Corinne Cahen: «Pour le poste de bourgmestre de la ville de Luxembourg, ce que vous voudriez, c’est une réponse. Et moi, je ne peux pas vous en apporter une pour le moment…» (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Corinne Cahen: «Pour le poste de bourgmestre de la ville de Luxembourg, ce que vous voudriez, c’est une réponse. Et moi, je ne peux pas vous en apporter une pour le moment…» (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

En annonçant qu’elle ne se porterait pas candidate pour conserver le poste de présidente du DP, tout en ajoutant qu’elle n’était pas non plus preneuse d’un nouveau mandat au ministère de la Famille et de l’Intégration, Corinne Cahen a ouvert la voie aux spéculations. Paperjam l’a rencontrée pour une interview.

Vous avez expliqué récemment que et que vous n’étiez plus non plus intéressée par un nouveau mandat au ministère de la Famille et de l’Intégration si votre parti restait au pouvoir à l’issue des prochaines élections législatives, en octobre 2023. Mais, par contre, on a cru comprendre que le poste de bourgmestre de la ville de Luxembourg vous intéressait…

 (DP): «Non, je n’ai pas déclaré qu’accéder à la mairie me plairait bien. C’est la presse qui l’annonce. Moi, je dis juste que j’aime ma ville. Il y a une nuance…

Le poste de bourgmestre ne vous intéresse pas en vue des prochaines élections communales de juin 2023?

«On verra… Il est beaucoup trop tôt pour en parler et nous avons, pour l’heure, une bourgmestre formidable en la personne de . Une fois que la stratégie sera définie, on en parlera.

En faisant ces annonces, vous deviez vous attendre à ce que la presse se demande si votre avenir politique ne se situe pas désormais au niveau d’une ville de Luxembourg pour laquelle vous rappelez souvent votre attachement…

«Évidemment. Mais je vous répète qu’il est trop tôt. Ce que vous voudriez, c’est une réponse. Et moi, je ne peux pas vous en apporter une pour le moment…

J’ai toujours soutenu que deux mandats étaient suffisants. N’étant pas du genre ‘faites ce que je dis, mais pas ce que je fais’, j’applique donc mes principes.
Corinne Cahen

Corinne Cahenministre de la Famille, de l’Intégration et à la Grande Régionprésidente du DP

Ces élections de juin 2023, vous les avez déjà évoquées avec Lydie Polfer?

«Naturellement. En tant que présidente, je suis en contact permanent avec elle. Comme cela avait déjà été le cas en 2017, avant les élections précédentes, d’ailleurs. Il n’y a vraiment aucun quiproquo entre nous.

On peut penser qu’elle a dû vous demander si vous aviez envie de vous présenter? On sait qu’au sein de votre parti, cela a parfois été tendu pour la Ville de Luxembourg…

«À ma connaissance, cela n’est arrivé qu’une seule fois. Et je n’étais pas encore au parti. En 2005, j’étais encore journaliste lorsque et Lydie Polfer voulaient tous les deux accéder au poste de bourgmestre. Nous avions donc eu droit à une double tête de liste…

Cela pourrait-il se reproduire cette fois-ci?

«Rien n’est exclu. Mais, je le répète, il n’y a aucun souci entre Lydie et moi. Vous savez, si je prends les dernières élections communales, un an à un an et demi avant le scrutin, on ne connaissait pas encore les différents candidats, têtes de liste, etc.

Cette décision de quitter la présidence n’est pas récente. Je leur avais déjà signifié dès 2019, au lendemain des élections européennes.
Corinne Cahen

Corinne Cahenministre de la Famille, de l’Intégration et à la Grande Régionprésidente du DP

«Pour l’heure, j’ai surtout beaucoup de dossiers à traiter au niveau du ministère de la Famille. Des dossiers qui me tiennent à cœur. Nous avons une grande réforme en cours sur les structures et les services pour personnes âgées, mais aussi la loi sur l’intégration qui devrait donner le droit de vote, dès les élections communales de 2023, aux résidents d’origine étrangère, même si ceux-ci sont depuis moins de cinq ans chez nous. En ce moment, j’ai un peu le nez dans le guidon avec tout ça.

Au travers de cette double annonce, on a cru déceler chez vous un besoin de changement?

«Non. Il y a juste un besoin de me tenir à mes propres convictions. J’ai toujours soutenu que deux mandats étaient suffisants. N’étant pas du genre ‘faites ce que je dis, mais pas ce que je fais’, j’applique donc mes principes. Lorsque j’étais présidente de l’Union commerciale de la Ville de Luxembourg, j’étais déjà animée par la même conviction. Et depuis, je m’y suis tenue, en politique comme ailleurs. Pour moi, on arrive avec un programme qu’on met en pratique et une fois que c’est fait, on laisse la place à quelqu’un d’autre, avec des idées nouvelles. J’aime cette fonction, mais le renouvellement, c’est important au sein d’un parti.

Ma présidence, débutée en novembre 2015, aura duré près de sept ans. Et ce alors que nos statuts indiquent qu’on ne peut pas dépasser les neuf années… Je serai disponible pour aider, je serai également toujours ministre, je resterai au bureau exécutif et au comité directeur. Mais je ne me porte juste plus candidate à la tête du parti en vue du congrès du 12 juin prochain. Et cela même si c’est une fonction comme je les aime, avec énormément de terrain.

Dans votre carrière politique, vous arrivez tout de même à un tournant…

«Je peux vous répondre ce que j’ai dit à ma maman voici quelques jours, à savoir qu’elle a une fille de presque 50 ans qui n’a pas réussi dans la vie puisqu’elle se trouve toujours en CDD (elle sourit, ndlr). La politique, ce n’est pas un métier. C’est une fonction. J’aurai été présidente pendant sept ans, avec, au final, un bilan formidable à mes yeux.

Corinne Cahen: «Je peux vous répondre ce que j’ai dit à ma maman voici quelques jours, à savoir qu’elle a une fille de presque 50 ans qui n’a pas réussi dans la vie puisqu’elle se trouve toujours en CDD.» (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Corinne Cahen: «Je peux vous répondre ce que j’ai dit à ma maman voici quelques jours, à savoir qu’elle a une fille de presque 50 ans qui n’a pas réussi dans la vie puisqu’elle se trouve toujours en CDD.» (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Vous tirez donc un bon bilan de votre présidence?

«Je pense qu’on peut dire que nous avons écrit une très belle page de l’histoire du parti. En remportant les élections communales de 2017 et en doublant notre nombre de sièges (d’un à deux, ndlr) deux ans plus tard, aux élections européennes. Sortant de ce scrutin comme le parti le plus fort. Sans oublier, évidemment, entre les deux, les législatives de 2018. Ces dernières ont été une grande première pour le DP puisque nous avons gardé la place de Premier ministre. Ce qui ne nous était jamais arrivé. C’est le succès de toute une équipe.

Avez-vous discuté de ces deux «départs» avec vos proches au sein du parti, et notamment le Premier ministre, ? N’ont-ils pas essayé de vous faire changer d’avis?

«Vous savez, on se parle tous les jours avec Xavier. J’ai forcément évoqué le sujet avec lui, mais aussi avec , , , etc. Ils ont essayé de me convaincre de continuer, de m’occuper de la double élection programmée l’année prochaine. Mais ceux qui me connaissent ont vite compris. Ils savent que c’est difficile de me faire changer d’avis. Et puis, il n’y avait aucun secret. Cette décision de quitter la présidence n’est pas récente. Je leur avais déjà signifié dès 2019, au lendemain du rendez-vous européen. Le Covid est un peu venu rebattre les cartes, mais, désormais, mon mandat se termine… Organiser une campagne est vraiment très prenant. Or, j’ai une famille, cinq enfants.

Qui voyez-vous pour vous succéder? Au bout de sept ans de présidence, vous devez forcément avoir une idée du profil idéal…

«Absolument. Mais je ne vous le donnerai pas (elle sourit, ndlr). Si je vous en énonce un, vous commencerez alors à citer des noms. Et je ne veux pas jouer à ce petit jeu-là. Une ou plusieurs personnes avec une vraie carrure vont se porter candidates. Et je suis très confiante pour l’avenir du parti.»

La seconde partie de cet entretien est à retrouver sur le site paperjam.lu