Il a fini par franchir le pas. Huit ans après avoir ouvert son premier restaurant, Miel et Safran, à la sortie de Yutz direction Sierck, Adil Soudani remet le couvert au 15 de la rue Notre-Dame à Luxembourg, entre l’ambassade de France et le ministère des Affaires étrangères. En bon ambassadeur de son Maroc chéri, le chef ne laisse là non plus rien au hasard.
Hormis la vitrine vitrée qui ouvre pour l’instant sur les travaux de la rue, la salle cultive la même intimité que dans ce qu’il convient d’appeler désormais «son autre restaurant». «La cuisine est pour moi, un arbre dont les racines sont au Maroc, et qui respire par ses feuilles en ces lieux», explique-t-il d’ailleurs à l’ouverture, début mars, toujours un œil au-dessus de votre épaule pour vérifier que tout est exactement comme il voudrait que cela soit, pour lui et pour ses invités.
Aux côtés de la Marrakech Mule, le restaurant offre une variété de cocktails surprenants, ses «Créations». (Photo: Thierry Labro/Maison Moderne)
De ses origines marocaines, il conserve le goût des épices, dont il utilise une quarantaine en permanence, et des plats simples. De l’Orient, il a gardé une nouvelle façon de cuire ses plats dans ses sauces dont le secret est mieux gardé qu’un certain «Beaujolais du Texas». Des Omeyyades de Syrie, il propose toujours les pâtisseries faites de miel et d’amandes. Des Andalous, les mélanges sucrés-salés et aigre-doux.
Entrer chez Miel et Safran, c’est d’abord ne pas être pressés de repartir… Ses fauteuils à l’entrée sont autant d’occasions de découvrir ses créations de cocktail, forcément orientales elles aussi. Le piège est peut-être dissimulé là, dans les Chakchouka, Zaalouk, Humous et autres Loubia ou merguez tomates oignons à partager. Voire dans les deux coups de cœur, un assortiment de sept saveurs et un panaché de briouates, ces petits feuilletés garnis.
Comme dans son premier restaurant, Adil Soudani a voulu une ambiance chaleureuse et feutrée. (Photo: Thierry Labro/Maison Moderne)
Parce que dans sa cuisine généreuse, il faut oser ses tajines, qu’ils soient végétarien, poulet-citrons, bœuf-olives ou – de très loin mon préféré – Miel et Safran, cette souris d’agneau qui a cuit jusqu’à être savoureusement confite et accompagnée de fruits secs. La lenteur étant gage de plaisir dans la cuisine de l’endroit, le chef propose aussi trois Tanjia signatures, qui ne sont pas le fruit d’une faute d’orthographe, pour nous Européens, mais d’une cuisson différente: ces plats cuisent dans les cendres qui sont sur le côté du feu.
Et si jamais vous n’étiez pas fan de la cuisine régressive, de plats dans lesquels, comme des enfants, vous pourriez avoir envie de mettre les doigts, trois «pastilla» sont elles aussi à la carte, ces «tourtes» d’origine espagnoles et revisitées là encore avec des saveurs d’Orient, que ce soit au poulet, au bœuf ou… au homard. Et si jamais, vous n’étiez pas non plus de nature à vous laisser embarquer pour l’aventure, les quatre variétés de couscous, qu’ils soit végan, à compléter, royal ou Miel et Safran, sauront donner envie d’aller plus loin. La prochaine fois.
L’endroit propose aussi une carte plus rapide pour ceux qui viendraient à la mi-journée.
Miel et Safran, 15 rue Notre-Dame à Luxembourg, tél.: 26 67 50. Adresse email: [email protected].
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