(Organisation de coopération et de développement économique) présente les perspectives de croissance, les variations d’échanges commerciaux, les indices de prix à la consommation, d’inflation ou de chômage sur l’année 2022, donne des perspectives et surtout formule des recommandations pour les années à venir. La précédente version de cette étude date de 2019.
«Le défi le plus urgent pour le Luxembourg est de maîtriser les tensions inflationnistes, qui devraient perdurer. Les subventions aux investissements favorisant l’efficacité énergétique et les allocations en faveur des ménages défavorisés constituent des mesures préférables au plafonnement des prix, car mieux ciblées, et peuvent contribuer à réduire la demande d’énergie», a déclaré le secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann, lors de la présentation de l’étude, en présence du ministre de l’Économie, (LSAP), de la ministre des Finances, (DP) et du ministre de l’Énergie, (déi Gréng).
Améliorer la résilience
«À plus long terme, l’accent devrait être mis sur l’augmentation des investissements à faible intensité de carbone et sur le renforcement de la recherche et développement pour relever la croissance de la productivité, et à prendre des mesures visant à mieux aligner l’âge de la retraite sur l’allongement de l’espérance de vie», ajoute Mathias Cormann.
L’étude de 180 pages pointe les caractéristiques économiques du Luxembourg, notamment la robustesse de la croissance de l’emploi et des salaires, ainsi que du secteur de la finance et de l’investissement immobilier, qui soutiendra une croissance globale 0,8% pour s’établir à 2,1% en 2023. La confiance des entreprises est solide dans le pays, mais celle des ménages est proportionnellement faible.
L’augmentation des prix de l’immobilier ainsi que des biens intermédiaires tire l’inflation vers le haut et joue sur le moral des ménages, ce qui devrait influencer la consommation à la baisse en 2023. Pour préparer la sortie de crise et se montrer plus résilient, l’OCDE recommande au Luxembourg d’investir notamment dans les technologies de l'information et de la communication (TIC), la croissance bas-carbone, ou la recherche et le développement.
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Elle note que la hausse des émissions imputables aux transports (en partie liée à l’étalement urbain) a entraîné une augmentation des émissions totales depuis 2015. «À moyen et à long terme, le Luxembourg devra continuer aussi à augmenter le prix du carbone pour envoyer des signaux clairs aux investisseurs et aider à atteindre son objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre», est-il précisé dans l’étude. «Regardez par la fenêtre», fait observer Claude Turmes, «vous êtes au centre de l’économie luxembourgeoise et vous avez vue sur la forêt. C’est cette qualité de vie que nous devons continuer de garantir à la population. Elle est aussi garante de notre attractivité et de notre compétitivité».
L’effet inflationniste des prix du logement
Dans son étude, l’OCDE souligne encore la nécessité d’accroître de toute urgence l’offre de logements pour faire face à la hausse rapide des prix de l’immobilier, qui ont grimpé de 9,7% par an en moyenne au cours des cinq dernières années, contre 4,9% en moyenne dans l’Union européenne. Elle salue la proposition du gouvernement de mettre en place et les logements non utilisés, qui contribueront à lutter contre la rétention foncière.
L’indexation fait partie de l’ADN du Luxembourg, nous en sommes fiers. Il est également facteur de paix sociale.
Elle demande également au gouvernement de prendre «de nouvelles mesures macroprudentielles visant à réguler l’augmentation des prix du logement et son effet inflationniste». À ce sujet, Yuriko Backes a rappelé que «les mesures déjà prises et applicables depuis 2021 commencent à produire leurs effets. Ces mesures n’ont pas vocation à mobiliser des recettes budgétaires à court terme, mais bien à augmenter l’offre en logements», avant d’ajouter qu’«il n’y aura pas de nouvelles mesures pour lutter contre l’inflation immobilière en 2023».
Sortir du mécanisme de l’indexation
L’étude invite parallèlement l’État à revoir sa politique d’aide aux ménages autrement que par l’indexation. Or, le Luxembourg et ses partenaires sociaux y tiennent. «L’indexation fait partie de l’ADN du Luxembourg, nous en sommes fiers. Il est également facteur de paix sociale» a rappelé Yuriko Backes. Franz Fayot a de plus ajouté qu’une révision de ce mécanisme «doit se faire par mer calme, et non en pleine tempête comme actuellement».
Mais l’OCDE critique ce mécanisme, qui selon elle, entretient une inflation sous-jacente. Au Luxembourg, se déclenche automatiquement dès que la moyenne mobile sur six mois de l’inflation est supérieure de 2,5% à son niveau au moment de la dernière indexation.
Une indexation automatique sans tenir compte du contexte peut nuire à la compétitivité du pays.
Dans son étude, l’OCDE indique clairement que ce mécanisme n’est pas la meilleure solution pour compenser la perte en pouvoir d’achat face à l’inflation et cite comme exemple le système utilisé par la Belgique, où le processus de formation des salaires est encadré par une loi dans laquelle sont fixés un plafond de croissance des salaires («norme salariale») et une règle d’indexation.
«Il faudrait évaluer son impact sur la compétitivité, au moment du processus de décision de l’indexation, avec les partenaires sociaux. Une indexation automatique sans tenir compte du contexte peut nuire à la compétitivité du pays», a insisté le secrétaire général de l’OCDE.
«Ce n’est pas le moment»
On l’aura compris, pour l’État, l’heure n’est pas aux réformes. «Ce n’est pas le moment» (répondent en chœur les ministres) pour remplacer l’indexation par une autre forme de bonus, comme ce n’est pas le moment non plus pour une réforme majeure de la fiscalité des particuliers ni pour une réforme du régime des retraites. Or, ce dernier a été largement pointé du doigt par l’étude de l’OCDE. Elle montre, graphique à l’appui (ci-dessous), que le financement des retraites coûterait au Luxembourg l’équivalent de 18% de son PIB en 2070, le plaçant loin derrière l’Allemagne, les Pays-Bas et même la France, en l’absence d’une réforme engagée dès à présent.
L’OCDE indique que prendre des mesures destinées à allonger la vie active contribuerait à améliorer la viabilité de la croissance et des finances publiques. Elle recommande des réformes liant l’âge de la retraite à l’espérance de vie. «Cela permettrait d’éviter que les nouvelles générations ne soient confrontées à une augmentation des impôts et à une diminution de leurs pensions», explique Mathias Cormann. «Nous en sommes conscients et nous suivons cela de très près. Nous réévaluons notre système de pensions tous les cinq ans, la dernière fois c’était en 2021» a répondu Franz Fayot.