Claus Mansfeldt, président de Swancap Investment Management, et qui occupera prochainement la fonction de président de la Luxembourg Private Equity & Venture Capital Association (LPEA). (Photo: Maison Moderne)

Claus Mansfeldt, président de Swancap Investment Management, et qui occupera prochainement la fonction de président de la Luxembourg Private Equity & Venture Capital Association (LPEA). (Photo: Maison Moderne)

L’investissement dans le Private Equity prospère. Et la place financière luxembourgeoise, qui est parvenue à se positionner en hub européen pour ce segment d’activité, entend bien profiter de l’attrait grandissant des investisseurs pour cette classe d’actifs.

«En vingt ans, le volume d’actifs sous gestion dans le domaine du private equity au Luxembourg est passé de quasi rien à 500 milliards d’euros», commente Claus Mansfeldt, président de Swancap Investment Management, qui occupera prochainement la fonction de président de la Luxembourg Private Equity & Venture Capital Association (LPEA). «Aujourd’hui, 90% des fonds d’investissement européens sur ce segment d’activité sont domiciliés au Luxembourg. La place financière est un centre au départ duquel la grande majorité des acteurs private equity globaux mènent des opérations en Europe.»

Rendements supérieurs

C’est peu dire que l’activité de gestion d’actifs sur ce segment particulier connaît un développement intense. Les raisons de ce succès sont multiples. D’abord, et de manière globale, on constate un attrait grandissant pour ces produits alternatifs.

«Il a été démontré, et ce sur plusieurs cycles d’investissement, que les retours obtenus sur la classe d’actifs qui nous occupe sont généralement bien supérieurs à ce que propose le marché des actions cotées», précise le président élu de la LPEA. «Dans cet environnement, il est naturel pour les investisseurs désireux de profiter des meilleurs rendements de se tourner vers le private equity.»

Simplicité rime avec attractivité

Le Luxembourg, qui est parvenu à se positionner remarquablement sur ce segment, profite aujourd’hui directement de ce succès grandissant. Pour les gestionnaires de fonds dans ce domaine, la place financière a beaucoup d’atouts à faire valoir. «La stabilité politique, le triple A, le fait que le pays se situe dans la zone euro sont des arguments connus contribuant à l’attractivité du Luxembourg», explique Claus Mansfeldt.

À cela s’ajoute un cadre légal et fiscal optimal, offrant la possibilité de recourir à des structures juridiques – comme la société en commandite – très appréciées des gestionnaires d’actifs dans le domaine du private equity. Le cadre fiscal, très simple et transparent, avec un niveau de taxation minimal à la source, est aussi un atout fort permettant de mieux servir les investisseurs. Dans un environnement financier complexe, la simplicité induite par le cadre réglementaire luxembourgeois constitue un avantage net.»

Le Luxembourg est parvenu à définir très tôt une vision claire sur l’interprétation et la manière de transposer la directive dans le droit national. 
Claus Mansfeldt

Claus Mansfeldtprésident de la LPEA à partir du 1 er septembre

AIFMD, tournant du PE au Luxembourg

C’est autour de la mise en œuvre de la directive AIFM que le Luxembourg est parvenu à tirer son épingle du jeu. Anticipant remarquablement les opportunités découlant de ce nouveau cadre réglementaire, le pays est parvenu à attirer de nombreux gestionnaires de fonds alternatifs, parmi lesquels des acteurs du private equity.

«Le Luxembourg est parvenu à définir très tôt une vision claire sur l’interprétation et la manière de transposer la directive dans le droit national. C’est une des raisons-clés qui nous a amenés, en 2013, à positionner SwanCap au Luxembourg. Beaucoup d’autres ont rejoint le Luxembourg dans ce contexte», assure Claus Mansfeldt.

Un segment pourvoyeur d’emplois

Et comme souvent, le monde attire le monde. «Le Luxembourg a progressivement renforcé son écosystème, avec l’arrivée de nouveaux asset managers dans le domaine du private equity, mais aussi le développement de nombreux prestataires de services pour les accompagner.»

«Aujourd’hui, la LPEA estime que plus de 1.000 travailleurs luxembourgeois travaillent directement avec les gestionnaires d’actifs sur ce segment, un multiple de ce nombre évoluant par ailleurs dans les services associés à l’ensemble de la chaîne de valeur», assure le président élu de la LPEA. «Si une part importante de l’activité a trait aux fonctions de back-office, d’administration des fonds, on constate que la substance se développe aussi sur le middle et le front office, sous l’effet notamment de la régulation.»

Le régulateur, notamment, a souhaité renforcer le nombre de directeurs indépendants au sein des organes de gestion.
Claus Mansfeldt

Claus Mansfeldtprésident de la LPEA à partir du 1 er septembre

Publié en août dernier, la circulaire 18/698 de la CSSF fixait notamment de nouvelles exigences de substance pour les gestionnaires. «Le régulateur, notamment, a souhaité renforcer le nombre de directeurs indépendants au sein des organes de gestion. Par la même occasion, il limitait le nombre de mandats qu’une seule personne peut cumuler», explique Claus Mansfeldt. «Cela va dans le bon sens, contribue à renforcer la substance. Toutefois, il n’est pas évident de toujours parvenir à trouver les compétences dans ce contexte.» La LPEA estime actuellement à 800 le nombre de postes ouverts en lien avec l’activité de private equity.

Fédérer les investisseurs localement

Encore souvent mal connue des investisseurs, cette catégorie d’actifs pourrait séduire davantage. «C’est pourtant un investissement simple à comprendre, qui contribue directement à l’économie réelle. On est bien loin de l’ingénierie financière, de certaines structurations opaques ou autres produits dérivés», commente Claus Mansfeldt. «À bien des égards, l’investissement dans le private equity est plus clair et moins risqué que des investissements dans d’autres catégories d’actifs.»

Un autre enjeu poursuivi par l’association vise le renforcement d’une réelle communauté d’investisseurs dans le domaine du private equity au Luxembourg. «De manière générale, localement, le niveau d’investissement dans ce domaine est en retrait par rapport à d’autres pays. Nous souhaitons pouvoir mieux valoriser cette catégorie d’actifs auprès de l’ensemble des acteurs présents au Luxembourg, qu’il s’agisse d’investisseurs, de family offices ou encore de fonds de pension.» Sans aucun doute, le private equity dispose encore de belles marges de progression.