L’OGBL demande au gouvernement de retirer son projet de loi ou, le cas échéant, aux députés de voter contre à la Chambre. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

L’OGBL demande au gouvernement de retirer son projet de loi ou, le cas échéant, aux députés de voter contre à la Chambre. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

L’OGBL réclame le retrait du projet de loi prévoyant un report de l’indexation des salaires, déjà obsolète au vu de la hausse, plus forte que prévu, de l’inflation. Plusieurs tranches indiciaires seront franchies, avec le risque que le gouvernement décide d’en annuler certaines.

«Notre revendication principale est de retirer ce projet de loi, d’office, car il est déjà obsolète, il ne correspond plus à la situation d’aujourd’hui», déclare d’emblée la présidente de l’OGBL, , à propos de la législation faisant suite à , en cours d’examen à la Chambre.

En conférence de presse, ce mercredi 1er juin au Casino syndical, l’OGBL, le lors de la dernière tripartite au sujet du report de l’indexation des salaires en cas de franchissement de plusieurs tranches indiciaires au cours d’une année, voulait faire un bilan de la situation.

Bien sûr, l’OGBL maintient sa position: le projet de loi ne permettra pas de compenser le report de l’index. Il s’agit de «démystifier ce storytelling autour du fameux crédit d’impôt énergie qui va surcompenser tous les ménages: ce n’est pas vrai du tout», assène Nora Back. Pour preuve, selon les calculs du syndicat, contrairement à ce que répète le gouvernement – à savoir que les ménages sont gagnants jusqu’à 6.000 euros –, les personnes en classe d’impôt 1 sont perdantes à partir de 5.500 euros, et, en classe d’impôt 2, à partir de 4.500 euros. «4.500 euros, ce ne sont quand même pas de très hauts salaires au Luxembourg», estime Nora Back.

Une majorité de salariés perdants

Autre exemple: une personne qui fait des heures supplémentaires – généralement des gens à bas salaires, selon la présidente de l’OGBL – gagnerait moins avec le crédit d’impôt énergie (CIE) qu’avec une indexation. Ou encore: un ménage avec deux personnes à 3.000 euros gagnerait davantage avec le CIE, tandis qu’un ménage avec un conjoint ne travaillant pas et l’autre gagnant 6.000 euros à temps plein y perdrait. «C’est quand même une inégalité de traitement, on peut se poser la question de la discrimination», insiste Nora Back.

Il y aura un embouteillage de tranches indiciaires en avril 2024.
Nora Back

Nora BackOGBL

Dans tous les cas, ce serait bien l’exemple que certains ménages du quintile 2 y perdent, contrairement à ce que prétend le gouvernement. «La très grande majorité des salariés sont perdants, il faut quand même le savoir», assure Nora Back.

Positions confortées

Mais l’OGBL va désormais plus loin. Car, depuis l’accord trouvé lors de la tripartite, la situation a beaucoup changé, ce qui conforterait les positions du syndicat. L’inflation envisagée dans un premier temps est finalement beaucoup plus élevée dans les dernières prévisions du Statec. Ce qui implique que plus d’une tranche indiciaire sera reportée. Ce qui amènera à «une situation catastrophique en avril 2024», selon l’OGBL, avec le paiement d’une, deux ou trois tranches indiciaires. «Il y aura un embouteillage de tranches indiciaires en avril 2024», assure donc Nora Back. Qui craint de nouveaux reports, voire, pire, une suppression pure et simple de certaines tranches.

Notre gouvernement va voter un projet de loi auquel il ne croit même pas et qu’il sait dès aujourd’hui qu’il ne va pas respecter.
Nora Back

Nora BackOGBL

«Personne ne peut croire que toutes les entreprises du Luxembourg pourront payer 2,5%, 5%, 7,5% ou 10% à tous leurs salariés en avril 2024, alors que déjà aujourd’hui elles ne peuvent pas le faire», explique Nora Back. «Ce gouvernement engage le prochain gouvernement – entre-temps, il y aura des élections – à imposer aux entreprises luxembourgeoises de payer cela. Tout le monde sait que ce ne sera pas le cas. Donc notre gouvernement va voter un projet de loi auquel il ne croit même pas et qu’il sait dès aujourd’hui qu’il ne va pas respecter.»

Paix sociale bousculée

Devant cette situation, l’OGBL demande donc au gouvernement de retirer le projet de loi, et de recommencer des négociations depuis le début. Avec comme objectif la mise en place d’aides ciblées pour les ménages et pour les entreprises qui en ont vraiment besoin. Car il est inenvisageable, comme en l’état actuel, de «payer l’index à Amazon, à Cargolux, à ArcelorMittal, aux grandes banques, à toutes ces entreprises qui ont des résultats records», considère Nora Back.

Et si le gouvernement ne retire pas son projet, le syndicat appelle les députés à voter contre le projet de loi à la Chambre. L’OGBL va donc rencontrer les partis d’opposition comme ceux de la majorité, pour «sensibiliser» et expliquer ses positions. Mercredi midi, il s’agissait de déi Gréng, après les Pirates, déi Lénk et le CSV. Les autres partis suivront aussi. Avec, bien sûr, en parallèle, des actions syndicales «en permanence». «Maintenant, on va nous écouter et nous voir jusqu’aux prochaines élections parlementaires, et nous rappellerons aux gens ce que ce gouvernement a fait», assure, déterminée, Nora Back. «Nous sommes dans un conflit social, maintenant. La paix sociale a été fortement bousculée avec cette prise de position du gouvernement.»