Le K est-il à la hauteur de la réputation du Domaine de la Klauss? (Photo: Domaine de la Klauss)

Le K est-il à la hauteur de la réputation du Domaine de la Klauss? (Photo: Domaine de la Klauss)

Un luxueux cocon de pierre dans le coin le plus charmant du Pays des trois frontières, un personnel aux petits soins et une carte suffisamment travaillée pour être mémorable. On a dîné au K, le restaurant du Domaine de la Klauss, l’hôtel-spa dont tout le monde parle en Grande Région.

Schengen et le Grand-Duché sont à un saut de puce, à moins d’un quart d’heure en voiture de la bourgade de Montenach, en Moselle, côté français, où le Domaine de la Klauss n’a cessé de gagner en notoriété depuis son ouverture en 2016. L’hôtel-spa, membre de l’association Relais & Châteaux, a décroché sa cinquième étoile en 2020. Une reconnaissance officielle, à laquelle s’ajoute l’adhésion officieuse du grand public, plus symbolique certes, mais impressionnante, du moins sur Facebook, où 141.000 followers ont fait du lieu l’hôtel le plus suivi de France. Ni plus ni moins.

Le Domaine aux faux airs de château mérite sans aucun doute ces louanges, tant le confort et la qualité des prestations sont omniprésents dans les chambres et le spa. Mais qu’en est-il de son restaurant gastronomique, listé au Michelin, sans pour autant avoir droit à son étoile ou son Bib Gourmand? C’est un menu aux cinq temps forts qui nous attend dans un cadre chaleureux et lumineux, où les superbes lustres (très design) se conjuguent soigneusement avec les matériaux bruts (pierre et bois). Le tout pour 115€, sans l’accord mets-vins qui ne laissera pas de marbre s’il est choisi.

Le bar voisin (élu récemment «meilleur bar d’hôtel du monde» selon les Prix Villégiature) ainsi que le ballet continu du personnel instaurent une joyeuse cacophonie. Ça fourmille dans tous les sens! Le K a en effet ouvert une deuxième salle cet été, qui augmente naturellement la capacité d’accueil du restaurant, à l’ambiance un peu moins tamisée et intime que par le passé.

Mais passons ce détail. L’essentiel est dans l’assiette! Après une mise en bouche agréable et joliment présentée, le menu débute fort avec du tourteau accompagné d’un peu de caviar. Ce duo est une spécialité du K, qui se distingue ici par son écume de pommes, sa pulpe de fenouil et se crème au yuzu, cet agrume japonais qui fait toujours mouche. C’est aussi beau que bon.

La Saint-Jacques et le dessert en trompe-l’œil chocolaté. (Photo: Maison Moderne)

La Saint-Jacques et le dessert en trompe-l’œil chocolaté. (Photo: Maison Moderne)

La suite est plus originale (mais non moins délicieuse) avec une poêlée de cèpes en persillade, accompagnée de charcuterie (du cecina de bœuf) et surtout d’un succulent crémeux de jaunes d’œufs (le luxe des choses simples). Des noix de coquille Saint-Jacques assurent une belle transition, en particulier grâce à leur splendide jus des barbes, ces petits éléments disgracieux que l’on retrouve dans la coquille, autour de la noix, mais qui regorgent de douceur.

Après le poisson, l’instant viandard. Le chef Benoît Potdevin a misé sur un pièce de cerf pour satisfaire les carnivores. Et le choix – du dos de cerf rôti au sautoir – est efficace. La cuisson est impeccable. La viande est tendre à souhait. Du potimarron «compressé» et des chips de châtaigne l’accompagnent en toute simplicité.

Après tout ça, il reste bien de la place pour le dessert? Oui, toujours! Mais, entretemps, comment ne pas craquer pour l’exceptionnel chariot de fromages, avec ses dizaines de propositions qui sentent bon le terroir… C’est au choix. Et c’est à volonté. Alors, pourquoi se priver?

Une fois la première note sucrée rapidement ingurgitée, vient l’heure (après presque 3 heures de repas l’air de rien, tout de même) du dessert. C’est la bonne surprise esthétique avec un adorable champignon dans son environnement boisé, dans l’air du temps (automnal). Il s’agit bien sûr d’un trompe-l’œil, remarquablement réalisé grâce à une mousse gianduja du plus bel effet et un cœur de poire coulant. Quelques nuances de poire en sorbet et de la meringue donnent astucieusement le change. Ce point final est brillant.


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Alors, verdict: si le K propose une expérience gastronomique de haute volée, sans fausse note de la première à la dernière bouchée, on lui préfère toutefois, dans un même registre, La Cristallerie, le restaurant du Place d’Armes, autre hôtel cinq étoiles à Luxembourg-ville. Un tantinet plus d’innovation et d’audace distingueraient sans doute les deux adresses, à la faveur de l’établissement grand-ducal, un rien plus raffiné. Pour autant, le K ne déçoit pas. D’autant qu’il est le délicieux chapitre d’une expérience hôtelière d’exception. Une parenthèse enchantée à nulle autre pareille en Grande Région.

Le K: 2 impasse du Klaussberg, Montenach (France)

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