Au Pulvermühl, La Villa de Camille & Julien affiche de grandes ambitions à des prix qui leur correspondent, mais semble avoir besoin de prendre encore ses marques pour les justifier… (Photo: Maison Moderne)

Au Pulvermühl, La Villa de Camille & Julien affiche de grandes ambitions à des prix qui leur correspondent, mais semble avoir besoin de prendre encore ses marques pour les justifier… (Photo: Maison Moderne)

Un nouveau chef qui vise clairement l’étoile, un cadre toujours agréable mais encore beaucoup d’approximations et des prix très élevés: on a testé La Villa, reprise par Camille et Julien Lucas.

Quelques jours à peine avant le confinement, alors qu’on y clôturait un déjeuner très agréable, nous apprenions par le chef Philippe Ismaili la vente, et donc la fermeture temporaire, du restaurant La Villa au Pulvermühl. Puis, les rumeurs de reprise par un chef étoilé français vont bon train, jusqu’à être confirmées: Julien Lucas, chef exécutif de l’Auberge du Jeu de Paume à Chantilly jusque fin 2019, formé entre autres chez Ducasse, débarque effectivement à Luxembourg pour ouvrir le 9 juin, avec sa compagne, La Villa de Camille & Julien.

Dans un entretien accordé à nos confrères du Républicain Lorrain, le chef Lucas annonce viser une étoile «rapidement», et évoque même une seconde. La promesse est donc ambitieuse. Difficile d’attendre plus longtemps pour aller voir ce que tout cela donne… D’autant plus que les prix affichés sont équivalents aux établissements les plus côtés du pays: un business lunch à 55€, un menu «L’Essentiel du goût» cinq services à 92€ et un menu dégustation «Entre Lorraine et Grand-Duché» à 130€. Même ordre de prix que chez Cyril Molard à  – deux étoiles Michelin – ou que chez Arnaud Magnier au pour les prix à la carte.

C’est donc par «L’Essentiel du goût» que nous nous laisserons tenter, lors d’une soirée faite de hauts mais aussi, malheureusement, de quelques bas... La cadre n’a pas beaucoup changé, la salle est plus aérée qu’avant, avec des jolies assises confortables et un impressionnant tronc de bois trônant sur l’intégralité du comptoir. La terrasse n’a pas bougé non plus, simple et efficace. Pas de suggestion pour l’apéritif, dommage. Pendant la dégustation d’un trio d’amuse-bouche très réussi (mention spéciale à la tartelette de fève), la carte nous est expliquée en détail, mais les menus restent un mystère.

Pour l’apéritif sur la jolie terrasse, un trio d’amuse-bouche présentant une très bonne tartelette de fève. Maison Moderne

Pour l’apéritif sur la jolie terrasse, un trio d’amuse-bouche présentant une très bonne tartelette de fève. Maison Moderne

Lorsqu’on demande tout de même une indication pour le choix du vin, on nous répond que «tout va avec tout». Jaw drop. Peut-être faudrait-il laisser quelqu’un dont c’est le métier parler de vin lorsqu’on vise l’étoile... Bon point: la carte des vins comporte des valeurs sûres du terroir luxembourgeois à des prix plutôt honnêtes. Difficile de se tromper avec du Château Pauqué...

Surtout qu’on imagine avoir du poisson, comme le brochet, bien mis en avant lors de la présentation de la carte. Erreur fatale: le menu cinq services sera au final constitué d’une entrée végétale, d’une viande, puis fromage, pré-dessert et dessert. Au diable le pré-dessert coco-passion, même très frais et savoureux: à 92€, on s’attend au moins à une super entrée de poisson. Sorry, not sorry.

L’entrée végétale autour de la tomate est réussie et très bien assaisonnée. On regrettera simplement que la partie «steak» n’ait pas été émondée. Par contre, on voudrait bien l’eau de tomate aux tagètes du potager en petite bouteille sur notre table de chevet chaque matin...

Le ris de veau est bien cuit, avec une petite croûte juste comme il faut, et l’accompagnement de carottes montre une bonne maîtrise de la découpe. C’est très joli, mais rien ne fait vraiment écarquiller les yeux... Par contre, le chaource du Grand Est, légèrement fumé, accompagné de poire et de câpres, est une vraie réussite, avec un bel équilibre des textures et des saveurs, qui servent toutes à relever la qualité de cet excellent fromage!

C’est au final le dessert qui saura apporter l’effet «wow» du menu, grâce à de la rhubarbe annoncée comme un «souvenir d’enfance de Camille en bord de mer» et qui joue enfin l’audace, notamment avec une association au homard aussi subtile que réussie.

Il est au final assez difficile de résumer l’expérience de la nouvelle Villa par Camille et Julien. On sent que le potentiel est là, mais lorsqu’on s’en tire à 195€ par tête sans grand vin, les approximations n’en ressortent que plus… Sans doute faut-il laisser encore quelques semaines au chef Julien Lucas pour poser correctement ses valises et adapter ses menus. 

La Villa de Camille & Julien

5, rue de Pulvermühl, Luxembourg

T. 28 99 39 93

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