On ne va pas se le cacher: c’était loin d’être un moment inoubliable. Et cela n’a tenu qu’à assez peu de choses au final. Le restaurant Main a ouvert de manière excessivement discrète au cour de l’été, en lieu et place de l’ancien très populaire Secret Garden fermé depuis des lustres, à quelques pas de la Grand Rue et de la place du Théâtre. Ouverture discrète au point que peu ont pris connaissance de l’opération, menée entre autre par un des nouveaux patrons de la plateforme de livraison Goosty. Il fallait qu’on aille voir ce que ça donne…
L’arrivée sur place est plutôt chouette et sent l’ambiance «resto de soirée branché où l’on peut pousser les tables et danser». Enseigne lumineuse, mur de téléviseurs vintage, murs noirs, écrans, tables hautes... On retrouve aussi le grand bar de l’entrée et la vaste terrasse, atout indéniable dans un endroit aussi central de la capitale. Ceci dit, première interrogation: pourquoi est-ce une playlist musicale clairement sponsorisée par Prozac qui a été choisie pour l’«ambiance» musicale, qui tranche bizarrement avec le cadre? Soit...

L’entrée du nouveau Main est jolie et promet une ambiance branchée… (Photo: Maison Moderne)
Apéritif sans accro avec un des nombreux cocktails proposés – un Paloma dans notre cas. Puis vient le moment fatidique du choix dans la carte, et ça se complique un peu... On compte pas moins d’une soixantaine de propositions, entre les entrées, tapas à partager, plats principaux, desserts ou encore la section «combo à partager» où figurent notamment un plateau «Soirée Filles» et un «Soirée Mecs» pas du tout clichés... Qui dit carte pléthorique dit produits congelés: ce n’est plus vraiment un secret ni dans la tendance du moment, qui va vers plus de simplicité et de fraicheur. On se laisse donc d’abord tenter par quelques entrées à partager ou non: thon gingembre, petites seiches poêlées et champignons portobello farcis.

Portobellos farcis gourmands au Main. (Photo: Maison Moderne)
Bonne surprise: c’est plutôt bon, notamment le thon cuit au poil et le champignon farci bien gourmand. Pour le plat principal, on opte pour le surf & turf, plat assez emblématique de ce genre d’établissement «festif», et on demande à ce qu’il soit accompagné de la purée au piment jalapeño qui nous fait de l’œil... Et on fait bien: cette dernière est réussie et fait le lien entre les éléments de l’assiettes, qui eux pourraient par contre bénéficier d’un peu plus de réflexion, malgré des cuissons et assaisonnements maitrisés par la cuisine. Le filet de bœuf congelé: pourquoi ne pas opter par exemple pour un morceau moins premium mais frais et bon comme de l’onglet. Idem pour la grosse gamba esseulée flanquée d’une noix de Saint-Jacques tout aussi triste. De la pêche du jour, des coquillages de saison et tout cela aurait déjà un parfum plus contemporain. À 34,90€, on en aurait pour son argent et on mangerait du frais.
Update: contacté depuis, la direction du Main Luxembourg assure que si certains produits utilisés sont effectivement congelés, la viande ne l’est pas. Nous avons été invités à retourner sur place, et nous vous tiendrons naturellement au courant!

Un «surf & turf» bien cuisiné mais manquant de produits frais et de sex appeal, sur une carte du nouveau Main trop pléthorique. (Photo: Maison Moderne)
22h30: Amy Winehouse chante toujours sa joie de vivre dans les speakers, le sympathique serveur fait ce qu’il peut mais les tables partent une à une. Rien de catastrophique, mais la sauce ne prend pas. Aucun boss sur place pour chauffer l’atmosphère, c’est dommage. Même sans son premier étage, le Main a franchement du potentiel pour (re)devenir un établissement festif populaire en plein centre-ville, notamment auprès des jeunes. Mais il va falloir mettre un peu les bouchées doubles, sauf pour la carte, que l’on verrait bien subir un perte de poids record. Y’a plus qu’à!
Main: 7, côte d’Eich, Luxembourg (centre-ville), T. 26 20 16 97
Vous n’êtes pas encore abonné(e) à la newsletter hebdomadaire Paperjam Foodzilla?