Les prévisions les plus pessimistes de l’OMC indiquent que le commerce mondial de marchandises pourrait atteindre un score négatif de -2,8% en 2023. (Photo: Shutterstock)

Les prévisions les plus pessimistes de l’OMC indiquent que le commerce mondial de marchandises pourrait atteindre un score négatif de -2,8% en 2023. (Photo: Shutterstock)

Avec la hausse des coûts énergétiques et des prix des denrées alimentaires, couplée au renforcement du dollar et à la géopolitique, l’OMC s’attend à un ralentissement du commerce mondial de marchandises, plongeant à 1% en 2023. Ce qui va de pair avec une baisse de la croissance économique mondiale.

Si les perspectives de croissance de l’économie mondiale ne cessent d’être revues à la baisse, il faut bien que cela se matérialise au niveau du commerce mondial des marchandises. Justement, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) s’attend à ce que le commerce mondial perde de son élan au second semestre de cette année et reste modéré en 2023. Ainsi, l’OMC prévoit que les volumes du commerce mondial des marchandises augmentent de 3,5% en 2022 (révisé à la hausse par rapport à 3% prévu en avril) avant de ralentir à 1% en 2023 (révisé à la baisse par rapport à 3,4% tel que précédemment estimé).

Ces prévisions pourraient toutefois encore être revues à la baisse, note l’OMC, qui explique «qu’il existe un degré élevé d’incertitude associé aux prévisions, en raison de l’évolution de la politique monétaire dans les économies développées et de la nature imprévisible de la Russie dans la guerre Russie-Ukraine».

Une grande marge d’incertitude

Si les risques baissiers se concrétisent, la croissance du commerce mondial pourrait même être négative, pouvant plonger jusqu’à -2,8% l’année prochaine. Mais si de nouvelles évolutions à la hausse se produisent, les volumes de marchandises échangées pourraient grimper jusqu’à 4,6%. Ce qui laisse une grande marge d’incertitude. Le flou règne.

Les volumes de marchandises échangées à travers le globe devraient ainsi se réduire à mesure que la croissance économique des principales économies recule. En Europe, sans surprise, le choc des prix énergétiques découlant de l’invasion de l’Ukraine par la Russie comprimera, d’une part, les dépenses des ménages, et d’autre part, augmentera les coûts de fabrication des entreprises. Les prix européens du gaz naturel ont, par exemple, augmenté de 350% en glissement annuel en août.

Les exportations européennes, qui s’élevaient encore à 7,9% en 2021, devraient tomber à 1,8% en 2022, puis à 0,8% en 2023. Du côté des importations européennes qui s’élevaient à 8,3% en 2021, elles devraient reculer à 5,4% en 2022 et -0,7% en 2023.

Le roi dollar fait vaciller

Mais ce qui se passe en Europe a aussi un impact en Asie. La demande européenne de gaz naturel liquéfié (GNL), pour compenser les approvisionnements réduits en provenance de Russie, a provoqué une hausse de 87% des coûts de l’énergie en Asie.

Finalement, les prix des matières premières alimentaires, telles que les céréales et les engrais, ont également connu une forte augmentation, car la Russie et l’Ukraine constituent deux des principaux fournisseurs. La hausse des prix de ces matières premières libellées en dollars a, en outre, souffert du renforcement du taux de change des monnaies mondiales par rapport au billet vert. En août, les prix mondiaux des céréales avaient, par exemple, augmenté de 15% en glissement annuel, tandis que le blé à lui seul avait augmenté de 18%.

Avec le pétrole aussi libellé en dollars, l’acheminement de ces marchandises est parfois devenu compliqué dans certaines régions où la sécurité alimentaire était déjà un enjeu majeur.