efforts pour encourager les jeunes à travailler dans nos professions de santé, il faut aussi revoir toute l’offre de formations du pays.»